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Comment maintenir le contact et comment avancer dans la situation actuelle ? Denis Sestier, professeur en lycée à Caen, Johann Nallet, qui travaille en collège en zone rurale en Charente maritime tout et Gilles Chamayou , qui lui est en Alpes de Haute Provence, s’adaptent à leurs élèves mais aussi à leur équipement et à l’état d’Internet autour d’eux. Deux préoccupations s’entrechoquent : la nécessité d’aborder de nouveaux chapitres puisque la crise va durer et celle de ne pas perdre d’élèves. Comment joindre ces deux objectifs ?

Des outils simples accessibles à tous

Fondateur du réseau Ludus, Denis Sestier maitrise parfaitement les outils numériques. Mais il ne lui a pas échappé que ses lycéens sont dans des situations inégales et que certains doivent partager l’ordinateur avec le télétravail de leurs parents. Comme l’ENT est souvent indisponible, il est allé au plus simple : la bonne vieille liste de diffusion avec une liste par classe. Il compte sur leurs camarades pour pouvoir contacter tous les élèves.

« Je leur envoie des choses simples et faisables sans accompagnement en pensant aux élèves les plus fragiles », nous dit-il. Il s’agit de travaux qui utilisent le manuel et que les élèves peuvent faire sans ordinateur par exemple poser 10 questions sur un point et les envoyer au professeur. En ce début de confinement, il passe beaucoup de temps à répondre aux mails des élèves.

Plus tard, il conviendra d’aborder des chapitres nouveaux. « Je passerai par Google Docs pour leur demander de faire des diaporamas en groupe, comme on le fait en classe ».

Mais justement la classe n’est plus là. « Le risque de décrochage est important », reconnait-il. Aussi plus que la classe virtuelle il compte faire de petites réunions à distance avec 5 ou 6 élèves essentiellement pour maintenir le contact.

Que faire des élèves non équipés ?

A Gemezac, Johann Nallet veut faire une heure de classe virtuelle par semaine « pour que les élèves posent des questions ». Il utilise l’ent et Pearltrees, déjà connus des élèves, pour leur envoyer des documents et des vidéos de présentation de l’activité ou de correction. Quelques élèves ne sont pas équipés. « Pour ceux là on a un problème. On ne peut même pas leur demander de passer prendre des photocopies. Certains élèves vont passer à travers. On n’a pas le choix ».

Gérer l’impréparation

Dans son village des Alpes de Haute Provence, Gilles Chamayou vient de récupérer son accès Internet. « J’ai décidé d’envoyer du travail deux fois par semaine par l’ENT », nous dit-il. L’ENT permet de faire des pages multimédias. Il envoie un QCM aux élèves pour vérifier qu’ils ont bien compris. Il envisage d’aborder de nouveaux chapitres mais avec une évaluation seulement formative. Pour communiquer avec les élèves il met en place un forum. La classe virtuelle lui semble impossible : « on est en zone rurale beaucoup d’élève n’ont pas le débit nécessaire ».

« Il faut bien garder en tête la notion d’égalité et ne pas jouer aux apprentis sorciers », nous dit-il. « Il y a une vraie fracture sociale entre les élèves qui sont aidés et ceux qui n’ont pas de matériel ou qui n’y ont pas accès car les parents télétravaillent ». Il observe avec scepticisme le bricolage des collègues. « Il y a beaucoup de bonne volonté mais une impréparation totale. Tout le monde est livré à lui-même. Du coté des élèves ça se traduit par une explosion des outils où ils se perdent ». La solution : utiliser des outils simples que les élèves connaissent déjà.

François Jarraud