L’Expresso du 28 novembre 2022
- Le fait du jour -
Invité le 25 novembre à participer à une table ronde sur l’innovation pédagogique organisée par Libération et Le Café pédagogique, Pap Ndiaye a longuement plaidé pour L’école du futur en réponse aux questions de Laurence De Cock et Laurent Reynaud. Interpellé par Kai Terada sur les sanctions contre des enseignants, interrogé par des enseignants à…
« Comment faire rimer éducation et innovation ? ». Vendredi 25 novembre, le Café pédagogique, en partenariat avec Libération et la MGEN, organise une journée de débats et d’échanges à l’occasion de ses vingt ans. De nombreux lauréats des précédents Forum de l’enseignant innovant ont fait le déplacement. L’occasion pour le Café pédagogique de rappeler…
Les résultats des évaluations nationales de CP, Ce1 et 6ème , conçues et organisées par l’Éducation nationale, plaident guère en faveur de la politique éducative menée sous le premier quinquennat Macron et poursuivie sous le second. Si les résultats sont meilleurs à l’entrée en CP, ils baissent à l’entrée en Ce1 en 2022 par rapport…
- Les disciplines -
Et si l’écriture scolaire prenait d’autres formes et supports que l’écriture sur copies doubles ? Au lycée Maximilien Perret d’Alfortville, Françoise Cahen a expérimenté avec ses 1ères un Objet Scolaire Non Identifié : le vidéopoème. Cette écriture créative est multimodale, à la fois visuelle, textuelle et audio. Elle suscite l’engagement de la génération YouTube, fait…
- Le système -
Apprendre le menottage n’est pas une bonne idée en CM1. Il a fallu plus de deux mois à l’Education nationale pour arriver à cette conclusion. Le 27 septembre, des élèves de CM1 et CM2 de trois écoles de Saint Denis (93) ont participé à une animation avec des policiers municipaux dans le cadre d’ateliers «…
La passation du test numérique de positionnement en anglais Ev@lang collège se déroule conformément aux modalités de la note de service du 29 novembre 2021 relative au test numérique de positionnement en anglais pour les élèves de troisième. Les périodes de passation du test en académie et l’ouverture des réservations des créneaux de passation à partir de la plateforme…
Cinq nouvelles écoles de production sont reconnues spar un arrêté publié au JO du 26 novembre. Dans ces écoles, les jeunes apprentis apprennent en produisant pour l’entreprise. Largement subventionnées par des grands groupes privés, comme Total, elles sont maintenant soutenues par l’État comme une alternative à l’Éducation nationale. Au JO Une école de production : Juralternance
« Après la 1ère pharse du 1er alinéa de l’article 1er de la Constitution, est insérée une phrase ainsi rédigée : « Elle ne reconnait , ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Proposée par le sénateur Pierre Ouzoulias (PC) cette proposition de loi constitutionnelle reviendrait sur la situation existant en Alsace Moselle. Et…
- La classe -
Le premier rapport de l’OHTE sur l’état de l’enseignement de l’histoire en Europe présentera un aperçu général de la manière dont l’histoire est enseignée dans ses États membres sur la base de données et de faits fiables. Le rapport sera publié d’ici à la fin de l’année 2023 et fournira des informations que les décideurs…
« Ce dossier aborde la question de la recomposition des rapports de pouvoir et d’autorité au sein du système scolaire en interrogeant dans leur globalité les relations à l’œuvre entre les différents acteurs de l’institution scolaire chargés de définir, encadrer et mettre en œuvre les politiques publiques censées répondre aux défis du temps » ,…
- L'élève -
« Le rapport au vote et les choix électoraux des jeunes ont été particulièrement scrutés lors de la présidentielle. La forte abstention a amené à s’interroger sur leur intégration et leur rapport à la vie politique institutionnelle », annonce Analyse set synthèses n°62, une revue de l’Injep. « L’enquête post‑électorale Youngelect 2022 met en lumière…
- Les disciplines -
Les fireboox sont de petits livres d’artistes, insérés dans des boites d’allumettes, pliés en accordéon, que l’on déroule pour en découvrir le contenu. C’est le format utilisé par Nadia Gilard, professeure au lycée Elie Vinet à Barbezieux-Saint-Hilaire, pour des écritures d’appropriation en 2nde autour du récit La Place d’Annie Ernaux. La séquence veut interroger la…
Professeure de lettres au collège Didier Daurat à Mirambeau, Aurore Delubriac a amené ses élèves à travailler la lecture à voix haute par un joli projet créatif et collectif. Les élèves s’inspirent du poème « Iles » de Blaise Cendrars pour « faire émerger l’île de leur rêve », travaillent la lecture à voix haute…
L’Enseignement Conjoint des Langues Anciennes (ECLA) invite les élèves à explorer les ressemblances, différences et complémentarités des littératures, civilisations et langues latines et grecques. Sur le site Lettres de l’académie de Normandie, Isabelle Bouyssou, enseignante au lycée Galilée de Franqueville Saint-Pierre, partage en ce sens de riches ressources : un manuel bilingue, une progression annuelle…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud