Editorial : L'innovation peut-elle sauver l'Ecole ? 

L'innovation pédagogique est omniprésente dans ce nouveau numéro du Café mensuel. Déjà parce que le 4ème Forum des enseignants innovants, qui s'est tenu à Lyon les 20 et 21 mai, nous a obligé à reporter d'une semaine sa publication. Ensuite parce que, dans l'enthousiasme de ce retour, chaque discipline a largement puisé dans les projets présentés au Forum pour montrer la vigueur des disciplines.

 

Le Forum a été un formidable tableau des initiatives qui colorent et animent le système éducatif. Quelque chose qui emprunte aux impressionnistes des couleurs, du désir, de nouvelles façons de voir et de transmettre. Qu'il s'agisse de twitter en primaire, de la philo en Segpa, de la danse en EPS, du projet Oulipo en français, par exemple, on retrouve  la grande richesse et l'inventivité des enseignants.

 

Mais toute cette énergie est à mettre en parallèle avec l'actualité du système éducatif, largement présentée dans ce numéro, qui est tout sauf rose. Une vague mauvaise s'abat sur les profs outre-Atlantique et finit par s'échouer en Angleterre avec une nouvelle législation qui facilite leur licenciement. En France, elle est perceptible dans les débats du Sénat où on voit se profiler une forme de privatisation de l'Ecole. C'est aussi la mise à mal (à mort ?) de l'enseignement prioritaire, ce fondement de l'école démocratique. Dans les classes c'est l'enterrement de l'approche par compétences, définitivement discréditée par l'application cauchemardesque qu'en fait l'institution scolaire, et la mise à mal d'un  socle de compétences sur lequel se penchent décidément de drôles de fées.

 

Pas de synthèse dans cet univers scolaire. Alors que l'institution s'apprête à réunir, les 31 mai et 1er juin, ses premières Journées de l'innovation , dans la foulée du Forum des enseignants innovants, on a envie de croire que l'Ecole penche du coté de la pédagogie. Juste un moment oublier les frustrations et les menaces du quotidien. Ce n'est pas rien.

 

Si l'innovation ne peut effacer les restrictions budgétaires et les difficultés de toutes sortes qu'affronte l'Ecole, elle contribue fortement à maintenir son projet humain et citoyen. C'est ce que nous dit, par exemple, "Bubul", le nouveau projet de Monique Argoualc'h. Ses élèves de classe relais, rejetés par l'Ecole et qui le lui rendent bien, deviennent de vrais passeurs intergénérationnels. L'innovation vaut par ses résultats. Mais ceux-ci n'existent que par les valeurs qui la mettent en oeuvre.

 

François Jarraud

 

Bubul :

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2011/Lists/Bille[...]

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Par fjarraud , le lundi 30 mai 2011.

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