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Les enseignants de terrain ont-ils des solutions à proposer pour faciliter la démocratisation de l’Ecole ? Le Café pédagogique a sollicité quatre professeurs ayant participé au Forum des enseignants innovants pour illustrer cette question. Si la démocratisation n’est pas soluble dans l’innovation, l’expérience de ces professeurs fait réfléchir…

6 octobre : l’actualité a dépassé les espérances des organisateurs. Le Forum de la démocratisation de l’Ecole est dans l’œil du cyclone, le lendemain de la diffusion du rapport de la concertation, et trois jours avant les annonces de François Hollande sur l’Ecole, prévues à la Sorbonne mardi 9 en présence des ministres Peillon et Pau-Langevin. Sous la houlette de Monique Royer, rédactrice du Café, les femmes sont majoritaires dans la première table-ronde, qui a la mission de donner à voir quatre témoignages d’enseignants « innovants ».

Monique Ducroux, enseignante en maternelle, a créé un blog qui ouvre sa classe à l’environnement. « Je n’étais plus satisfaite du cahier de vie, coûteux et peu efficace. Le blog, largement consulté par les parents et les grands parents, et devenu un moteur d’encouragement pour les activités des élèves ». Autre satisfaction, les commentaires que les parents laissent sur le blog ne sont pas l’apanage des seules familles favorisées. Progressivement, les échanges virtuels développent la confiance mutuelle, amenant les deux autres collègues de l’Ecole à s’y engager aussi. « Certes, la participation des petits élèves à la rédaction du blog était faible, mais j’espère que les élèves de ma nouvelle classe de « grande section » vont pouvoir cette fois mettre la main à la pâte pour les travaux d’écriture ».

Amandine Terrier, enseignante en cycle III dans le Jura, s’est inspirée du projet de Laurence Juin pour inventer une manière de travailler avec Twitter qu’elle juge conforme aux exigences du primaire.Une charte d’utilisation est réalisée : « les enfants ne twittent pas seuls, je vise tous les messages envoyés sur la Toile ». Progressivement, des échanges se sont développés avec des classes de plusieurs continents, qui ont généré nombre d’autres productions d’écrit plus conséquentes, du fait des lecteurs nombreux. « Du coup, ils étaient plus attentifs à la qualité de l’orthographe ou à la syntaxe. ». Un réseau s’est développé sur une plateforme de jeux d’échecs, des liaisons se sont crées avec des classes de collèges qui créaient des programmes de construction sur Géométwitt…

C’est presque malgré elle que Marie Soulie, professeur de collège, s’est lancée dans un projet, lié à la lutte contre les discriminations, dans le but de « briser le mur » entre les élèves issus de la communauté des gens du voyage. « Je n’avais pas fait un projet, ça m’est tombé dessus » lorsque les difficultés des élèves ont rendu le travail difficile dans les classes qui les scolarisaient. Elle saisit la balle au bond lors d’un débat improvisé sur les « différences », entre les jeunes manouches et les autres, et provoque des ateliers d’écriture dans et hors la classe. De fil en aiguille, on met en musique, on monte un storyboard, et soixante-huit élèves sont présents le mercredi après-midi pour la captation des images. On monte un clip vidéo, mais les échanges deviennent vifs lorsqu’on tente de penser à une diffusion… « Faute d’accord des élèves, c’est une fête qui a été organisée, durant laquelle l’émotion est palpable lorsque les familles ont enfin osé franchir la porte de l’établissement »… Cette année, le projet change de dimension avec une véritable « agence de communication » créée dans le cadre d’un atelier qui va travailler à rendre visible toutes les facettes de la mixité scolaire. Moment fort de la matinée, la diffusion du clip dans l’amphi du CNAM rive la salle a ses sièges.

Mahdi Thamene, proviseur à Montluçon, accueille les élèves de seconde en essayant de limiter les ruptures entre le collège et le lycée. « La réforme du lycée a permis des progrès en permettant aux professeurs d’accompagner davantage les élèves » estime-t-il. On explicite les nouvelles exigences des lycées, on met l’accent sur l’accompagnement personnalisé, on fait de la méthodologie, on modifie la manière d’évaluer.

Marcel Brun