L’Expresso du 25 novembre 2022
- Le fait du jour -
Comment faire avec la note ? Après une première journée où la conférence de consensus du Cnesco a montré à quel point noter c’est mal et comment les enseignants ont gardé de « sales habitudes », la seconde journée montre comment faire avec. On peut composer avec la note pour obtenir une évaluation qui participe…
Au départ du livre, l’analyse « d’une journée fasciste », celle du 24 avril 1933 qui voit C. Freinet menacé par des manifestants dans son école de Saint Paul. Laurence De Cock fait œuvre d’historienne et situe cet événement et la vie du couple Freinet dans la montée du fascisme des années 1930 et 1940.…
- Les disciplines -
« Ce qui m’a surpris, c’est à quel point ces moments de lâcher-prise sont intéressants ». Dimitri Saputa, professeur d’histoire-géographie, invite à découvrir l’Union Européenne, ses objectifs, son histoire, à travers une partie de Monopoly. Une démarche pédagogique qui invite aussi à découvrir les élèves autrement… Mettre les élèves en activité Peut-on apprendre la construction…
- L'élève -
Voilà une exposition sur un sujet qui nous concerne tous. Comment les épidémies ont-elles façonné nos sociétés et quelles ont été les réponses apportées pour les prévenir ? Les Archives nationales présentent à l’hôtel de Soubise, l’exposition « Face aux épidémies ». De la peste noire à nos jours » qui retrace, l’impact des grandes…
- La classe -
Parmi les crises qui se succèdent, nous n’avons pas encore vécu celle qui pourtant pourrait bien arriver : Internet en panne durablement. Dans le système scolaire, et à entendre les responsables nationaux, cette question ne semble pas se poser. On parle de « Cloud souverain » depuis qu’on a découvert la domination des grandes entreprises américaines, mais…
- Le système -
Présenté au Conseil supérieur de l’éducation du 24 novembre, le calendrier scolaire des années 2023-2024 à 2025-2026 prend beaucoup de libertés avec l’alternance recommandée des 5 semaines de cours et 2 semaines de congés. Pour ces années encore, le ministère cède au tourisme et organise des congés selon 3 zones. Le résultat, c’est le déséquilibre…
« Carole Grandjean vient de gagner contre les Plp », écrit le Snetaa Fo, à la sortie de la réunion de l’intersyndicale de la voie professionnelle du 23 novembre. « Après la mobilisation historique du 18 octobre, du 17 novembre et de la manifestation nationale du SNETAA-FO qui a réuni plus de 2 000 PLP,…
« La République n’a pas à avoir honte de ses valeurs sacrées. Oui, l’école, le collège, le lycée sont des espaces sacrés. Nous avons trop reculé » a affirmé Aurélien Pradié en demandant des uniformes de la maternelle à l’université, rappelle Claude Lelièvre sur son blog. « L’histoire passée des vêtements devant être portés à…
Alors que près de 100 000 enfants ne sont pas scolarisés en France, un appel est lancé pour permettre concrètement leur scolarisation. « Le collectif #EcolePourTous alerte depuis 2019 sur la situation de 100 000 enfants pauvres privés de ce droit fondamental à l’Éducation en France : en Seine-Saint-Denis, en Occitanie, à Mayotte, en Guyane.…
Ce sera le 25 novembre. Au Salon européen de l’éducation (Paris Porte de Versailles), le Café pédagogique vous invite à une journée de débats et d’échanges autour du thème de l’innovation pédagogique en présence de Pap Ndiaye. Organisée en partenariat avec Libération et la MGEN, cette journée est l’occasion de revenir sur les vingt ans…
« Nous demandons une hausse de 10% pour garder nos salaires malgré l’inflation qui est à 11% », déclare une enseignante à la BBC. « Nous faisons un travail très difficile. Nous avons une longue formation et nous ne sommes pas payés comme les autres professionnels », déclare une autre. Avec un syndicat qui réunit…
- La classe -
« Nombreux sont les établissements à tester une organisation en semestre plutôt qu’en trimestre. À partir des expériences de collèges dans l’académie, une infographie pour partager réflexions, vigilances et aider à se lancer ». Le site de l’académie de Nantes donne le timing de la mise en place de la semestrialisation « pour une évaluation…
- Les disciplines -
Dommage que cette séquence soit anonymisée. En 4ème, un enseignant invite à travailler sur la traite négrière en classe puzzle à partir d’une bande dessinée. « Cette proposition de scénario et la démarche choisie redonnent un rôle central aux acteurs, les esclaves eux-mêmes, montrent la multiplicité des résistances et le rôle des Africains dans ces…
La Cour des Comptes publie un intéressant rapport sur « la prévention insuffisante » du risque inondation en Ile-de-France. « L’agglomération parisienne est beaucoup moins protégée contre les grandes crues que d’autres métropoles internationales : le niveau de protection théorique concerne, pour la petite couronne, une crue de retour de 30 à 50 ans, voire…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud