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La réforme de l’éducation prioritaire proposée par Pierre Mathiot et Ariane Azéma, dans un cadre posé par JM Blanquer, ne convainc pas les syndicats. Le Snes Fsu tout comme le Se-Unsa, les deux principaux syndicats du second degré, demandent le maintien d’une carte nationale incluant les Rep.

Présenté le 5 novembre, le rapport de P Mathiot et A Azéma préconise le maintien d’une carte nationale des Rep+ avec un pilotage national. Par contre les Rep disparaitraient au profit de politiques académiques élargissant la priorité aux zones rurales ou isolées. Ce transfert des moyens de l’éducation prioritaire au niveau régional permettrait aussi, selon les rapporteurs, de faire entrer l’enseignement privé dans les établissements soutenus par les recteurs.

« Là où le bât blesse, c’est quand le rapport aborde la carte de l’éducation prioritaire », écrit le Se-Unsa. « Elle resterait nationale pour les REP +, et passerait à la charge des recteurs pour les REP qui pourraient la redessiner en incluant les sites scolaires se trouvant dans les zones rurales en difficulté ou isolées. Les budgets à venir de l’Education nationale seront-ils à la hauteur des besoins, pour faire face à cette extension de l’action publique ? Sinon, va-t-on déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Le cadre national de référence préconisé par le rapport permettra-t-il d’assurer justice, équité et stabilité face à des pouvoirs politiques locaux qui imposeraient leurs volontés ?

Pour le SE-Unsa, « il est important de conserver une carte nationale. Sinon, les moyens des Réseaux d’éducation prioritaire s’effilocheront au bénéfice d’autres priorités, donnant naissance à autant de politiques éducatives que d’académies, sans que les usagers et les personnels aient les moyens de débattre des enjeux et de peser efficacement sur les choix. A ce titre, le rapport se contente de mentionner la concertation avec les collectivités locales et ne mentionne jamais aucune instance académique, un mauvais signe en termes de démocratie sociale ».

 » Le renvoi aux académies de la gestion des établissements REP est en réalité un moyen de délabelliser sans bruit des centaines de collèges, réduisant l’éducation prioritaire aux collèges REP+, sous couvert d’une gestion plus souple et proche du terrain, vocabulaire managérial désormais bien connu dans l’Education Nationale », écrit le Snes Fsu. « En réalité, une telle mesure donnerait la main aux Recteurs pour construire des cartes fluctuantes, non pas en fonction des besoins locaux, mais en fonction des moyens globalisés alloués aux académies. A terme, les collèges REP disparaîtraient donc du paysage de l’éducation prioritaire privant les personnels des indemnités et priorités de mutation afférentes ».

Pour le SNES-FSU, « il est indispensable d’affirmer une réelle ambition pour l’éducation prioritaire, à l’opposé des recommandations du rapport Azéma-Mathiot. Une carte nationale, établie en fonction de besoins et non pas des moyens, incluant les lycées doit être rapidement mise en discussion, avec l’extension des pondérations, l’attribution des indemnités à tous les personnels (AED, AESH…). »

Le rapport Mathiot Azéma

Le Se Unsa

Le Snes