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Par Norbert Troufflard

La circulaire de rentrée

La circulaire de rentrée annonce le début d’un commencement de changement En apparence rien de plus traditionnel qu’une circulaire de rentrée. Combien de « progressivement », de « s’attacher à », de « maintenu » ? Même en pleine refondation, le texte reflète la continuité de l’administration française. On y lit un texte mièvre, des phrases prudentes, une retenue constante, un vrai exercice de rédacteur officiel qui tourne cent fois son stylo avant d’écrire un mot. La circulaire de rentrée qui sera publiée au Bulletin officiel de ce 11 avril ressemble aux précédentes. Pourtant c’est la première circulaire de rentrée de Vincent Peillon. Et elle amorce la refondation mais au rythme du quinquennat. Les changements sont donc modestes : l’arrivée du plus de maîtres que de classes, des conseils école collège et d’un nouveau LPC. Pour le reste il faudra attendre 2015…

Priorité au primaire

Dès la rentrée, une partie des 3 000 équivalents temps plein crées à la rentrée au primaire, vont aller au « plus de maitres que de classes ». Ce dispositif doit permettre de nouvelles approches pédagogiques pour faire reculer l’échec scolaire. Une autre partie des nouveaux postes ira à l’accueil des enfants de moins de 3 ans dans les zones socialement défavorisées. Les enseignants du primaire devront mettre en place l’APC à la place de l’aide actuelle. Ils visent soit à aider des enfants en difficulté soit à les accompagner dans leur travail soit encore à proposer « toute activité en rapport avec le projet d’école ». De nouvelles évaluations sont annoncées en lieu et place des évaluations nationales actuelles. Elles seront déterminée spar le futur Conseil supérieur des programmes. Les enseignants bénéficieront de 9 heures de formation continue, en très grande partie à distance en libre service. Voilà pour les nouveautés de ce secteur prioritaire. Par contre il faudra probablement attendre 2015 pour voir les nouveaux programmes du primaire. Le futur Conseil supérieur des programmes réécrira de nouveaux textes. Jusque là les enseignants utiliseront les programmes actuels.

Collège

Dans l’attente de la réforme Le ministère veut faire fin 2013 le bilan du collège actuel avant toute réforme. Par conséquent rien ne pourra bouger en profondeur avant 2015.

L’année prochaine les changements sont donc minimes. Le principal c’est l’arrivée de 3 770 emplois supplémentaires dans le secondaire, partagés avec les lycées. L’autre réforme structurelle importante c’est la suppression des DIMA pour les élèves âgés de moins de 15 ans. Le collège sera marqué par la mise en place des conseils école collège, « à vocation pédagogique ». Elle se fera « progressivement » : autant dire que le ministère anticipe sur des résistances locales. De même, l’évaluation de 5ème sera poursuivie « pour les collèges qui le souhaitent ». La circulaire annonce pour la rentrée un livret personnel de compétences simplifié. Le parcours d’information, d’orientation et de découverte du monde contemporain et professionnel sera « progressivement construit » dès la rentrée 2013. Le diplôme du brevet reste inchangé.

Lycée

Pour le changement il faudra attendre La circulaire dit peu de choses du lycée. On sait juste qu’un bilan sera fait de la réforme Chatel fin 2013. Il ne faut donc pas s’attendre à des changements importants avant 2015. Le ministère va continuer la mise en place de la réforme en STMG et ST2S. Les lycées professionnels pourront s’appuyer sur une carte des formations négociée avec la région qui va donc s’affirmer davantage. Enfin la circulaire prévoit des quotas d’accès pour les bacheliers professionnels et technologiques en STS et IUT. Mais ce sera des quotas académiques. Par conséquent il faut s’attendre à une très grande prudence dans son application… En attendant un pas supplémentaire, la circulaire invite les enseignants à utiliser l’horaire d’accompagnement personnalisé pour préparer les élèves au supérieur. Elle demande aussi l’ouverture d’un « campus des métiers » dans chaque académie regroupant tous les acteurs dans un « partenariat renforcé ».

