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Intervenant le 17 septembre à l’Université PS de l’engagement, la ministre de l’éducation nationale a partagé son souhait d’étendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans. Ainsi se dévoile petit à petit ce qui pourrait devenir le programme éducation du PS en 2017.

Pourquoi allonger la scolarité obligatoire ?

Comment construire un programme ? A coup d’essais et de petites phrases qui annoncent des argumentaires plus sérieux. Le 17 septembre, dans le cadre de « l’Université de l’engagement » du PS, tenue à Lomme (59), la ministre de l’éducation nationale a déclaré :  » Pour aller plus loin sur l’Éducation, je proposerai d’étendre la scolarité obligatoire de 3 à 18 ans ».

Cette déclaration fait suite aux propos de F Hollande pour une réforme du lycée, puis sur l’innovation pédagogique, ainsi qu’à ceux de N Vallaud Belkacem sur la mixité sociale dans les établissement scolaires.

Pourquoi allonger la scolarité obligatoire ? En 2012, interrogé par le Café pédagogique, Vincent Peillon avait écarté cette possibilité. « L’allongement de la scolarité obligatoire, c’est une belle perspective », nous avait-il dit. « Mais rien ne sert de se fixer des objectifs, même s’ils sont louables, si l’on sait qu’on ne les atteindra pas. Aujourd’hui, l’enjeu, c’est de réduire drastiquement le nombre de sorties sans qualification et de garantir qu’aucun jeune ne reste sans solution. Commençons par le commencement : réglons la question des élèves qui, dès le CP, sont en difficulté puis en exclusion. Luttons contre le décrochage ».

Une mesure difficile

Certes il est aisé de repousser à l’âge de 3 ans le début de la scolarité obligatoire. A cet âge, selon la Depp, 98% des enfants sont déjà scolarisés alors que l’école n’est pas obligatoire. Ce serait bien différent si la scolarité obligatoire était avancée à 2 ans.

Par contre à l’âge de 18 ans c’est très différent. Seulement 77% d’une génération est scolarisé. A 17 ans c’est 92%. Etendre la scolarité ) 18 ans c’est donc accueillir 180 000 jeunes supplémentaires ce qui ne peut pas s’improviser.

Parmi ces 180 000 jeunes, entre 110 000 et 140 000 ont décroché de l’Ecole sans diplôme et les faire revenir dans l’univers scolaire ne sera pas une mince affaire.

Sur son blog, Claude Lelièvre évoque aussi les réticences dans l’éducation nationale où une majorité d’enseignants pourrait être hostile à cette mesure. Il lie d’ailleurs cette annonce au discours de F Hollande demandant la réforme du lycée et la hausse du nombre d’étudiants dans le supérieur.

C’est évidemment dans les milieux populaires qu’il faudrait recruter ces étudiants supplémentaires. Ce qui implique une adaptation des enseignements en lycée, autrement dit une réforme.

Reprendre une revendication du Snes

Fixer cet objectif a un autre avantage pour le ministère. La scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans est une revendication historique du Snes. En la reprenant, la ministre pourrait améliorer ses relations, très en froid depuis la réforme du collège, avec ce syndicat.

Mais « tout dépend de ce que veut dire la ministre », nous a dit Valérie Sipahimalani, secrétaire générale adjointe du Snes.  » Si elle entend par là inscrire des jeunes en CFA ou dans des formation professionnelles proposées par les régions, ce n’est pas de la scolarisation. Pour nous la scolarisation c’es faire sortir tous les jeunes des trois branches du lycée. Si la ministre est d’accord avec cela, nous lui disons « chiche ! « .

François Jarraud

La déclaration ministérielle

Hollande sur le lycée

Hollande sur l’innovation

Peillon en 2012

C Lelievre