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Que faire face aux établissements publics des savoirs fondamentaux (EPSF) imposés par la loi Blanquer ? Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp Fsu , et Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa, livrent leur lecture de la loi. Ils s’expriment aussi sur la façon dont JM Blanquer a contourné toute consultation des représentants des enseignants. Ils réfléchissent à ce que pourrait être leur riposte.

Les syndicats ont-ils été consultés sur les EPSF ?

« Le texte n’a été présenté ni au CSE ni en CTM », nous dit F Popineau, secrétaire générale du Snuipp Fsu. « En grande urgence on a été reçus par l’entourage de JM Blanquer pour nous présenter l’article. On a posé nos lignes rouges. Mais on savait que ce n’était plus dans nos mains ». Cette version est confirmée par S Crochet, secrétaire général du Se-Unsa. « On a été informé une quinzaine de jours avant le passage du projet de loi en CSE. ON avait dit fortement que ça ne devait aps figurer dans le projet. Et finalement on le retrouve sous forme d’amendement. Ils inventent une structure administrative qui peut changer profondément l’organisation de l’école sans qu’un débat ait lieu ».

S Crochet est aussi choqué par l’écart entre ce qui est dit et ce qui est écrit dans le texte dela loi. C’est insupportable. On a signifié des problèmes quand on a vu l’amendement. Et on nous a répondu oralement sur tout à fait autre chose que ce qui est écrit dans le texte ».

Que vont devenir les directeurs d’école ?

F Popineau et S Crochet n’ont pas la même lecture du texte de la loi. « Le texte est flou », estime F Popineau. « On prendra un directeur docile parmi les directeurs des écoles regroupées au collège et on lui donnera le statut de directeur adjoint du principal. Il sera le chef de ses collègues qui seront des sortes de référents rattachés hiérarchiquement au directeur adjoint ». S Crochet voit dans le directeur adjoint du principal « un personnel de direction, ayant réussi le concours ayant eu dans son cursus un poste dans le premier degré ».

Il y a par contre unanimité pour condamner cette évolution. « Cette mise en oeuvre met le directeur sous l’emprise directe du principal du collège. Au lieu de lui donner une vraie identité on le met à la botte du principal. En quoi ça allège son travail ? », demande F Popineau. « Ce n’est plus du tout un directeur d’école », explique S Crochet. « C’est un changement de paradigme complet ».

Quelles conséquences ?

« On va économiser des postes », estime F Popineau. « S PLane a tout dit », précise-t-elle en faisant allusion à l’article de S PLane dans le Café pédagogique. « Si on ne part pas des équipes pédagogiques comment arriver à quelque chose de cohérent pour la réussite des élèves ? » Pour elle les cités éducatives qui fonctionnent sont dans la proximité géographique de l’école et du collège. « Le collège ne peut pas rendre des services aux écoles s’il y a des kilomètres entre eux. Enfin il faut conserver des directeurs d’école sur place ne serait-ce que pour des raisons de sécurité ». Pour elle cette loi signe la main mise politicienne sur l’école. « Ces alternances de politiques scolaires, ces stop and go tous les 5 ans, à chaque alternance politique, ne permettent pas à l’école de répondre aux défis qui se posent ».

« On peut craindre à nouveau une grande paralysie, de la méfiance chez les usagers et les personnels », estime S Crochet. « Et donc l’impossibilité d’accompagner les changements nécessaires ». Pour lui, « la question des moyens n’est pas illégitime. On a besoin d’inventer une offre éducative en milieu rural qui ne fasse pas que subir les effets de la baise démographique. Pour cela il faut avoir l’envie de construire quelque chose ensemble avec du pédagogique et pas avec une structuration descendante ».

Que faire ?

« Il faut un travail de dialogue avec les parlementaires », nous dit S Crochet. « Il faut aussi informer les enseignants sur le texte. Je ne suis pas sur que le texte passe facilement au Sénat. On va continuer à montrer les questions qui se posent ». « On a des interventions intersyndicales auprès des parlementaires », rappelle F Popineau, allusion à la lettre de l’intersyndicale qui demandait aux députés de ne pas voter cet article. « On travaille à l’union pour combattre les idées du ministre ».

Propos recueillis par François Jarraud