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Et si on pratiquait l’évaluation positive pour les enseignants ? C’est une des questions posées à Pierre Cieutat, professeur des écoles à Montpellier, qui pratique l’évaluation positive avec la méthode PIPADI (Parcours Individualisé et Différencié des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle) (1). Un système d’évaluation complexe mais qui socialise les élèves.

Comment définissez-vous en quelques mots l’évaluation positive ? PIDAPI (Parcours Individualisé et Différencié des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle).

C’est la possibilité de donner de la valeur à un travail en indiquant ce qui est juste ou non et en ne retenant – ne notant dans le sens d’écrire – que ce qui est réussi. Dans cette optique, on donne la possibilité à l’élève de voir ce qu’il n’a pas su faire et on lui donne la possibilité d’y remédier. PIDAPI est un outil d’évaluation qui est construit autour de ce type d’évaluation. Il permet à l’élève de se tromper et de recommencer jusqu’à ce qu’il réussisse. On évalue un travail en préférant la validation à l’appréciation

Que répondez-vous à ceux qui considèrent que le PIDAPI est une usine à gaz, une organisation relativement rigide qui atténue la créativité et l’innovation d’un enseignant ?

L’outil est complexe. Le complexe est un attribut du vivant. Pour ma part je cherche à suscité la vie en classe. J’enrichis le milieu, je recherche le maximum de diversité et j’essaie d’avoir une structure de classe qui accueille l’imprévu de manière positive. PIDAPI m’aide à rendre vivant la classe tout en permettant à chacun des acteurs (enseignant-parents-élèves) de structurer et suivre la progression des acquis des élèves. Si on s’attend à ce qu’il simplifie les choses, ce n’est pas le but. Il est au service de dispositifs complexes de différenciation. Cependant, PIDAPI est au service de l’enseignant, c’est un outil. Personne ne l’utilise de la même façon et il peut devenir chronophage. La question est : il est au service de quelle intention ? Dans mon cas, cet outil me permet d’avoir une classe multi-âge qui favorise les propositions des élèves et amène les enfants le plus loin possible de leurs capacités en termes de compétences scolaires exigées.

L’évaluation positive ne concerne-t-elle pas surtout les élèves en difficulté dans des dispositifs de remédiation ou de raccrochage ?

L’évaluation positive concerne tout le monde, dans tous les domaines, à tous les âges et dans tous les milieux. C’est une attitude qui cherche à renforcer l’image positive que l’on a de soi qui est le meilleur atout pour se mettre en mouvement et progresser. Tout le monde en bénéficie. C’est une révolution culturelle qui s’oppose à la croyance qu’il faille toujours pointer ce que l’autre fait de mal pour lui indiquer qu’il doive continuer à travailler. Même si cette attitude à court terme peut fonctionner, elle détruit l’élan de vie de ceux qui réussissent moins bien et fragilise ceux qui réussissent en leur faisant expérimenter que leur désir de progrès n’existe qu’à l’extérieur d’eux-mêmes. L’évaluation positive est la croyance que tout le monde fait du mieux qu’il peut et qu’une personne qui se sent bien cherche toujours à se dépasser, à apprendre. Il y a un mouvement naturel et profond du vivant vers l’évolution. Appuyons-nous dessus…

L’évaluation positive n’est-elle pas simplement bienveillante au point de dissimuler la réalité des capacités effectives des élèves ?

C’est ici qu’intervient PIDAPI comme outil de suivi. L’évaluation positive c’est indiquer à l’élève ce qu’il a réussi et lui indiquer aussi ce qu’il doit recommencer qui reste en cours. C’est l’inviter à remédier à cette situation pour obtenir une ceinture (une marque symbolique de passage).

L’évaluation positive est individualisée. Comment un élève peut-il comparer ses performances à celles de ses pairs ?

Elle est individualisée mais elle est aussi socialisée. L’intérêt principal est que les élèves puissent reconnaître des experts dans le domaine dans lequel ils recherchent de l’aide. Bien sûr cela leur permet aussi de se situer par rapport aux autres ce qui a une importance spéciale dans une classe multi-âge. Enfin, les élèves étant au courant des ceintures de chacun, cela permet de différencier facilement le travail donné en fonction des niveaux de chacun (leurs ceintures) et non en fonction de leur classe d’âge.

Les inspecteurs pratiquent-ils une évaluation positive des professeurs ?

Non, j’ajouterai que leurs inspections ne sont pas à mon sens des évaluations. Elles se rapprochent plus, dans la façon dont elles sont pratiquées, à des visites de contrôles.

