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Le tribunal administratif de Toulouse a rejeté le 18 mars la requête d’Alain Refalo pour annulation de sanctions financières. Père fondateur du mouvement des « Désobéisseurs », Alain Refal a subi 27 jours de retrait de salaire pour avoir interprété de façon non orthodoxe l’aide personnalisée mise en place par Xavier Darcos. Aujourd’hui, V. Peillon supprime cette « aide ». Il met en place le nouvel APC qui correspond à ce que faisait Alain Refalo. Il ne reste que la « désobéissance ». Vincent Peillon entend-il la sanctionner ?

Une affaire exemplaire

Quatre ans après le départ de Xavier Darcos, son autoritarisme continue à sévir. Alain Refalo n’est pas le seul à en faire les frais mais son cas est, depuis le début, emblématique. Professeur des écoles, Alain Refalo décide début 2009 de transformer les deux heures d’aide personnalisée en un atelier théâtre. Surtout il fait connaitre les raisons de ce choix pédagogique et affiche sa désobéissance. Aussitôt la hiérarchie lui tombe dessus. IEN puis inspecteur d’académie décident de sanctionner : abaissement d’échelon, refus de promotion et enfin 27 journées de retenue de salaire pour « travail non fait » alors qu’il n’a fait qu’exercer sa liberté pédagogique. Le Conseil supérieur de la Fonction publique reconnaitra d’ailleurs dès 2010 qu’il n’y a pas absence de service mais différend sur l’application de l’aide personnalisée.

Pour en finir avec le caporalisme

« L’enseignant est face à un dilemme : appliquer à la lettre un dispositif imposé (l’aide personnalisée) sachant qu’il est inopportun et inefficace pour les élèves en difficulté ou bien user de sa liberté pédagogique dans le cadre de ce dispositif (situé, faut-il le rappeler, en dehors des heures obligatoires d’enseignement pour les élèves) au risque de se voir reprocher un service non fait pour défaut d’obéissance stricte. La hiérarchie exige des enseignants une obéissance inconditionnelle sans se préoccuper de l’efficacité du travail accompli », écrit Alain Refalo.  » Ma dignité et mon intégrité, c’est d’avoir dit à haute voix ce que je pensais, au nom de la liberté d’opinion garantie aux fonctionnaires, et ceci malgré les rappels au fallacieux devoir de réserve. C’est d’avoir agi et désobéi en conscience pour ne pas être complice de dispositifs pédagogiques contraires à l’éthique de notre métier. C’est d’avoir pris le risque d’être sanctionné au nom d’une certaine idée de la responsabilité dans les missions qui me sont confiées. C’est d’avoir mis en lumière le vrai visage de la haute hiérarchie : l’arrogance, le mépris, l’autoritarisme et surtout l’incompétence ».

Un nouveau management ?

Aujourd’hui Alain Refalo ne fait pas que demander réparation. Il pointe du doigt le risque pour Vincent Peillon de ne rien faire.  » Il n’y aura pas de changement, ni de réelle refondation de l’école, sans une réforme profonde des méthodes de la gouvernance au sein de l’administration de l’Education nationale. Combien d’enseignants se sentent méprisés par leur hiérarchie ? Combien souffrent d’abus de l’administration à leur encontre ? … Il est temps de sortir de la verticalité omniprésente, avec ses injonctions souvent contradictoires, ses pressions multiples, ses contrôles infantilisants qui engendrent soit la soumission (le plus souvent), soit la révolte (parfois), deux attitudes qui ne peuvent servir de norme dans notre métier. Il est temps d’enrayer cette machine à fabriquer de l’obéissance et de la docilité. Il faut introduire de l’horizontalité, de l’autonomie, de la coopération et de la confiance dans les équipes pédagogiques, tout en gardant un cap national ».

Il y a quelques semaines, recevant les IEN et les DASEN à Paris Assas, Vincent Peillon les invitait à convaincre plutot que sanctionner. Peut-être partage-t-il avec Alain Refalo l’idée qu’un changement de management dans l’institution est nécessaire. Ce serait à coup sur un message très clair s’il mettait fin sur ce terrain là aussi aux mauvaises actions de Xavier Darcos.

François Jarraud

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