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« Certains pays réussissent à réduire les inégalités ». George Pau-Langevin a clôt le Forum de la démocratisation de l’Ecole sur cette perspective. Juste avant, Christian Forestier avait rappelé que le Cnam est bien un lieu de la démocratisation de l’Ecole. Nathalie Mons, rapporteur de la concertation sur la refondation de l’Ecole, a rappelé que cette question est bien au coeur de la refondation.

« La concertation a été très importante sur la question des inégalités territoriales. Un tabou a été levé : on ne peut plus nier que les contextes de scolarisation ne se valent pas ». Présentant les principales conclusions du rapport final de la concertation sur la refondation de l’Ecole, Nathalie Mons rappelle ses objectifs de justice sociale. Offre scolaire, enseignants, financement : les inégalités se croisent et se renforcent, au point qu’il semble désormais admis que la « discrimination positive » dans les ZEP n’est sans doute qu’un mirage. Ainsi la participation des collectivités territoriales, si vitale pour les établissements, varie de 1 à 2 selon les régions, de 1 à 10 selon les communes. « Rien que pour ce type de constat, la concertation a été utile », estime-t-elle. Le rapport défend l’idée de la suppression de la labellisation « ZEP », au nom de l’effet négatif des seuils et des étiquettes. Il préconise des dotations budgétaires modulables selon l’origine sociale des élèves. Et surtout, pour aider les enseignants des écoles les plus difficiles, formation, temps à dégager, équipes stables sont les pistes à suivre.

Et la mixité sociale ? Pas de retour à la carte scolaire stricte, mais recherche d’un maillage des territoires qui permette de brasser les populations quand c’est possible. Et pour les zones urbaines les plus difficiles, c’est vers la politique de la ville que doivent être cherchées les solutions plus globales, des soutiens plus vifs. Mais une école démocratique, explique l’universitaire, c’est aussi une école qui fait la place pour ses enseignants, pour que l’inventivité soit prise en compte, et non que les réformes soient exclusivement descendantes. « Marcher sur deux pieds, allier les réformes structurelles et le changement dans les têtes » conclut-elle…

A quelques heures de la réponse officielle du gouvernement et du président, La ministre ne peut évoquer le rapport. George Pau-Langevin parle de l’espoir de démocratisation mis dans la refondation de l’Ecole. « Certains pays ont réduit les inégalités à l’Ecole » souligne-t-elle, citant par exemple le cas de la Pologne. Cela ne passe pas que par l’Ecole, il faut aussi s’attaquer à la pauvreté. Ce sont les mots de Jaurès qui concluent le Forum.  » Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre… Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme ».
Marcel Brun et François Jarraud