Propos recueillis par Gibert Longhi

La démarche PIDAPI

Outil d’apprentissage en français et en mathématiques

La démarche PIDAPI (2) (Parcours Individualisé et Différencié des Apprentissages et Pédagogie Institutionnelle), propose des outils sous forme de fiches de travail regroupant l’ensemble des compétences relatives au cycle III d’école primaire. Ces compétences sont ordonnées selon des couleurs de ceintures (jaune et orange pour des compétences en lien avec le cycle II et vert, bleu et marron pour celles de cycle III). Dans chaque ceinture, les enfants peuvent trouver une série de compétences (en moyenne cinq ou six) pour lesquelles ils doivent s’entraîner avant le passage de l’épreuve validante (la ceinture). Les enfants savent directement quelle est la nature de la consigne pour toutes les compétences. Il y a 4 domaines en français : 1 Vocabulaire. 2 Orthographe. 3 Grammaire. 4 Conjugaison (3). Pour chaque domaine, il y a des ceintures de niveau (comme au judo). Jaune Orange Vert Bleu Marron Noir. En début d’année, tous les élèves vont commencer par préparer les ceintures jaunes de chaque domaine. Ils progresseront ensuite à leur rythme. …/…

Pré-ceintures, ceintures et dans

Par exemple, début septembre, Mathieu prépare la ceinture jaune d’orthographe. Pour l’avoir, il doit maîtriser trois compétences : 2.01 : reconnaître et utiliser correctement les majuscules ; 2.02 : mettre un « s » au pluriel ; 2.03 : recopier un texte de cinq lignes sans erreur. Mathieu passe la pré-ceinture jaune pour évaluer ce qu’il sait déjà. Il maitrise déjà 2.01, 2.02 et 2.03. Il coche une croix dans la colonne correspondant. Quand Mathieu a la ceinture jaune et l’enseignant l’indique par une gommette. Mathieu prépare désormais la ceinture orange premier dan. Il réussit les compétences 2.04, 2.05, 2.07 mais pas la 2.06. Mathieu doit travailler la compétence 2.06 : écrire au féminin. Il travaille donc la fiche 2.06. Il peut s’appuyer sur : les ateliers mis en place par l’enseignant (petites leçons) ; la correction personnalisée avec l’enseignant ; l’intervention d’autres élèves (les tuteurs). Mathieu réussit le test de la fiche 2.06. Son entrainement est terminé. Il coche donc la case « test » de sa ceinture d’orthographe. Mathieu passe la ceinture orange premier dan, puis prépare la ceinture orange deuxième dan.

Les sept parties d’une fiche

Qu’est-ce que je sais faire ? : cette première partie vise à aider l’enfant à déterminer ce qu’il maîtrise déjà et à orienter la nature de la tâche à fournir.

Conseil : une sorte de digest de ce qui est à retenir ou des astuces utiles à l’apprentissage de la compétence.

Exemples qui illustrent de manière significative les indications du conseil.

Entraînements : ils se présentent sous forme de trois types d’exercices permettant aux élèves de travailler ce qu’ils n’ont pas réussi dans la première partie.

Test : un petit exercice visant l’évaluation des acquis en fin d’entraînement. Sont à disposition des élèves ou de l’enseignant un classeur de correction des tests.

Correction à Qu’est-ce que je sais faire ?

Correction aux entraînements.

Le tétra’aide

Pour éviter de faire la queue au bureau pour avoir de l’aide mais pour indiquer à l’enseignant qu’ils ont besoin de lui, les élèves utilisent le tétra’aide, posé sur le coin de leur table. Le sommet vert indique « Tout va bien ». L’élève travaille sans problème. Le sommet bleu indique « J’aide ou je suis aidé(e) par quelqu’un » (l’enseignant ou un autre élève).Le sommet jaune indique « J’ai une question non urgente ». Cela peut être pour faire corriger un exercice. L’enseignant passe lorsqu’il est disponible. Le sommet rouge indique « À l’aide ! », lorsque l’élève est bloqué face à son travail. L’enseignant passe rapidement.

Notes :

1 Association PIDAPI http://pidapi.free.fr/dotclear/ Association PIDAPI. Pierre Cieutat 5, place du jeu de ballon 34 230 TRESSAN ou Association PIDAPI 13, rue des coteaux – 34 830 CLAPIERS ass.pidapi@laposte.net

2 http://connac.free.fr/classe/Adultes/pidapi.htm POUR CONTACTER L’ASSOCIATION PIDAPI… Par courrier : Association PIDAPI 13, rue des coteaux 34 830 CLAPIERS. Par internet : ass.pidapi@laposte.net

3 Il y a aussi 4 domaines en mathématiques : 5 Calcul 6 Géométrie 7 Mesures 8 Numération.