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Alors que les résultats du capes montrent un nouveau déficit de recrutement des professeurs de maths, le Bilan social du ministère et les analystes du CFEM tirent la sonnette d’alarme : le pire est à venir !

Depuis plusieurs années le recrutement des professeurs de mathématiques illustre la crise de recrutement globale de l’éducation nationale. Qu’on se rappelle : en 2012 il n’y a eu que 652 reçus pour 950 postes et au final, comme certains avaient aussi passé l’agrégation, 577 postes seulement ont été pourvus. En 2013 on a compté 818 reçus pour 1210 postes. Au dernier capes exceptionnel de 2014, 793 candidats ont été reçus pour 1592 postes. Ainsi l’éducation nationale n’arrive pas à trouver le nombre de professeurs de maths dont elle a besoin.

Dans un communiqué, la Commission française pour l’enseignement des mathématiques (CFEM) trouve plusieurs explications à ce phénomène. Elle évoque d’abord les « fluctuations de très grande ampleur » dans les politiques de recrutement. « Les résultats d’une telle politique sont très néfastes de plusieurs points de vue. Ces conditions créent un corps enseignant dont la démographie n’est pas stationnaire, et qui subit donc des coups d’accordéon suivant les cohortes partant en retraite. Elles soumettent le système de formation des enseignants à des contraintes qui rendent difficile un bon fonctionnement : suivant les années, on constate un trop plein de candidats, avec un fort taux d’échec et un gâchis de compétences, ou au contraire un manque de candidats, ce qui conduit à recruter des enseignants d’un niveau qui n’est pas optimal ».

Mais pour la Commission le vivier n’est pas atteint :  » on rencontre toujours un bon nombre d’étudiants qui désirent être enseignants ». On notera qu’on ne parle pas d’étudiants en mathématiques… Mais la CFEM avance d’autres facteurs conjoncturels : « l’allongement du nombre d’années d’étude à la charge de l’étudiant, dû à la réforme de mastérisation, même si la réforme récente plaçant le concours en quatrième année a amélioré les choses ; la concurrence avec d’autres professions qui ont des arguments convaincants, également due à la réforme de mastérisation ; la baisse du pourcentage de femmes qui a aussi diminué le nombre de candidats potentiels ; la concurrence possible avec l’informatique pour les débouchés ; les conditions de salaire, et le fait souvent répété que les salaires des enseignants français, en début et milieu de carrière, sont nettement en-dessous de la moyenne des enseignants de l’OCDE ».

Mais le pire est devant. « On risque de retrouver une situation de crise d’ici 5 ans ; en effet, le départ en retraite des classes très faibles recrutées à la fin des années 70 va, si l’on n’y prend garde, faire chuter très fortement les besoins de recrutements, et fragiliser à nouveau le système de formation des enseignants ». L’argument est confirmé par la pyramide des âges des professeurs de maths publiée par le Bilan social du ministère. Plus que dans les autres disciplines, on observe un net rétrécissement des 50-55 ans qui s’avère inquiétant pour l’avenir. Le pire est bien devant.

François Jarraud

Bilan social

CFEM