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En CAP c’est soit la réussite, soit la sortie sans qualification. Face à cette urgence , les professeures de CAP du lycée Cousteau, de Saint-André de Cubzac, ont décidé de reconstruire les enseignements. Avec le soutien de la proviseure adjointe, Sandrine Seguin, elles ont tout mis à plat et reconstruit un référentiel et un cadre d’enseignement qui accompagne chaque élève. Il leur procure la fierté que donne la mission quand elle est accomplie. Présenté au 7ème Forum des enseignants innovants, leur projet a obtenu un prix spécial, celui de l’équipe éducative.

Sauver sa peau de prof

Officiellement Isabelle Gomez, PLP Lettres histoire, porte le projet. En fait, quatre mousquetaires se sont invitées au Forum. Il serait vain de tenter de séparer ces 4 jeunes enseignantes qui ont en commun d’avoir une dizaine d’années d’ancienneté. Avec Isabelle Gomez, il y a Maud Madec Loeuil, professeure documentaliste, Laura Lefebvre-Druelle, professeure de lettres histoire et Sandrine Seguin, proviseure adjointe. Leurs collègues de maths et arts n’ont pu venir.

« Pour sauver ma peau, il fallait que je fasse quelque chose », nous confie l’une d’elles. Dans le système éducatif français, le CAP c’est le dernier filet qui retient des élèves qui se noient. Même quand ils préparent le même diplôme, ici des CAP vente et logistique, ils sont tous différents avec des attentes et des besoins fort variés que le professeur seul ne peut satisfaire. Le risque c’est le décrochage et la sortie sans qualification. Mises devant cette situation, ayant déjà pris l’initiative de travailler ensemble, les 3 mousquetaires ont convaincu leur proviseure de modifier les règles du jeu.

Travailler le référentiel

C’est en mettant à plat le référentiel que les 3 mousquetaires ont changé profondément l’enseignement. Les enseignantes ont redécoupé les référentiels en thèmes qui sont traités en commun. Ainsi le thème du super héros est traité à la fois en français et en maths, cette fois ci sous l’angle de mesures. Tous les thèmes sont abordés de telle façon que les élèves sont en permanence encadrés par deux enseignantes. « Ils ne peuvent plus échapper au travail. Même si un élève se cache sur le parking, il y a toujours une professeure pour aller le chercher ». L’élève peut aussi demander de l’aide à un autre professeur si une explication semble trop difficile. « Cela dédramatise les situations d’échec et c’est un levier pour avancer ».

En travaillant les référentiels, les enseignantes ont récupéré beaucoup de temps en détectant les redites dans les programmes. Ainsi on apprend aux élèves à se présenter en lettres, en anglais, en enseignement professionnel et en arts. Autant le traiter avec deux enseignantes, de deux matières différentes, ensemble, une seule fois. C’est ce qui permet de travailler à deux en groupe restreint l’ensemble des programmes. Tous les lundis et les vendredis sont ainsi consacrés aux thèmes de l’enseignement général. Les autres jours sont consacrés au professionnel qui devrait rejoindre cette expérience l’année prochaine.

Pour elles, « le modèle d’enseignement classique ne marche pas. On pensait qu’on ne pouvait rien y faire. Et bien on a trouvé quelque chose ». Le co enseignement demande beaucoup de travail pour les préparations en amont et les corrections en aval. Mais les élèves apprécient le fait d’avoir plusieurs enseignants pour les aider. L’évaluation par compétences les valorise. Le décrochage a diminué ». Quand aux enseignantes elles ont le bonheur de s’être approprié leur métier et de faire face ensemble aux difficultés.

François Jarraud

Tous les projets présentés au 7ème Forum des enseignants innovants

Le dossier 7ème Forum des enseignants innovants