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Ils ne sont pas très nombreux mais très déterminés. Mardi 10 janvier, sous la pluie, ils étaient encore près de 200 enseignants des lycées ex-zep franciliens à demander une nouvelle carte de l’éducation prioritaire et la garantie des avantages et dispositifs existants. Une nouvelle journée de grève nationale est déjà programmée pour le 19 janvier. Ce sera la 4ème depuis le début 2017. Mais déjà ils obtiennent une réponse de la ministre…

« On se sent très légitimes »

« On croit à ce qu’on fait ». Séverine Bertrand enseigne depuis une dizaine d’année au lycée Robert Doisneau de Corbeil, un gros établissement de près de 3000 élèves ex zep. Le lycée compte près de 250 enseignants et Séverine semble un peu seule. « On essaie de tenir par roulement », explique-t-elle. Le lycée est toujours mobilisé mais sans blocage.

« On est au cœur d’un réseau prioritaire et c’est comme si quand l’élève arrive au lycée tout s’arrêtait », explique S Bertrand. « En 10 ans on a absorbé plus de 400 élèves supplémentaires mais on a toujours les mêmes moyens ».

S Bertrand souhaite garder des classes à 30 élèves en général et technologique et 24 en professionnel. Mais le seuil des 30 est dépassé depuis 2 ans et même en professionnel. Mais tout est lié. « C’est parce qu’on a des moyens qu’on reste dans le lycée. Les points de mobilité et la bonification font partie de l’ensemble qui donne envie de rester. « Comme professeur d’EPS je mène 4 ou 5 projets par an. On travaille beaucoup sur le vivre ensemble. C’est dur si derrière on n’a pas les moyens nécessaires pour la réussite des élèves et pas de rétribution personnelle ».

« On espère obtenir des choses. On se sent très légitime ». La récupération politique de ce mouvement lancé au moment où la gauche se prépare aux élections, elle l’écarte. « Ca fait deux ans qu’on va voir le Dasen et qu’on obtient rien ? A un moment donné on a au moins la satisfaction de bouger ».

Opération lycée mort ?

Emilie est une jeune professeure de lettres histoire au lycée Gabriel Péri de Champigny (94). C’est son 7ème jour de grève. Le mouvement pèse mais Emilie se sent soutenue par les actions sur le plan local. Le lycée a été bloqué le 9 janvier et le 10 c’est opération « lycée mort » : les élèves ne sont pas venus.

« On est là car on veut nous enlever les points de mobilité et les heures en demi groupe et augmenter les effectifs par classe », dit-elle. Les classes comptent déjà plus de 30 élèves en bac pro médico social.

Un mouvement pour durer ?

Pour David Pijoan, qui anime le Collectif Touche pas ma zep, cette 7ème journée de grève est une réussite. « Il y a 13 établissements fermés à Marseille, soit tous les établissements prioritaires, et une vingtaine en Ile de France ». Devant le ministère, près de 200 manifestants piétinent dans le froid, soit à peu près autant que le 5 janvier. A Marseille on compte 500 manifestants selon les organisateurs , 300 selon La Marseillaise.

Malgré les annonces ministérielles, le maintien des bonifications pour deux ans, le ciblage de 450 postes pour les lycées défavorisés, le mouvement continue. Le collectif a décidé une manifestation nationale avec grève le 19 janvier.

Une réponse de la ministre

Interrogée par l’AFP après la manifestation, N Vallaud Belkacem a réagi à l’obstination du collectif. « Les difficultés ne disparaissent pas entre le collège et le lycée. C’est une évidence pour moi. Il faut continuer à avoir del’éducation prioritaire en lycée ». La ministre explique que la réforme de l’éducation prioritaire c’est à la fois plus de moyens, une carte revisitée et une réforme pédagogique. « Quand on a fait la réforme de l’éducation priroitaire pour l’école et le collège on a revu la cartographie. C’est un travail de longue haleine d’identifier les établissements qui justifient d’être en éducation prioritaire. ..Pour l »école et le collège ça nous a pris 1 an et demi… Pour une réforme des lycées, ce même travail ne peut se faire en deux mois ».

« Les actuels lycées de l’éducation prioritaire ne perdent rien. Il sont une clause de sauvegarde jusqu’en 2019 », précise la ministre, qui rappelle aussi les 450 postes promis pour la rentrée 2017. « Ca laisse le temps de mener la réforme. Je m’y engage complètement… J’incite l’ensemble des forces politiques à prendre l’engagement de mener cette réforme ». Pour N Vallaud Belkacem, le mouvement des lycées ex zep « est plus une adresse à l’attention de toutes les forces politiques de ce pays qu’au ministre actuel ».

François Jarraud

Journée du 5 janvier

Journée du 3 janvier