Prioritaire

Comment étrangler les internats d’excellence ? La circulaire fixe la lutte contre le décrochage comme un objectif principal dès 2013. Elle annonce la mise en place de réseaux FOQUALE chargés de fédérer l’offre éducation nationale que l’on peut proposer aux décrocheurs. Un référent décrochage sera désigné dans chaque établissement connaissant un fort taux d’absentéisme. La circulaire annonce une énième « relance de l’éducation prioritaire » avec des « assises » à l’automne 2013. Mais il y a peu de décisions concrètes par exemple sur la carte scolaire. Le point le plus important c’est finalement la façon dont le ministère s’y prend pour faire disparaître les internats d’excellence. Ces couteux joyaux sarkoziens perdurent mais dans le cadre d’une réforme globale des internats ils devront rédiger un nouveau projet pédagogique et intégrer les normes communes graduellement. C’est une véritable « digestion » de ces dispositifs qui s’annonce. La circulaire annonce aussi la création « d’internats relais » chargés d’accueillir des élèves en froid avec l’école à l’image des classes relais.

Du côté des parents

Nous voilà donc sur les questions d’orientation. Si les parents des bacheliers professionnels ont peu de chance de voir leur enfant acquérir un droit d’entrée en STS, tous les parents voient-ils leurs droits avancer ? Le texte de la loi de refondation issu de la commission accordait le dernier mot en matière d’orientation aux parents. Cet article a été totalement réécrit en séance et ce droit s’est envolé au terme d’un magnifique consensus droite – gauche. La circulaire de rentrée promet juste une expérimentation dans quelques académies. Alors la circulaire a beau souhaiter « renforcer le lien entre l’Ecole et les familles », on a du mal à la croire. Elle annonce l’ouverture « d’espaces parents » dans les établissements/ Mais à condition que les collectivités locales disposent des locaux nécessaires. De son coté, le ministère ne se prive pas pour modifier les critères d’orientation là où la concurrence s’est installée. La circulaire annonce que les demandes de dérogation « pour parcours scolaire particulier » seront traitées en dernier, sans affecter les parcours pédagogiques déjà entamés. Le ministère pense ainsi diminuer les dérogations qui ne sont motivées que par la recherche de la performance ou de l’entre soi.

De nouvelles logiques de gestion ?

Vincent Peillon va-t-il mettre à mal la gestion mise en place par Chatel ? Non. Le système des contrats académiques et de la gestion décentralisée est validé dans la circulaire. Il y a deux modifications importantes. D’une part au niveau des établissements des contrats tripartites rectorat- établissement – région pourront être signés ce qui ouvre un boulevard aux régions. D’autre part on a vu des quotas académiques intervenir dans l’orientation. Alternance politique ou pas, cette circulaire de rentrée témoigne de la continuité administrative plus que de la rupture.

La circulaire

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« Mon industrie »

Un site pour découvrir l’industrie de manière ludique

« Mon industrie » est un nouveau site pour faire découvrir la véritable image de l’industrie et mieux la faire connaître dans sa réalité et sa diversité. L’industrie touche à tous les secteurs de l’économie et les jeunes peuvent y trouver leur place, quel que soit leur niveau de formation. Ce site est proposé par l’Onisep dans le cadre de la stratégie pour le numérique à l’École.

le site

http://www.education.gouv.fr/cid70749/-mon-industrie-un-site-pou[…]

Réussir ses (premiers) cours… et les suivants

Comment faire cours au quotidien ? Comment obtenir la discipline en classe ? Evaluer efficacement ? Organiser son travail ? L’ouvrage « Réussir ses premiers cours » n’est pas un « kit de survie » qui vous dit ce qu’il faut faire à tout moment. C’est un compagnon qui vous offre 240 pages de conseils pratiques et les moyens de les dépasser. Pour son auteur, Jean-Michel Zakhartchouk, un enseignant très expérimenté et inventif, cet ouvrage est un appui pour penser et construire sa pratique. Parce que les professeurs en apprennent tous les jours, ce véritable guide du professeur débutant aidera également les enseignants chevronnés. Edité par ESF avec le Café pédagogique, il s’adresse prioritairement aux enseignants du secondaire. Mais nous le recommandons chaudement à tous nos lecteurs.

Le livre est très riche en exemples, en cas concrets. Il est sans doute le fruit de toute une carrière d’enseignant. S’adresse t il aux seuls nouveaux enseignants ? Est-il lié au fait que la formation professionnelle des enseignants a été largement amputée ?

On aurait pu compléter le titre : « Réussir ses premiers cours …et les suivants ». Il ne s’agit nullement du soi-disant kit de survie qui permettrait de « s’en sortir » pour qu’ensuite s’installent les routines. J’avais écrit précédemment un ouvrage « enseigner, un métier à réinventer » et d’une certaine façon, notre métier est à réinventer tous les jours. Donc, le livre s’adresse à tous ceux qui pensent qu’on ne fera pas que « reproduire » un modèle …jusqu’à la retraite. Précisons aussi que ce que je propose n’est pas seulement le fruit de mon expérience d’enseignant, mais aussi de celle de formateur et de militant des Cahiers pédagogiques, qui à ce double titre a pu recueillir des idées, des suggestions issues de multiples pratiques un peu partout depuis de longues années. J’écris ceci au moment où, hélas, la formation continue est détruite et où d’ailleurs à titre personnel, dans mon académie d’Amiens, on m’enlève les quelques heures de décharge de service qui m’étaient accordées pour cette formation depuis plus de 25 ans…

Lisez la suite de l’entretien

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/06/21Reussirses[…]

Le Guide du web pédagogique

Pourquoi faire un Guide du web ? Ce guide s’adresse aux enseignants, avec une pensée particulière aux enseignants débutants. Pour votre discipline ou votre niveau, il signale les sites vraiment incontournables, ceux que le débutant et le professeur expérimenté doivent visiter régulièrement. A cela s’ajoutent des « coups de coeur », des sites qui nous ont fait plaisir sans pour autant devenir des lieux indispensables.

Le guide des indispensables en sti

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2013/indis2013_STI.aspx

L’administration face à la souffrance des professeurs de STI2D

Il y a des documents que l’éducation nationale ne veut pas voir circuler. C’est le cas de la « synthèse de témoignages d’enseignants de STI2D » réalisée par le CHSCTA de Nancy-Metz. Il met crûment l’administration face à un très haut niveau de souffrance au travail d’enseignants qui se retrouvent brutalement déqualifiés et précarisés. Alors que les procédures de mutation vont être lancées, le stress est au plus haut. Le rectorat affirme faire ce qu’il peut dans les contraintes budgétaires actuelles. La rue de Grenelle se tait.

« Lors de cette année de souffrance en technologie au collège, Madame X, chargée de mission est venue m’inspecter. Je lui ai clairement dit que j’espérais trouver la force de me mettre en disponibilité pour pouvoir échapper au suicide. Comme elle a fait mine de ne pas m’entendre, je lui ai répété la chose. Le résultat de cette super inspection, fût un rapport tout à fait anodin et une nomination, dès avant la rentrée de septembre 2012 au collège de XX. Cela dit, mes propos n’étaient pas du vent et j’ai effectivement demandé une mise en disponibilité. Je suis aujourd’hui sans ressources, essayant de subsister par le biais d’une auto-entreprise de maintenance informatique à domicile qui m’a, pour l’instant, rapporté le chiffre d’affaire faramineux de 260€ ! ». C’est un des témoignages réunis par le Comité d’hygiène et de sécurité de l’académie de Nancy-Metz au terme d’une enquête auprès de 471 enseignants de STI sur les 521 que compte l’académie.

Des enseignants déqualifiés

Quel contraste avec le lancement de cette réforme à la rentrée 2011. Luc Chatel lui-même s’était déplacé dans un des plus prestigieux lycées parisiens pour vanter une réforme qui devait sauver cette filière technologique. La réforme supprime une quarantaine de spécialités dans lesquelles les enseignants sont de vraies « pointures » pour une filière unique avec des enseignements moins spécialisés reprenant plusieurs spécialités. En même temps les pratiques pédagogiques changent. On passe de la machine à l’ordinateur, de la fabrication à la simulation informatique, du bleu à la blouse blanche. L’enseignement transmissif est remplacé par une démarche d’investigation qui suppose chez les élèves une attitude active et des méthodes de travail. Il y a à la fois réforme des programmes et des méthodes.

Du jour au lendemain, des enseignants hyper spécialisés, qui arrivaient à asseoir leur autorité dans cette filière technologique par leur haut niveau de compétence se retrouvent totalement déqualifiés alors même que la nouvelle carte des formations fait valser les postes.  » Comment faire si nous devons enseigner des domaines que nous ne connaissons pas ? Comment être performant sans formation ? Comment maîtriser un autre domaine avec trois heures de formation bimensuelles durant deux ans !! Ceci n’est pas acceptable !! », écrit un enseignant. « On demande à l’enseignant d’appliquer une réforme qui va modifier le contenu à enseigner d’une manière très importante, et l’institution prévoit logiquement en même temps de modifier les méthodes pédagogiques en installant de nouvelles notions telles la transversalité, la spécialité et la notion de projet », poursuit un autre. « C’est pour cela que pour l’enseignant déjà bien affaibli, nous allons lui imposer avec violence un changement de statut pour l’obliger à s’adapter plus rapidement en augmentant sa précarité et son sentiment d’inadapté… L’argument du changement inévitable sous peine de disparaître nous est rappelé comme un message biblique pour nous motiver et justifie toutes les violences manageriales ».

Enseignants zombies

« Les gens deviennent de vrais zombies », nous confie Thierry Valette, élu Sgen Cfdt au CHSCT de Nancy-Metz. Il estime que son académie compte une cinquantaine d’enseignants en grande souffrance. La réforme oblige les professeurs de STI soit à se reconvertir vers STI2D soit à chercher un reclassement vers la technologie au collège ou une autre discipline. Dans le premier cas la formation à distance est jugée très insuffisante. Dans le second, le passage d’étudiants de BTS à des collégiens est souvent mal vécu.

Minimiser le problème

« Je suis actuellement en mode survie comme beaucoup je pense, me préoccuper de mon efficacité je ne puis, je cherche juste à ne pas disparaître d’épuisement… », témoigne un autre enseignant. « Suis actuellement en arrêt depuis septembre. La STI2D en est la cause profonde. Psychologiquement, je ne suis pas bien (peur d’être à la ramasse devant les élèves) ».

Doyen des IPR et inspecteur de STI, Laurent Brault rappelle que « toute réforme entraine des difficultés ». Il assure que le DRH de l’académie suit de près le dossier et qu’il y a « une grande écoute » mais « qu’il est difficile de suivre 580 enseignants ». Il écarte la peur suscitée par le mouvement et le recrutement sur postes fléchés en STI2D. L’académie aurait prévu 40 à 50 postes en appui pour des enseignants en difficulté en fin de carrière mais à condition qu’ils optent pour STI2D.

« L’administration a acquis qu’il y a un problème », estime T Valette. « Mais elle minimise les difficultés ». Le syndicat demande une véritable formation en présentiel. Et des garanties pour le mouvement des anciens professeurs de STI.

Un article du Cafepedagogique

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2012/2012Presid26.aspx