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Par Françoise Solliec

Alors que la lutte contre le décrochage scolaire a été déclarée « grande cause régionale 2012 », Jean-Paul Huchon s’est rendu le 2 février dans les locaux de l’AFEV pour saluer l’action de cette association et son appel à signature du Pacte contre l’échec scolaire.

En 20 ans, l’association de la fondation étudiante pour la ville, AFEV, a accompagné plus de 120 000 jeunes dans leur parcours scolaire, affirme Christophe Paris son directeur général. Le système éducatif fonctionne mal, avec beaucoup d’inégalités et de souffrances chez les élèves. De plus, il est extrêmement difficile de trouver une place sociale et professionnelle pour un jeune sans diplôme. C’est en réponse à cette problématique que l’AFEV a lancé un appel à signer le pacte contre l’échec scolaire et a demandé aux candidats à l’élection présidentielle de s’exprimer sur le texte et sur les objectifs.

Même si d’autres facteurs que l’école elle-même entrent en jeu, le système éducatif reproduit aujourd’hui clivages et inégalités sociaux, déclare Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d’Ile-de-France. La région a décidé de consacrer des moyens importants à la grande cause régionale de lutte contre le décrochage scolaire, 14 millions d’euros, en ciblant plusieurs axes d’actions, écoles de la 2ème chance, apprentissage, micro-lycées, actions réussite pour tous, etc. Le président s’est déclaré sensible à l’action de l’AFEV, notamment « aux efforts que vous faites et à la pédagogie active que vous menez ». Estimant qu’en la matière, « il n’y a pas de modèle », le conseil régional est prêt à soutenir des expériences et des formes d’action diverses.

C’est Guillaume Balas, élu régional président du groupe socialiste, qui a proposé à l’assemblée en octobre 2011 de faire de la lutte contre le décrochage une grande cause régionale. Il estime que « le système scolaire est très compliqué à gérer pour la gauche ». Il est sélectif par l’échec et engendre la dépression chez les élèves et les enseignants, explique-t-il. Il faudra une refondation de ce système et c’est une problématique qui sera très présente dans la campagne électorale, notamment avec une question concrète, celle du temps scolaire.

L’assemblée régionale a voté pour des Assises sur la lutte contre l’échec scolaire. Elles auront lieu à l’automne. Elles devraient permettre un travail beaucoup plus coordonné entre les différentes associations et aboutir à la définition d’actions complémentaires, justifiées par des réflexions globale sur les caractéristiques des décrocheurs.

Face aux discours libéraux, conclut Guillaume Balas, il faut refaire de l’élève un projet collectif. Un élève réussit parce qu’il y a autour des enseignants, des parents, des amis, des associations, etc. La collectivité territoriale peut et doit aider à établir une interface entre l’intérieur et l’extérieur de l’école.

Xavier Nau, membre du conseil économique, social et environnemental, CESE, coordinateur du rapport sur les inégalités scolaires, est l’un des premiers signataires du pacte contre l’échec scolaire. Le rapport met notamment deux points en avant, précise-t-il. Le premier concerne l’école primaire pour laquelle il faut consentir des efforts et des moyens importants. Le deuxième porte sur l’éducation prioritaire, qu’il faut travailler en synergie avec la ville. Il faut finaliser le socle commun, déclare-t-il, aller vers plus de mixité et d’hétérogénéité. Les situations de concurrence doivent céder place à des modalités d’accompagnement et l’individualisation doit de concevoir comme un service à une personne au sein d’une collectivité.

Pour Isabelle This Saint-Jean, vice-présidente du conseil régional à l’enseignement supérieur, l’action des tuteurs bénévoles de l’AFEV s’inscrit bien dans une optique de démocratisation de l’enseignement supérieur. Il s’agit en effet de développer des initiatives pour l’aide à la réussite en 1er cycle, de favoriser l’existence de groupes d’étudiants autour d’objectifs communs, en particulier sociaux et culturels. Elle apprécie le fait qu’une bonne moitié des tuteurs voient leur investissement reconnu dans leur cursus et qu’ils soient plutôt moins sujets au décrochage que des camarades moins engagés.