L’Expresso du 30 novembre 2022
- Le fait du jour -
De 7% du PIB en 2020, la dépense intérieure d’éducation passe à 6,8% en 2021. Mais ce recul correspond en fait à un retour à la normale des années 2000. Depuis les années 1990, cette même dépense, qui correspond à l’effort national consenti par le pays (ménages inclus) pour assurer le fonctionnement du système éducatif,…
Faut-il revenir sur les instances qui régissent les rapports entre l’Etat et les collectivités territoriales en matière d’éducation ? Un rapport des inspecteurs généraux Jean-Marie Panazol et Martine Gustin-Fall y invite. Alors que les collectivités territoriales couvrent un quart de la dépense intérieure d’éducation, qu’elles sont amenées à réagir dans l’urgence aux crises qui secouent l’Ecole,…
- Les disciplines -
Professeur des écoles en cycle 3 à l’école la Roche des Grées de Messac-Guipry (35), Erwan Vappreau, lauréat du Forum des enseignants innovants à plusieurs reprises, était invité à l’après-midi de débats autour de l’innovation organisée par le Café pédagogique et Libération vendredi 25 novembre. C’est l’occasion de brosser le portrait de cet enseignant aux…
- L'élève -
‘Après un combat acharné contre une tortue démoniaque, cinq justiciers qu’on appelle les ‘Tabac Force’ reçoivent l’ordre de partir en retraite pour renforcer la cohésion de leur groupe qui est en train de se dégrader. Le séjour se déroule à merveille jusqu’à ce que Lézardin, empereur du Mal, décide d’anéantir la planète’. Une ‘guerre des…
- Le système -
« La forte inflation accélère la dégradation du niveau de vie de l’ensemble du monde du travail. Dans la fonction publique, la revalorisation de 3,5% de la valeur du point d’indice est en deçà de l’urgence à relever l’ensemble des rémunérations d’au moins 10% immédiatement », écrivent dans un communiqué commun la Fsu, FO, la…
« Il faut que ça s’arrête », écrit la CGT après la publication des résultats des évaluations nationales. « Le ministre ne reconnait pas l’échec de la politique pédagogique Blanquer… Les personnels n’ont pas besoin de ces évaluations standardisées pour connaitre leurs élèves… Non, l’accès à la lecture ne peut pas se faire par des…
« Les mobilisations réussies dans la voie professionnelle ont obligé le ministère de l’Éducation nationale à organiser une concertation avec l’intersyndicale, toujours engagée pour exiger le retrait du projet de réforme des lycées professionnels. Le ministère a enfin dû entendre la parole des personnels lors de la première réunion, vendredi 25 novembre », écrit l’intersyndicale.…
« Actuellement, dans les classes de terminale de Mayotte, une partie des élèves se projette dans l’avenir…, pendant qu’une autre partie les regarde, spectateurs impuissants de l’impasse dans laquelle ils se trouvent ». Le Se Unsa revient sur les violences à Mayotte et fait le portrait d’une jeunesse en partie désespérée, car arrivée illégalement sur…
Quatre Dasen changent de département et une cheffe d’établissement est nommée Dasen adjointe. Dominique Poggioli, dasen de la Loire, passe en Corse-du-Sud. Arnaud Leclerc, dasen des Deux Sèvres, passe en Haute-Garonne. Frédéric Fulgence, dasen des Pyrénées-Orientales, est nommé en Hauts-de-Seine. Thierry Aumage, dasen des Hautes-Pyrénées , est nommé en Ardèche. Enfin, Valentine Conraux, personnel de…
- La classe -
Le Café pédagogique vous invite à la table ronde « L’école pour tous, oui. Mais comment ? » le mercredi 30 novembre au salon Educatech à Paris – Porte de Versailles. Philippe Champy, Roger-François Gauthier (auteurs de « Contre l’école injuste ! »), Marc Douaire (Président de l’Observatoire des Zones Prioritaires) et Jean-Yves Rochex (Professeur émérite de…
Du 29 novembre au 3 décembre se déroule la 18ème édition du festival international du film d’éducation à Évreux. 31 films courts et moyens métrage en compétition – issus de plus de 18 pays – avec la présence de nombreux réalisateurs. 29 films pour les jeunes publics dont le très beau film d’animation « La…
- Les disciplines -
Circum Cantum propose aux écoliers toute une histoire du Moyen Âge en chansons. Le site propose 9 épisodes accompagnés de leurs karaokés médiévaux et de leurs dossiers pédagogiques en bande dessinée. C’est à la fois une découverte des chants, des bâtiments, de la société médiévale, le tout au rythme des enfants. Réalisée par l’ensemble de…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud