L’Expresso du 4 janvier 2023
- Le fait du jour -
Dans son dernier rapport, « L’Europe de l’éducation en chiffres 2022 », la DEPP brosse le portrait des professeurs européens. L’occasion de faire le point sur le profil, les conditions d’exercice et les salaires des enseignantes et enseignants français en comparaison avec leurs homologues des pays de l’Union Européenne. Un métier majoritairement féminin Dans le premier…
- Le système -
Une tribune de l’OZP (Observatoire des Zones Prioritaires) Dans une tribune récente donnée au journal « Le Monde », le ministre en charge de l’éducation nationale indique comme deuxième exigence de son action sur trois « l’égalité des chances ». C’est dans ce cadre qu’il indique vouloir travailler la question de la mixité sociale et engager une révision de…
- Les disciplines -
À la découverte du jardin de l’école de Millay Cristine Géobard, enseignante à l’école Yvonne Moreau à Millay (58), initie ses 22 élèves de Cm1 et Cm2 à l’écriture journalistique. Ils publient un texte dans le dernier numéro du « Journal des Twittclasses ». Un exercice qui permet de travailler des compétences de maitrise de…
- L'élève -
Quelle connaissance avons-nous de l’existence et du rôle dans notre histoire commune des ‘tirailleurs’, ce corps de militaires composé de soldats africains du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne au sein de l’Empire colonial français, dont le 1er bataillon créé par décret impérial remonte à juillet 1857 ? Depuis « La Vie en grand » [2015], le réalisateur Mathieu…
- Le système -
Alors qu’élèves et enseignants retournaient sur les bancs de l’école mardi 3 janvier, plusieurs établissements ont reçu des alertes à la bombe ou aux explosifs. A Tinténiac, en Ille-et-Vilaine (35), la direction du collège Saint-Joseph La Salle a alerté la gendarmerie après avoir reçu une menace d’attentat à la bombe. Par précaution, les 800 élèves…
Dans un communiqué de Presse, la Société des agrégés « exige une revalorisation financière du métier de professeur et s’oppose à la réforme annoncée des retraites ». Elle dénonce la « situation critique de l’enseignement », « la crise profonde du recrutement » qui auraient justifié une large consultation. « Le Comité a rappelé la nécessité d’une revalorisation substantielle des traitements…
- La classe -
- L'élève -
Gaumont met à disposition des professeurs de collège et lycée – de la troisième à la Terminale – un dossier pédagogique pour exploiter le film « Les tirailleurs. Il présente des activités en lien avec les programmes scolaires en histoire, en enseignement moral et civique, en Histoire-Géographie-Sciences Politiques et géopolitique. Un dossier conçu par des enseignants…
- Les disciplines -
Le nouveau numéro du Journal des Twittclasses vient de paraître. « Après une formidable première saison suivie par 54 classes de France et du monde, la saison 2 débute avec 70 twittclasses inscrites au projet. Plaisir ! Nous sommes ravis d’accueillir de nouvelles classes pour ce projet… et de continuer avec une quarantaine de classes…
L’Arbre à défis est un jeu proposé par l’association Enquête dont l’objet est de promouvoir la laïcité par la découverte du fait religieux pour un meilleur vivre ensemble. Un outil testé dans de nombreuses écoles et qui permet d’aborder plus sereinement l’éducation à la laïcité avec les élèves. Si vous êtes enseignant ou enseignante…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud