Editorial : Quelques raisons d'espérer 

François JarraudNombreux sont ceux qui se battent pour l'Ecole.


Certes, les occasions de découragement ne manquent pas.


Et nous avons particulièrement senti, depuis cette rentrée, le poids de ce sentiment dans les établissements. On pourrait faire la liste de ses raisons : programmes de plus en plus encyclopédiques et démotivants, budgets formation de plus en plus réduits, autoritarisme ambiant, détérioration accentuée du climat dans les établissements les plus difficiles du fait de la désectorisation, absence de perspective de carrière pour les enseignants, d'avenir pour les jeunes, suppressions de postes qui vont maintenant frapper au cœur des établissements et qui proclament le refus d'investir dans l'avenir  des jeunes et dans le présent de l'Ecole. Tout cela remet en question le métier d'enseignant et obscurcit les perspectives. Dans le climat d'inquiétude qui s'installe dans le pays, l'Ecole a pris une longueur d'avance.


C'est comme s'il n'y avait pas de grève.


Pourtant en parcourant ce nouveau numéro du Café mensuel, on se rend compte que les enseignants persévèrent et continuent à produire des ressources, à imaginer des scénarios pédagogiques pour pousser les jeunes à progresser. Ainsi en français, on voit que les enseignants se sont emparés de l'enseignement d'exploration "littérature et société" alors même que le ministère accompagne très peu son déploiement. En allemand, ce sont les univers virtuels qui sont utilisés pour prendre ses cours. En SES, le site mutualiste Brises prépare une refonte complète de ses contenus de seconde. A lire les parties disciplinaires de ce mensuel, c'est comme si les grèves n'avaient pas eu lieu ! L'Ecole arrive à la fois à lutter pour ses valeurs, peut-être plus encore que pour la retraite, et à mener le combat éducatif. 


Le Café mensuel consacre un dossier à la réforme du collège.


Du rapport Grosperrin au HCE, c'est bien l'exigence d'un socle commun et d'une grande "école du socle", associant, dans des formules à définir, l'école et le collège, qui s'imposent comme une évidence. On pourra déplorer que 5 années aient été pratiquement perdues depuis la loi de 2005 pour arriver au déploiement  purement bureaucratique actuel. Chaque étude qui sort redonne inlassablement le cap, tout simplement parce qu'il est conforme à l'intérêt général. Certes, alors même que le Haut Conseil de l'Education rendait son rapport sur le collège, impulsant une nouvelle dynamique au socle commun, l'Elysée saluait à sa façon le rapport en demandant le déploiement de dispositifs particuliers, c'est-à-dire justement pas "communs". Ce qui compte c'est l'implacable convergence des analyses.


Vers un "après"


La capacité des enseignants à inventer des solutions et à hiérarchiser les exigences entre l'éducatif et le reste, les pressions de tous ceux qui veulent empêcher le bateau de sombrer, les efforts des acteurs locaux (on peut citer en exemple le conseil général de Seine-Saint-Denis) tout cela dessine un "après". Dans cet après, le "tout est possible" démagogique n'aura pas cours. Mais il y aura des possibles. Il reste à les préparer.


François Jarraud



Sur le Web
Par fgiroud , le dimanche 24 octobre 2010.

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