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Les IEN et les IPR c’est bientôt fini. Les 7 et 14 décembre, deux réunions du groupe de travail « inspections » devraient dessiner les conditions de la création d’un corps unique d’inspecteurs. Et la FSU prépare déjà la création d’un syndicat unique des IEN et IPR. Ce vieux projet est poussé en ce moment par le ministère. Si les deux corps concernés sont prêts à se laisser faire, cette refonte de l’inspection va interroger l’organisation des écoles. En fusionnant les deux inspections le ministère envisage t-il de faire disparaitre les IEN (inspecteurs du 1er degré) et de confier aux directeurs d’école, sous une forme ou sous une autre, les pouvoirs hiérarchiques des IEN ?

Une vieille histoire qui prend forme

« C’est une vieille histoire jusque là jamais concrétisée », nous a dit Paul Devin, secrétaire général du SNPI Fsu, le syndicat des inspecteurs du 1er degré (IEN). « Mais là ça va se faire ». Pour Patrick Roumagnac, son homologue à la tête du SI.EN Unsa, « le projet est clair. On nous l’a présenté comme la voie recommande pour mettre en oeuvre une évolution promise par le ministre ».

Si l’idée de la fusion des corps d’inspection est ancienne – il était même question de fusionner tous les corps d’encadrement – le projet est ressorti du placard dans le cadre des discussions du groupe de travail Inspection. Une première réunion a fixé ce cap le 22 octobre. Le 30 novembre il a été rappelé. Et deux réunions les 7 et 14 décembre vont entrer dans le concret des grilles indiciaires et du statut. Ce qui permet au projet d’avancer c’est que les deux syndicats d’IEN sont demandeurs. Et le principal syndicat des IPR ne ferait pas obstacle.

La fusion des syndicats se prépare

Le SNPI Fsu est mandaté pour cette fusion qui devrait apporter « une plus grande égalité » entre les corps d’inspection. En clair, la fusion se traduira par une revalorisation des IEN avec une nouvelle grille indiciaire partagée avec les IPR, traditionnellement mieux payés. Cela aidera à résoudre la crise du recrutement dans ce corps.

« On met une condition », explique P Devin : « que la fusion n’implique pas une association telle qu’elle nierait les spécialités, comme les spécialités disciplinaires des IPR ». Le SNPI Fsu fait remarquer qu’il y a déjà des IEN dans le 2d degré qui inspectent les enseignants de l’enseignement professionnel.

Le SNPI Fsu prépare d’ailleurs la fusion du Snpi Fsu avec le SIA, un syndicat indépendant d’IPR qui entrerait dans la FSU. La fusion des deux organisations devrait se faire lors d’un congrès en octobre 2021.

Pensées de Bercy et arrières pensées de Grenelle ?

Pour Patrick Roumagnac, la fusion « permettra de revaloriser la carrière des IEN » mais aussi de « faciliter la réflexion sur l’inspection et l’encadrement dans une logique d’accompagnement des enseignants plus que de contrôle ».

Si l’intérêt des IEN à la fusion est clair, reste à comprendre la motivation du ministère et de savoir où il veut en venir.

« C’est Bercy qui est à l’initiative plus que la rue de Grenelle », dit P Devin. « Il y a une volonté de réduire le nombre de corps ». Pour P Roumagnac, la fusion permettra de « mettre en place une nouvelle culture professionnelle des inspecteurs plus facilement qu’avec deux corps juxtaposés ».

Pour P Roumagnac, « dans le dispositif il n’est pas question de réduire les effectifs des inspecteurs ». Et les deux syndicats d’IEN sont attachés à ce que les missions des IEN et IPR restent distinctes.

Mais Bercy et Grenelle visent-ils plus loin ? En général les fusions ont lieu pour permettre une gestion plus économique des personnels. Déjà les deux corps bénéficient d’une circulaire de mission commune. Et on peut imaginer que dans le cadre du nouveau corps ils deviennent interchangeables.

Dans cette perspective qui deviendrait le supérieur hiérarchique des professeurs des écoles ? « Est-ce que la fusion va amener une redéfinition de la mission des IEN en lien avec une décision sur les direction d’école ? On ne le sait pas », nous a dit P Devin. « On a un ministre qui a déjà montré son intérêt pour faire des directeurs des supérieurs hiérarchiques des professeurs des écoles. Mais jusque là ses tentatives ont échoué ». « Pour l’instant il n’y a pas d’intention de ce coté là », estime P Roumagnac. « Le ministère ne va pas partir sur un nouveau rapport de force sur cette question ».

Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu, le premier syndicat du 1er degré, ne souhaite pas que la fusion « modifie la structure de l’école et le rôle hiérarchique des directeurs ». « Il faut que les IEN gardent leur expertise dans leur domaine. On ne peut pas avoir un IPR qui vienne donner des conseils en maternelle ».

Les contours de la fusion devraient être connus mi décembre. Et les textes sont attendus pour le début de l’été.

François Jarraud

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