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L’annonce d’une lettre aux enseignants est la principale information lachée par Jean-Michel Blanquer lors de son audition devant la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale le 5 juillet. Le ministre a parlé des rythmes, des maitres + et surtout de la confiance. Il a répondu à des questions sur la mixité sociale et annoncé une réforme de l’Inspection générale.

Prenez un ministre et quelques députés béjaunes dont c’est la première audition. Jean-Michel Blanquer a dominé sans difficulté l’audition organisée par la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale le 5 juillet, écartant facilement les rares questions gênantes posées par des députés expérimentés et répondant avec sérieux aux questions mal formulées et parfois très naïves des nouveaux députés.

Une lettre envoyée aux enseignants

Le ministre a surtout parlé « confiance », le maitre mot véhiculé depuis une semaine par le président de la République et le premier ministre. « On doit créer une contagion positive de la confiance qui commence par nous », dit JM Blanquer, aux députés. Il a promis de faire moins de circulaire mais de faire davantage attention au terrain et aux évolutions pédagogiques.

Il a annoncé l’envoi le 6 juillet d’une lettre aux enseignants. « J’écrirai aux enseignants pour expliciter mon approche d la confiance et de la liberté » , dit JM Blanquer. La lettre devrait inviter les enseignants à se sentir libres d’expérimenter. Le ministre a également annoncé une réforme de l’Inspection générale et de l’inspection allant dans ce sens. Il réfléchit à une gestion « plus déconcentrée » des enseignants, une formule qui reste à préciser mais qui donne à penser que l’évaluation définie par les accords PPCR pourrait être remise en question. Serait-ce pour aller dans le sens d’une gestion plus proche du terrain assurée par les chefs d’établissement ?

La réforme du lycée

Interrogé sur la réforme du bac, le ministre l’ a bien présentée comme une réforme du lycée. La concertation démarrerait à la rentrée 2017 et des conclusions seraient remises début 2018. Le nouveau bac aurait lieu en 2021 après réforme de la seconde en 2018-19, de la première l’année suivante puis de la terminale.

4 jours ou 4 jours et demi c’est pareil…

Le ministre a été interrogé sur les rythmes scolaires. Régis Juanico (PS) l’a mis face à ses déclarations de 2010 où il disait que la semaine de 4 jours montrait la victoire des adultes sur les enfants. G Pau-Langevin a marqué sa surprise devant la rapidité de la décision avant toute évaluation et posé la question de l’avenir des personnels intervenant dans le périscolaire.

« J’ai toujours pensé qu’il faut être pragmatique… J’observe ce qui se passe. Ma pensée est plus aboutie aujourd’hui », a répondu JM Blanquer. Il a maintenu que « la semaine de 4 jours ou 4 jours et demi c’est assez neutre sur les résultats ». Dans un autre événement il avait justifié cette affirmation à tort par la dernière étude de la Depp. Interrogé sur l’avenir des Tap il a affirmé qu’il travaillerait avec les communes à approfondir les PEDT et à améliorer le périscolaire… du mercredi.

Dédoublements : Les inspecteurs chargés de revoir l’enseignement de la lecture

Interrogé sur les plus de maitres que de classes (PDM), notamment par F Reiss (Rep.) qui demande si ce n’est pas plus judicieux que le dédoublement des CP, le ministre a rappelé qu’il les maintient là où il n’est pas possible de dédoubler les classes. « On réussira à faire 70 à 80% de dédoublements avec des salles libres. Ailleurs on utilisera les PDM avec 2 professeurs pour 24 élèves ». Evidemment cette situation pédagogique n’a plus rien à voir avec les PDM mais le ministre va l’évaluer pour voir si le résultat est supérieur au dédoublement. A vrai dire il proclame déjà le résultat. « Tout ce qui ressemble au dédoublement donne des résultats. Tout ce qui ressemble aux PDM n’ pas donné de résultats », affirme JM Blanquer.

La mise en place des dédoublements sera accompagnée par les inspecteurs . Un « pilotage pédagogique » est prévu. JM Blanquer a fait allusion à la récente réunion des IEN à Paris où une présentation des « meilleures études » sur la lecture a été faite. Sans doute une date vers la « nouvelle étape pédagogique » promise par le ministre mais sur laquelle il reste flou.

Pirouette finale sur la mixité sociale

G Pau Langevin, ancienne ministre de la réussite éducative, a interrogé le ministre sur la mixité sociale à l’école. Va-t-il continuer les expérimentations lancées par N Vallaud-Belkacem. »Je vais respecter ces expérimentations », a promis le ministre. « Mais je suis favorable aux formules qui améliorent l’attractivité des établissements ».

JM Blanquer cite en exemple de politique de mixité sociale le rétablissement des classes bilangues et les « classes de latin ». Des dispositifs qui sont surtout connus pour créer de la discrimination sociale dans les établissements. Un peu plus tôt, dans l’hémicycle, il avait annoncé des internats en milieu rural.

Mais la commission passe outre. Une nouvelle députée LREM demande des « lycées d’excellence » avec inscription sur dossier pour aider les pauvres méritants. Une autre se réfère à sa maman. Ce n’est pas l’Assemblée qui contrôlera le ministre. Confiance vous dis-je…

François Jarraud

L’audition de JM Blanquer au Sénat

Education : la réalité budgétaire