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Il en a été question plusieurs fois dans l’année, c’est un des grands chantiers de la Refondation de l’école souhaitée par le Ministre Vincent Peillon, ce sont eux qui ont servi de variable d’ajustement pendant des années, voici venu le temps de leur aménager un véritable accueil, dans le respect des spécificités de leur tranche d’âge, de leur rythme puisque le mot est à la mode…


La circulaire

État des lieux :

Fin décembre, la DEPP faisait le point, Linda Ben Ali publie une étude sur les conditions de scolarisation des enfants de 2 ans et leur enjeu en tant que facteur de réussite scolaire.

http://www.education.gouv.fr/cid66583/conditions-de-scolaris[…]

Le centre Alain Savary rédige alors une synthèse de cette analyse :

http://centre-alain-savary.ens-lyon.fr/CAS/education-prioritair[…]

Le texte sur Eduscol :

http://eduscol.education.fr/pid23249-cid66737/la-scolarisation-[…]

Consacré à l’éducation prioritaire, le site de l’OZP compile, archive, recense tout article, anayse, recherche dans ce champs. Un onglet consacré à l’école maternelle à 2 ans et la petite enfance permet d’accéder à toute ressource parue sur le sujet ces dernières années.

OZP et petite enfance

http://www.ozp.fr/spip.php?rubrique287

Mi-janvier, la circulaire est annoncée, l’analyse du café :

Démantelée sous Nicolas Sarkozy, quasiment achevée, la scolarisation dès 2 ans va renaître. Vincent Peillon l’avait promis et le Bulletin officiel du 15 janvier publie la circulaire organisant le déploiement de cet accueil. Le texte fixe le cadre humain, pédagogique et institutionnel de cette renaissance. L’exercice va être difficile. D’une part on est passé de 2000 à 2011 de plus d’un enfant sur trois à un enfant sur dix scolarisé ce qui donne une idée des investissements à faire. D’autre part scolariser un petit enfant est quelque chose de très spécifique. Il va falloir réapprendre…

« La scolarisation d’un enfant avant ses trois ans est une chance pour lui et sa famille lorsqu’elle correspond à ses besoins et se déroule dans des conditions adaptées », explique la circulaire. Plusieurs travaux, en France comme en Europe, ont montré les bienfaits de la scolarisation précoce particulièrement pour les enfants des familles populaires. Ainsi Anne-Marie Gioux, inspectrice générale, y voyait en 2004 un outil pour lutter contre les inégalités. « Elle peut être un facteur de réduction des sources d’échecs pour une partie des enfants, s’ils sont accueillis dans de bonnes conditions avec un vrai projet éducatif et pédagogique où toutes les sections se combinent et s’articulent pour ne pas tronçonner schématiquement l’enfant et les apprentissages en autant d’étapes que de classes d’âge. Réduire les inégalités, c’est ne pas placer trop tôt l’enfant dans un système de compétition, construire sa personne et les éléments de base sur lesquels il sera en sécurité, prendra confiance en lui et élaborera l’image positive du monde et des adultes ». Ce discours nouveau vient après des années de dénigrement de cette scolarisation.

L’héritage. Or l’héritage des deux quinquennats précédents est particulièrement lourd comme l’a récemment établi une étude de la Depp (ministère). D’une part la scolarisation à deux ans a été une variable d’ajustement, des instructions officielles ont invité les recteurs à supprimer les postes en priorité sur ce créneau. On est passé de 218 000 enfanst scolarisés dans le public en 2000 à 72 000 en 2011. L’effondrement a touché très souvent des départements socialement défavorisés. Aujourd’hui c’est dans l’ouest , dans le nord et dans la frange sud du massif central que l’on trouve les taux les plus forts de scolarisation. Si l’académie de Rennes compte encore 33% d’enfants scolarisés (soit deux fois moins qu’en 2000), celle de Créteil peine à atteindre 3% (soit sept fois moins). En Guyane cette scolarisation est quasi absente. En zone Eclair le taux de scolarisation reste inférieur à celui de Rennes (18%). L’effort financier va donc porter en premier sur des communes déjà en situation difficile. Pour l’éducation nationale, après des années de remise en cause de l’école maternelle dans son ensemble, après une évolution qui l’a poussé à ressembler à l’école élémentaire le plus tôt possible, un gros effort de formation est nécessaire comme l’a montré le rapport de Viviane Bouysse et Philippe Claus en 2011.

