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« C’est quoi, penser ? Et être heureux, ça veut dire quoi ? Comment on sait qu’on est ami ? Quand on est mort, c’est pour tout le temps ? » Qui n’est jamais resté perplexe devant la question inattendue d’un jeune enfant ? Inutile pourtant de se précipiter chez le psychiatre ou sur les tests de précocité, ces interrogations qui nous désarment viennent spontanément à l’esprit de tous les petits. Dorénavant, vous n’aurez plus à affronter le stress de trouver la bonne réponse. « Les petits philosophes » vous aident à répondre même si vous avez eu 5 en philo au bac…

Les enfants sont spontanément portés vers des questionnements d’ordre métaphysique – le temps, la mort, la pensée – ou existentiel – l’identité, le choix, le mensonge, le changement. Ces questions déstabilisent souvent les adultes, qui ont perdu l’aptitude à envisager la réalité sous ce jour à la fois simple et radical. Pourtant, la profondeur de la question n’exige pas forcément des approfondissements abyssaux : il suffit de s’en inspirer pour engager une réflexion sereine mais sérieuse avec les enfants. Pour aider parents et enseignants, le magazine Pomme d’Api propose chaque mois sa rubrique Les P’tits Philosophes, qui présente une question à travers une petite bande dessinée, une double-page pour formuler le problème central et une double-page d’éléments de réflexion.

Les éditions Bayard rassemblent 18 de ces questions thèmes dans un nouvel album illustré. Conçus par Sophie Furlaud, de Bayard Presse, et Par Jean-Charles Pettier, philosophe et spécialiste de l’éducation, illustrés par Dorothée de Monfreid, les différents chapitres permettent d’aborder, sans dramatiser ni esquiver la difficulté, les sujets de préoccupation légitime des petits. Utilisés comme support pour des ateliers-philo en maternelle, les P’tits philosophes évoquent avec tact et justesse ces questions fondamentales qui désarment les grands : « Pourquoi y a-t-il des méchants ? », par exemple, explore l’ambiguïté du rapport de force, la tentation de la violence et de la vengeance et pose la question du gain : heureux ou malheureux , celui qui se comporte méchamment ? Car on n’« est » pas méchant, on adopte un tel comportement, et les émotions jouent un rôle dans l’alternance de méchanceté /gentillesse. Se mettre à la place de l’autre permet de mieux mesurer les conséquences, conclut le chapitre

Un propos mesuré, qui facilite les échanges, sans s’égarer dans des considérations inaccessibles aux petits, et qui peut guider utilement dans les tout premiers pas sur ces questions abstraites.

Jeanne-Claire Fumet

Les P’tits Philosophes (Tome 2) – A partir de 3 ans. Par Sophie Furlaud et Jean-Charles Pettier – Éditions Bayard, juin 2014 – 155 pages, 15,90€.