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On pensait avoir vécu des réformes à un train d’enfer durant la première année du quinquennat. Pourtant il apparait qu’une nouvelle accélération s’impose sous nos yeux. Elle résulte d’un nouveau cap pris par le gouvernement depuis le mois de juin. La seconde année du quinquennat sera vraiment celle des réformes ou au moins des tentatives de grand changement. C’est vrai dans de nombreux domaines, dont l’éducation qui nous intéresse plus particulièrement.

Imposer le changement sans s’en donner l’air. Il semble que cela ait été le fil suivi par JM Blanquer tout au long de sa première année rue de Grenelle. Modèle du genre, la réforme des rythmes. Le ministre semble laisser le terrain décider et obtient la suppression de la semaine de 4 jours et demi. Une contre réforme sans doute néfaste pour les élèves mais qui est bien accueillie chez les adultes, aussi bien enseignants que collectivités territoriales. Et qui permet de récupérer quasi immédiatement près de 500 millions.

Même opération pour le collège. En « assouplissant » les règles le ministre obtient le retour au statu quo ante. Et là aussi ce n’est pas pour déplaire aux enseignants. Car JM Blanquer sait ménager ses troupes. Quitte à se détourner les annonces présidentielles. Alors que le président veut un bac avec 4 épreuves, finalement son ministre impose un bac avec encore plus d’épreuves qu’avant. Cela permet de maintenir un ersatz de diplôme national, ce qui est souhaité par les enseignants. Même opération sur le portable : le président s’est engagé sur sa suppression à l’école et au collège. Le ministre fait une loi « d’interdiction » qui en fait assouplit davantage l’utilisation du portable…

Mais après ce premier tour de piste, il semble qu’on entre dans une nouvelle étape. Celle de l’accélération des réformes portées par le gouvernement quitte à ne plus ménager les syndicats et les personnels. C’est une véritable fuite en avant. Bien loin de remiser une partie des réformes, le gouvernement est déterminé à les appliquer intégralement et rapidement.

Dans l’éducation, le ministre a ouvert le chantier de la réforme de la territorialisation. Il le fait à sa façon. Pas de décret, pas d’arrêté, ou alors plus tard, mais des faits décidés par le ministère et qui changent la donne. C’est ainsi que l’académie de Caen reste sans recteur et que celui de Rouen se retrouve à la tête de deux académies en précurseur de la disparition des petites académies. Leur disparition sera actée fin 2018 c’est à dire dans quelques mois.

Sur le plan social, le gouvernement adopte mi juin une ligne très dure. Il impose le gel salarial. Il annonce la fin du paritarisme et l’embauche de contractuels en place de fonctionnaires. La suppression de la plupart des compétences des commissions paritaires pourrait être décidée en juillet. Ces mesures ont un objectif très clair : le gouvernement veut la fin de la cogestion et la fin des syndicats de fonctionnaires en même temps.

Le second objectif c’est la fin du statut des enseignants. C’est évidemment une pilule difficile à faire avaler. Mais déjà JM Blanquer s’y emploie avec habileté. Il annonce une réforme des concours susceptible de faire l’unanimité mais qui s’accompagnera de la disparition des fonctionnaires stagiaires et de modifications profondes du système de recrutement.

S’il ne revalorise pas les salaires, JM Blanquer fait miroiter la promesse de la prime de 3000€ en Rep+. Un joli geste mais qui dont le prix est énorme : il s’agit d’acter le principe de la paye au mérite. C’et à dire une rémunération nette dépendant largement de primes qui sont attribuées ou refusées au cas par cas par la hiérarchie. Avec la disparition des commissions paritaires c’est une autre colonne du statut des enseignants qui s’effondrerait.

L’heure des réformes de structure dans l’éducation nationale est arrivée. Après une année passée à appliquer un cadre budgétaire décidé par le gouvernement précédent, puis à hésiter, le gouvernement a décidé la rupture avec 70 ans de vie sociale. Les décisions qui sont en train d’être prises auront des répercussions immédiates dans la vie des enseignants. Tout cela se fait sous nos yeux. Mais il y a les vacances…

F Jarraud