Enfin. À quelques heures de la fin des classes, la circulaire de rentrée est publiée au Bulletin Officiel. Elle comporte cinq parties et plus qu’une feuille de route, elle vient rappeler les successions d’annonces qui seront à mettre en œuvre dès septembre prochain.
Faire de l’École un espace protecteur
« La priorité absolue de notre action pour cette nouvelle année scolaire réside dans une lutte implacable contre le harcèlement sous toutes ses formes » écrit le ministre. « L’École doit protéger les élèves par tous les moyens possibles ». À cette fin, il rappelle les différents outils à disposition des équipes pédagogiques. Numéros d’alerte à diffuser par voie d’affichage, sur les espaces numériques de travail et dans les carnets de liaison. Déploiement du programme pHARe dans tous les écoles, collèges et lycées pour « une couverture complète de toute la scolarité de l’élève ». Désignation d’un référent harcèlement dans chaque collège. Mobilisation du nouveau cadre règlementaire pour changer d’école un élève auteur de harcèlement.
Pap Ndiaye rappelle aussi l’importance de lutter « contre toutes les formes de pression ou de prosélytisme », et « de veiller au respect des valeurs de la République ». « Pas plus que dans le reste de la société, le racisme, les discriminations, le sexisme n’ont leur place à l’École : ils doivent y être combattus, et en tant que de besoin, sanctionnés » ajoute-t-il. « Il en va de même pour le respect de la laïcité : principe destiné à protéger la liberté de conscience de nos élèves, il ne peut souffrir de remise en cause, notamment des contenus d’enseignement, et doit donc être expliqué, promu et protégé contre toute atteinte à son endroit ».
Le ministre accorde aussi quelques lignes à la protection des personnels. « La remise en cause de leur enseignement, les menaces ou agressions physiques et verbales font et feront l’objet de l’octroi systématique de la protection fonctionnelle, d’un accompagnement au dépôt de plainte et de sanctions disciplinaires systématiques lorsqu’elles seront commises par des élèves ».
Savoirs fondamentaux et réussite dans les apprentissages
« Notre système scolaire connaît, pour la première fois depuis plus de deux décennies, une amélioration des résultats des élèves » se satisfait l’occupant de la rue de Grenelle. Il rappelle la création en janvier dernier des conseils académiques des savoirs fondamentaux qui désigneront les grandes orientations des actions menées dans chaque académie. Les « Plans mathématiques et français », seront maintenus et étendus au collège. Le « Plan maternelle » sera déployé avec « le triple objectif d’assurer le bien-être des élèves, de donner les mêmes chances de réussite à tous et de garantir des apprentissages ambitieux et adaptés ». À l’école élémentaire, rien de nouveau. Si ce n’est le rappel des circulaires de janvier 2023 sur « la pratique régulière, systématique et conséquente de l’écriture doit être au cœur des apprentissages, au même titre que la lecture et le calcul ».
« Le collège connaîtra pour sa part, à la rentrée, deux évolutions majeures » déclare le ministre. « La première est la mise en place de la nouvelle sixième, avec une heure hebdomadaire de soutien ou d’approfondissement ainsi que l’extension obligatoire du dispositif « Devoirs faits » à tous les élèves ». Les séquences de soutien et d’approfondissement seront aussi assurées pour tous les élèves de sixième afin de « créer un continuum école-collège dans la classe et autour des pratiques pédagogiques ». Nouveauté au cycle 4, la généralisation de la découverte des métiers dans tous les collèges.
Au lycée général, comme annoncé par Emmanuel Macron, « les élèves n’ayant pas choisi la spécialité mathématiques en première suivront obligatoirement une heure et demie de mathématiques dans le cadre des enseignements de tronc commun ».
« Au lycée professionnel, l’objectif est de réduire le décrochage, d’améliorer l’insertion professionnelle et la poursuite d’études des lycéennes et lycéens professionnels » écrit Pap Ndiaye. « En termes pédagogiques, le travail en groupes à effectifs réduits en français et en mathématiques sera mis en place en seconde et des enseignements optionnels seront proposés aux lycéens, qui pourront ainsi choisir des enseignements d’ouverture correspondant à leurs appétences. Ces deux mesures seront généralisées à tous les lycées professionnels à la rentrée 2024. En termes d’articulation avec le monde professionnel, les élèves bénéficieront d’une allocation au titre des périodes de formation en milieu professionnel, et les lycées professionnels et lycées polyvalents seront tous dotés d’un bureau des entreprises ».
De la France rurale aux quartiers 2030
Le ministre rappelle l’engagement d’Élisabeth Borne, d’un dialogue triannuel « afin de partager un diagnostic avec les élus locaux sur la situation et les perspectives d’ouverture ou de fermeture de classes ». Dans les « Quartiers 2030 », le ministre reprend les annonces présidentielles : « développement de l’accueil des tout-petits ; extension des horaires d’accueil au collège, afin de travailler sur le continuum entre temps scolaire et temps périscolaire ; renforcement des stages de réussite pendant les vacances scolaires ; extension des cités éducatives ». Pour autant, on imagine mal une mise en place à la rentrée. Alors que le Plan mixité est un échec, Pap Ndiaye écrit que la « recherche d’une plus grande mixité sociale et scolaire doit s’imposer comme une évidence. Je demande donc aux recteurs de veiller : ouverture de nouveaux dispositifs pédagogiques attractifs (sections internationales, classes bilangues, classes à horaire aménagés, etc.) ; accompagnement des collectivités territoriales dans les démarches de resectorisation ; politique volontariste en matière de dérogation à la carte scolaire pour les élèves boursiers, indépendamment de leur niveau scolaire ». Il rappelle le bénéfice automatique des bourses pour la rentrée 2024.
Ouverture des élèves sur le monde
Le ministre dit l’importance de l’éducation à la sexualité, qui doit s’appuyer « sur les savoirs, le droit et le développement des compétences psychosociales » afin de « favoriser des comportements responsables, contribuer à construire une culture de l’égalité et du respect mutuel ». Pour accompagner les élèves en souffrance, il annonce un protocole sur la santé mentale dans chaque établissement « afin de définir clairement les missions de chaque acteur dans l’établissement pour mieux prendre en charge les adolescents et réagir efficacement face aux situations complexes ». Pour ce qui est de la découverte culturelle, « la part collective du pass Culture sera étendue aux classes de sixième et de cinquième » écrit-il. Sur le SNU, une seule phrase. « En complément des enseignements, la nouvelle démarche de labellisation des « Classes et Lycées engagés » viendra valoriser et accélérer la dynamique en faveur de l’engagement, notamment dans le cadre des séjours de cohésion du Service national universel (SNU) ».
Jeux olympiques, paralympiques et sport
Le dispositif « Deux heures de sport en plus » est étendu pour concerner 10 % des collèges à la prochaine rentrée. « Les Jeux olympiques et paralympiques ont vocation à servir de « fil rouge » à cette année scolaire : les événements qui ponctuent l’année scolaire intégreront tout particulièrement cette dimension (parcours de la flamme olympique, journée du sport scolaire, etc.) » déclare le ministre
CNR Éducation « Notre école, faisons-la ensemble »
« L’éducation nationale est forte de son unité et d’un cadre national permettant à tous les élèves de bénéficier des mêmes apprentissages » écrit le ministre. « Mais elle est tout aussi forte de sa capacité à adapter les conditions d’apprentissage aux besoins des élèves, et des innovations pédagogiques portées par ses professeurs ». Il reconnaît que cette nouvelle dynamique « constitue une profonde évolution culturelle pour les administrations centrales comme pour les autorités académiques, mais elle est la condition sine qua non d’une transformation des pratiques pédagogiques fondée sur la confiance accordée aux équipes ».
Pour Pap Ndiae, « à l’échelle d’une école ou d’un établissement, la combinaison du Pacte enseignant et du CNR Éducation offre une opportunité inédite de rémunérer les professeurs pour effectuer des missions complémentaires jusqu’à présent peu valorisées financièrement, et de leur donner les moyens matériels de mettre en œuvre leur projet. Associés à un changement de culture consistant à soutenir les initiatives locales plutôt qu’à les réglementer, ils nous permettront de construire une École plus juste, parce que plus exigeante, plus protectrice, et plus adaptée aux réalités de notre territoire, et un service public d’éducation plus efficace ».
Cette circulaire n’apporte aucune nouvelle information. Il fut un temps, la circulaire de rentrée était un texte attendu par les équipes pédagogiques. Elle fixait les grandes orientations et cadrait le travail des équipes . Mais ce temps est bel et bien révolu. Ce texte n’est rien d’autre qu’un catalogue des différentes annonces du gouvernement. Pas vraiment un outil de travail…
Lilia Ben Hamouda