Qui va bénéficier de ce renouveau ? Impossible d’afficher partout le même taux de scolarisation. L’effort de l’Etat va porter sur les zones défavorisées.  » Cette scolarisation précoce doit donc être développée en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé, que ce soit dans les zones urbaines, rurales et de montagne ainsi que dans les départements et régions d’outre-mer », affirme la circulaire.

Quelle organisation ? La circulaire prévoir trois modalités d’accueil. D’abord dans une classe d’une école maternelle. Il faudra une salle spécifique avec une aide Atsem en « présence régulière » avec du matériel adapté. Seconde possibilité un accueil dans des classes de maternelle comportant plusieurs niveaux. La circulaire estime que c’est moins favorable pour les enfants. Troisième solution, particulièrement nouvelle, un accueil mixte associant service municipal de la petite enfance et école maternelle. Cette proposition s’appuie sur l’expérience de Limoges , décrite et recommandée dans le rapport Buysse Claus.

Quelle pédagogie ? La circulaire invite à développer une pédagogie spécifique. « Parce qu’elle concerne des « tout-petits » ayant des besoins spécifiques, cette scolarisation requiert une organisation des activités et du lieu de vie qui se distinguent nettement de ce qui existe dans les autres classes de l’école maternelle. Elle nécessite donc un projet particulier, inscrit dans le projet d’école… Les horaires d’entrée et de sortie le matin et l’après-midi peuvent être assouplis par rapport à ceux des autres classes, en conservant toutefois un temps significatif de présence de chaque enfant selon une organisation régulière, négociée avec les parents qui s’engagent à la respecter ». Le texte insiste sur l’importance des relations avec les familles :  » Établir une relation de confiance avec les familles est essentiel pour permettre à l’enfant de grandir sereinement entre école et maison. Une attention particulière doit donc être portée à la relation aux parents d’élèves ». Elle invite à se rapprocher des autres services de la petite enfance.  » La scolarisation des enfants avant trois ans se conçoit en complémentarité des autres services de petite enfance gérés principalement par les collectivités territoriales. Tous les enfants ne sont pas en mesure d’assumer les contraintes propres à une scolarité, même adaptée : une concertation est nécessaire pour déterminer le moment opportun pour scolariser chacun. C’est pourquoi il est utile de mettre en place une structure locale permettant aux familles d’échanger avec les personnels de ces services, les enseignants de maternelle, etc., afin que leur soient proposées des solutions adaptées, avec des possibilités de passage d’une structure à l’autre ».

Un effort de formation en perspective. Aussi la circulaire veut mobiliser à tous les niveaux pour impulser des formations. « Les enseignants qui exercent dans ces structures reçoivent une formation dont certaines actions peuvent être communes avec les personnels des collectivités territoriales. Ces formations concernent l’ensemble des membres de l’équipe d’école pour maîtriser les connaissances et compétences spécifiques à la scolarisation des moins de trois ans. Les formateurs, et notamment les conseillers pédagogiques des circonscriptions concernées par ces dispositifs, suivront une formation adaptée au niveau départemental ou académique pour faciliter l’accompagnement des équipes dans la définition et la mise en œuvre de leur projet. Une série de séminaires interacadémiques, inscrits dans le programme national de formation, rassemblera, dans le courant du premier semestre 2013, les cadres académiques et les IEN chargés de mission maternelle ».

Une nouvelle gestion. Enfin le texte prévoit une véritable rupture avec les ministères précédents. « Dans les écoles qui les scolarisent, les enfants de moins de trois ans sont comptabilisés dans les prévisions d’effectifs de rentrée ». L’époque où la scolarisation à 2 ans était une variable pour dégager des effectifs devrait être terminée.

Reste que le défi est de taille. Il s’agit de redéployer une école qui était en voie d’extinction. Il va falloir en même temps trouver des maîtres, former à tous les niveaux, diffuser de nouvelles pratiques, apprendre aux enseignants à communiquer avec les parents et convaincre les municipalités les moins riches de France de créer des emplois d’Atsem et d’ouvrir des locaux. Si le mot refondation a un sens c’est bien pour les 2-3 ans.

François Jarraud

2013 Le prioritaire non prioritaire

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/01/030120[…]

Rapport Bouysse Claus

http://media.education.gouv.fr/file/2011/54/5/2011-108-IGE[…]

B. Suchaut en 2008

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Page[…]

Dossier de 2008

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2008/Maternelle.aspx


Le point de vue des mouvements pédagogiques et associations liées à la petite enfance

Les recommandations de l’Ageem

« L’Association des enseignants de l’école maternelle (Ageem) a toujours été pour la scolarisation dès 2 ans « , nous dit Isabelle Racoffier, sa présidente. « Mais pas à n’importe quelle condition ». Pour l’Ageem, il est indispensable de former les enseignants. « Cette scolarisation nécessite obligatoirement une formation exigeante des enseignants (théorique et pratique) intégrant une très bonne connaissance du développement et des besoins de l’enfant : hygiène, rythme, nombre d’enfant dans la classe… et la connaissance de moyens de médiations spécifiques ».

Or pour elle ces dernières année son a plutôt désappris. « Les programmes de 2008 mettent la charrue avant les boeufs en privilégiant l’expression orale avant le développement sensoriel. IL faut au contraire s’appuyer sur le sensoriel, l’illustrer avec de l’imaginaire pour arriver au langage ». Pour I Racoffier, il faut s’appuyer sur les instructions de 1977 qui s’intéressaient au « comment » avant d’aller à l’objectif et qui proposent de vrais fondamentaux.

L’Ageem propose dès maintenant une brochure qui revient sur le « comment » et aide la scolarisation des enfants de mois de 3 ans. « Pourquoi ? Comment ? »

Les carnets de l’AGEEM

http://ageem.fr/?Les-carnets

CD-ROM thématique Petite Section

http://ageem.fr/?Nos-cederoms-thematiques

Et celles de l’Observatoire de l’Enfance: Il faut mutualiser les savoirs perdus

Professeur des écoles, présidente de l’Observatoire de l’enfance, Nicole Geneix est aujourd’hui à la direction de l’éducation de la ville d’Istres. Elle est également l’auteur du pré-rapport pour l’Unesco « les pédagogies de la petite enfance » et du livre « Et si on aimait enfin l’école ! ». Spécialiste de la maternelle et du primaire, elle souligne les défis posés par les deux décisions ministérielles sur la scolarisation des enfants de moins de trois ans et le plus de maitres que de classes.

Le ministère relance la scolarisation à deux ans. Peut-on dire que celle-ci est bénéfique pour les enfants ?

C’est vrai que ces dernières années le sujet a fait polémique et on a surtout entendu des positions extrèmes. Le débat est d’ailleurs resté théorique car pendant toutes ces années où le taux de scolarisation a baissé il n’y a pas eu d’alternative à la scolarisation en maternelle. Les enfants de moins de trois ans sont restés à la charge des familles. Les familles populaires n’ont généralement pas pu payer d’assistante maternelle et la baisse de la scolarisation s’est traduite par la garde à la maison par les mères. C’est un problème.

L’école maternelle est-elle un lieu approprié pour accueillir ces enfants ?

Ce n’est pas certain pour tous les enfants. A deux ans et demi certains ne sont pas prêts à accepter les contraintes du groupe et des horaires. De plus, dans le contexte des fermetures de ces dernières années, des savoirs professionnels se sont perdus au fur et à mesure que les enseignants disparaissaient en même temps que les formations d’ailleurs. On a des départements où une longue tradition s’est maintenue avec des pratiques adaptées, par exemple dans l’ouest ou le nord. Et d’autres où les ressources humaines ont diminué, je pense au 93 par exemple. Il y a des communes où ces savoir faire se sont maintenus ainsi que des moyens particuliers : des atsem supplémentaires, un service de cantine supplémentaire. Et d’autres où tout cela n’existe plus.

La prise en charge d’enfants aussi petits demande des savoir faire particuliers. Je suis favorable à ce développement de la scolarisation avant trois ans dans les zones prioritaires. Mais à condition d’être très exigeant sur la mise en oeuvre. Il faut des enseignants qui aient envie, des partenariats avec les familles exigeants. C’est le premier contact de l’enfant avec un lieu collectif. C’est donc très important.

La circulaire envisage une collaboration avec les services municipaux de l’enfance. Est-ce une bonne idée ?

Si on délimite bien le territoire de chacun c’est très bien. La collaboration entre enseignants et personnels de la petite enfance peut apporter beaucoup. Mais ce n’est pas une circulaire qui va changer l’école. Dans les territoires où on cherchera cette jonction il faudra que les enseignants soient très épaulés. Il faudra aussi que les collectivités locales mettent des moyens, par exemple une atsem par classe. Or aujourd’hui on est loin de ce taux.

Peut-on s’appuyer sur des expériences ?

On les a laissé de côté ces dernières années. Mais il y a eu l’expérience des classes passerelles de Roubaix par exemple. On avait su trouver des modalités d’accueil des familles pour qu’ils puissent apprivoiser l’école. Les classes accueillaient des atsem et des éducateurs de jeunes enfants. Ces savoirs se sont perdus. Pour réamorcer la scolarisation à 2 ans il va falloir les retrouver et les mutualiser. Il est urgent de recenser et valoriser ce qui existe sur le terrain. Il va falloir aussi relancer la recherche universitaire.

C’est quelque chose que l’Éducation nationale sait faire ?

Le dernier rapport de l’Inspection montre qu’il faut changer. Pour cela il faut une véritable politique de formation et un vrai effort de recherche. A la base il va falloir travailler auprès des familles pour qu’elles aient confiance dans l’Ecole. C’est à ce prix que l’Ecol epeut être porteuse d’espoir.

Propos recueillis par François Jarraud

Sur le Café, « Et si on aimait enfin l’école »

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/01/10[…]

L’observatoire de l’enfance

http://www.observatoiredelenfance.org/

Pour le GFEN, il faut rapprocher enseignants et professionnels de la petite enfance

Mouvement de recherche et de formation en éducation, le GFEN a beaucoup travaillé sur la maternelle et son évolution. Conseillère pédagogique, formatrice au GFEN, Sylvie Chevillard présente quelques conditions pour une véritable relance de la scolarisation précoce.

A la lecture de cette circulaire sur la scolarisation des moins de 3 ans, voici quelques pistes s’appuyant sur les travaux universitaires et ma pratique de formateur :

– pour la formation des enseignants, il est impératif que les enseignants aient des connaissances sur le développement du jeune enfant et sur les métiers de la petite enfance afin de pouvoir exercer leur métier et adapter les apprentissages aux exigences et besoins d’un jeune enfant. Il y a donc nécessité de prendre en compte les parents en tant que premiers éducateurs de leur enfant, quelque soi leur situation sociale et culturelle.

– pour l’accueil des moins de trois ans (voir même trois ans et plus) je milite pour une présence conjointe et complémentaire d’une enseignante et d’une éducatrice de jeunes enfants, qui ont un regard croisé sur l’enfant et ses parents, du fait de leur formation respective. (Exemple des dispositifs « Passerelle »° des deux ans). Dans des classes multi-âge, l’organisation de la classe doit permettre du « tutorat » entre les plus grands et les plus petits, ce qui facilite grandement pour ces derniers le « devenir élève », dans des temps de coopération et d’autres spécifiques aux apprentissages liés au grandir.

– Concernant les apprentissages scolaires des moins de 3 ans, il est impératif de travailler la séparation d’avec le milieu d’origine en même temps que d’installer un milieu sécurisant pour les enfants, dans lequel les adultes sont bienveillants, proposants, encourageants… et utiliseront le langage pour accompagner toutes les situations proposées.

– Il me semble incontournable de travailler avec les autres professionnels de la petite enfance dans le cadre du service public, et avec des associations (selon les cas) sous forme de convention afin d’offrir aux enfants et aux parents une continuité de l’accueil (ce qui ne supprime pas les ruptures – nécessaires pour grandir) et aux professionnels des cadres pour se rencontrer, travailler ensemble sur des problématiques spécifiques concernant ce type de public.

Sylvie Chevillard, formatrice, GFEN, Paris 8

Propos recueillis par Isabelle Lardon

Ndlr : Les actions ou dispositifs « Passerelle » datent d’un protocole de 1990 (Lionel Jospin ministre) définissant un partenariat entre différentes institutions de la Petite enfance pour faciliter une médiation pour entrer à l’école maternelle. Une ressource pourtant peu exploitée, malgré l’efficacité démontrée.

Le secteur maternelle du GFEN

http://www.gfen.asso.fr/fr/les_activites_du_secteur_maternelle


Fin de l’année, préparatifs de rentrée…

La scolarisation avant 3 ans, une solution pour la réussite scolaire ?

En visite à La Réunion, George Pau Langevin a rencontré le 14 juin la « classe passerelle » de l’école annexe Eugène Dayot de la commune du Port. Pour la ministre, « cet exemple doit être relayé pour voir si ailleurs il peut être dupliqué, évidemment dans le respect des spécificités ».

« Une découverte de l’école au rythme de l’enfant », c’est, pour Kathy Lauret-Lucilly, la caractéristique de sa classe. Ici on s’adapte aux rythmes des enfants. Durant les deux premières périodes de l’année, l’enfant est accueilli en classe avec son parent durant deux heures. Il découvre l’école, s’amuse, fait des ateliers toujours en compagnie de son parent. Puis, au fur et à mesure de l’année, enfant et parent restent toute la matinée. Enfin les parents quittent progressivement la classe, pour ne revenir qu’une matinée par semaine. Cela permet de faciliter la séparation entre parents et enfants et aussi de faire entrer les parents dans l’univers de l’école.

Un projet tri-partite

Pour Jean-Paul Burkic, IEN de circonscription, ce dispositif est une réponse aux problèmes importants au niveau langagier mais aussi aux difficultés éducatives des élèves en petite section. Dans ce quartier défavorisé, le projet est développé en partenariat entre l’Education Nationale, la commune et la CAF. Ainsi, la mairie met à disposition une ATSEM titulaire d’un CAP petite enfance, et la CAF une éducatrice de jeunes enfants.

Autre priorité du dispositif, l’éducation à la parentalité

Quelques heures après la visite de l’école Eugène Dayot, lors de la réunion du groupe académique de pilotage de l’éducation prioritaire, la ministre a évoqué la classe passerelle et le témoignage de Maëlle, Maman de Kelsy, qui avait bénéficié du dispositif l’année dernière. « Il faut associer les parents, qu’ils se sentent reconnus et considérés comme des acteurs essentiels de la réussite de leur enfant », dit la ministre. Kathy Lauret Lucilly partage son expérience d’enseignante. « Au début, quand on m’a dit qu’il y aurait des parents dans la classe, j’étais un peu réticente ». Mais au fur et à mesure des activités de groupe, l’enfant et son parent se sont mis à jouer ensemble, à prendre le temps d’être ensemble, à se découvrir ou se redécouvrir… « Avant, l’après midi à la maison, j’avais l’habitude de regarder le feuilleton quotidien, désormais, le feuilleton, je l’écris avec ma fille tous les jours », déclare, ravie, Maëlle.

L’école devient un lieu de vie

« Ici, ce sont les mamans qui pleurent », nous précise K. Lauret-Lucilly. L’école est devenue un lieu de vie, et les chiffres en attestent. A l’issue de l’année scolaire 2011-2012, 16 enfants sur les 18 de la classe passerelle sont entrés en petite section de maternelle. L’année d’après, 14 sur 17. Le taux de fréquentation est élevé : de 82% à 90% de 2010 à 2012. Autre point, en petite section, ces enfants sont devenus les éléments moteurs du groupe. Plus de problème de séparation avec les parents ou de cohabitation avec les autres enfants, qui eux-mêmes se calquent sur les anciens de la classe passerelle.

Une nécessaire prise en compte du créole et du bilinguisme

Pour K. Lauret-Lucilly, l’enseignante de la classe passerelle, qui détient une habilitation langue créole, « c’est un besoin de parler créole avec l’enfant ». Cela permet à l’élève d’avoir des outils pour le français et de faciliter la construction du langage. Pourquoi ne pas imaginer la même démarche dans d’autres lieux, où la prise en compte de la langue maternelle est également un besoin pour l’enfant ? La langue maternelle doit être prise en compte, souligne la ministre.

Par Antoine Maurice

Du côté des professionnel-le-s : Maternelle : La première rentrée, …pour ne pas la rater !

Le mois de juin en maternelle, c’est aussi les préparatifs pour accueillir au mieux les futurs nouveaux élèves de septembre. Des actions « passerelles » sont souvent mises en place avec les structures de l’accueil de la petite enfance, des matinées parcours découverte, il y a de multiples formes pour « marquer ce passage » et appréhender la rentrée de la façon la plus sereine possible, pour les touts petits mais aussi pour leurs parents…

Sylvie Maillard, IMF à Lyon, propose sur son blog un billet illustré de photos où elle raconte comment s’organise cette rencontre, en y associant ses élèves tel un projet de classe qui les fait accéder eux au statut de « grands ». Sont décrits les différents « moments » qui s’écoulent dans une matinée type à la maternelle, y sont découverts tous les espaces qui peuvent générer de l’appréhension (la cour, les toilettes…) et tout est mis en oeuvre pour donner envie et rassurer. De quoi se construire de bons souvenirs, à se remémorer tout l’été, en attendant… le jour J de la première rentrée.

Matinée découverte sur le blog de Sylvie Maillard

Du côté de la recherche…

Plus fort que le bac, l’entrée à l’école maternelle

Rachel Gasparini, maître de conférences en sociologie à l’Université de Lyon publie un article dans lequel elle démontre que l’entrée à l’école maternelle constitue un nouveau rite symbolique de notre société moderne. Cet article s’appuie sur une recherche menée sur 3 ans et la diversité des réactions parentales y est annalysée. Le propos rejoint celui d’Agnès Florin: l’important pour l’entrée réussie d’un enfant en maternelle réside dans l’attachement sécurisant aux adultes. Attachement qui aura pu se construire indifféremment par l’intermédiaire d’un mode de garde individuel comme dans le cadre d’une structure collective.

Cet article met en exergue un point important, parmi les invisibles de nos gestes professionnels : pour réussir l’entrée du petit enfant à l’école, il faut avant tout penser à accueillir son/ses parent-s, dans ce qu’il-s est/sont, avec leur confiance dans leur propre norme éducative (ou pas), avec leur appréhension de l’école, du service public…

L’article se conclut sur un appel aux professionnels à veiller à ne pas « substantialiser l’explication des difficultés d’un enfant » : un individu est le produit de multiples contextes et influences, prenons garde à ne pas le réduire à la catégorie socioprofessionnelle de son/ses parents… sinon il y a fort à parier que ce seront encore les parents et les enfants des milieux populaires qui trinqueront.

A lire, pour garder le cap et la clairvoyance sur ce que génèrent nos propres attitudes.

L’article : L’entrée en maternelle, le rituel du premier jour.

http://socio-logos.revues.org/2763

Du côté des ressources : Un dossier sur le site de l’IA du Val de Marne, un autre sur celui de l’IA de Loire-Atlantique

Pour accueillir avec bienveillance, maîtriser les enjeux d’une scolarisation réussie du tout petit, connaître les besoins fondamentaux du jeune enfant (et les respecter), penser l’aménagement de sa classe ; le partenariat avec les structures de la petite enfance, le rythme de ses journées et en plus avoir des billes sur le plan pédagogique. Un vade-mecum à garder à porter de main, dans le sac de plage ou tout près du cahier-journal que vous êtes déjà en train de penser pour l’an prochain.

Dossier pédagogique de la Mission maternelle du Val de Marne sur la scolarisation des moins de 3 ans.

http://t.co/NPCLBLCXur

La lettre trimestrielle maternelle de l’IA du 44 est entièrement dédiée à cette question de la première scolarisation, à feuilleter pour un écho des pratiques de classes et des pistes du côté de la recherche. En supplément un document « Repères pour élaborer un projet d’accueil »

http://www.ia44.ac-nantes.fr/1372927798801/0/fiche___actual[…]

http://www.ia44.ac-nantes.fr/1372085634525/0/fiche___actual[…]