Informatique et progiciels en éducation et en formation 

Cet ouvrage est avant tout le compte rendu du colloque Didapro 3 qui s'est déroulé en 2008. C'est pourquoi il est constitué d'un ensemble de communications qui sont regroupées en thématiques qui, rassemblées entre elles tentent d'éclairer une question centrale, transversale aux communications présentées. Cette problématique principale est posée en page 65 de l'ouvrage dans la communication de Eric Delamotte intitulée "Enseigner l'informatique, enseigner la culture informationnelle (p 59-65) : "Les problèmes des élèves tiennent pour partie aux difficultés qu'ils éprouvent à se construire des représentations globales des systèmes qu'ils utilisent en raison d'utilisations partielles menées dans des contextes disciplinaires"


Cinq parties constituent les thématiques qui tentent de répondre à cette question.


 La première essaie de mettre en évidence "la place de l'informatique dans l'enseignement obligatoire". Le partie pris des auteurs est résolument orienté pour une intégration d'un enseignement de l'informatique comme discipline non pas seulement dans la scolarité obligatoire mais aussi au lycée. Ce thème situé dès l'introduction générale de l'ouvrage dans sa dimension historique est traité ici de manière volontariste, les auteurs cherchant à mettre en évidence la nécessité de l'informatique comme élément de la culture générale. Cependant la difficulté à cerner le niveau d'intégration transparait progressivement dans les communications proposées.


La deuxième partie consacrée à l'enseignement supérieur ne se situe pas sur le même registre. En effet le C2i niveau 1 ayant un contenu essentiellement technique mais pas purement informatique, il pose indirectement cette question par le fait que la mise en oeuvre de cette certification est loin d'être homogène aussi bien dans son application que dans ses résultats. La création du C2i en France correspond aussi au travail mené dans certaines Hautes Ecoles en Suisse, mais moins contraint par un référentiel imposé de l'extérieur. Ce qui est montré ici est que s'il est tout à fait possible d'imposer des modules d'enseignement liés aux technologies informatiques et internet, on est confronté à la question des contenus qu'il convient d'enseigner à tout étudiant. On regrettera que dans cet ouvrage n'ait pas été tentée la mise en relation de la problématique de l'enseignement scolaire avec celle de l'enseignement universitaire pour définir ce que devrait être la culture informatique et internet de tout étudiant ayant atteint un niveau de Licence. La désaffection de nombre d'étudiants (comme le montre Jacques Audran, corroborant les statistiques d'autres universités comme Lyon ou Poitier) face à cette certification interroge évidemment sa pertinence et sa cohérence.


Les trois autres parties vont transporter le débat autour d'une part de progiciels dans des contextes disciplinaires et d'autre part de la question du tableur en général et du tableur dans le cadre de l'enseignement des statistiques. L'intérêt particulier de ces trois parties est de mettre en évidence la question de l'intégration des compétences techniques informatiques dans des enseignements qui font usages de celles-ci mais dont ce n'est pas l'objet. Elles révèlent toutes les trois le problème du passage que doivent faire les élèves d'une pratiques usuelle des technologies à une pratiques située et contrainte. Or le prétexte constant de l'ouvrage, qui est aussi présenté en quatrième de couverture : les pratiques informelles ne suffisant pas il faut penser la formation, est au coeur de l'analyse de ces pratiques d'apprentissage avec ces instruments. Le tableur est un cas particulièrement intéressant car il ne fait pas partie des outils utilisés de manière usuelle par les jeunes dans leur quotidien. C'est pourquoi il est nécessaire d'en faire un enseignement structuré, mais aussi contextualisé aux usages requis. Ces différents exemples montrent bien que c'est le contexte d'usage envisagé dans la situation didactique mais aussi en lien avec un réinvestissement ultérieur qui définit le référentiel de formation technique. La communication de Françoise Porte concernant la méthodologie d'enregistrement d'écrans ainsi quelle celle de Vassili Komis et Marioleni Parissis sur l'enregistrement vidéo sont un apport intéressant pour suggérer aux chercheurs des pistes pour comprendre ce que signifie l'acquisition et le développement de compétences dans des domaines comme ceux de l'utilisation du tableur. L'importance de cette dimension méthodologique tient au fait qu'elle met en évidence que pour passer de compétences usuelles à des compétences adaptées à des situations, il y a des cheminements que l'on peut observer de manière fine et qui sont des ressources précieuses pour envisager une didactique de ces outils.


L'ensemble des communications consacrées au tableur pour l'enseignement des statistiques est particulièrement intéressant. L'apport principal de ce chapitre est de montrer comment le contenu (statistique) efface rapidement l'outil (le tableur ou le logiciel statistique).Du côté des étudiants cela montre en particulier l'importance de la compréhension des traitements automatisés, non pas sous leur angle informatique mais sous celui de la modélisation ou de l'équation mathématique. Ainsi intégrer le tableur dans de tels enseignements n'aurait plus rien à voir avec un enseignement de l'informatique.


Cet ouvrage, à l'instar de beaucoup d'autres actuellement et dans d'autres domaines, est une compilation de communications dont le lien, même si les coordinateurs tentent de le faire, n'est pas aussi évident qu'il y paraît. Du coup la difficulté de lecture tient au fait que l'argumentation générale ne retrouve que des échos partiels dans les communications proposées. Cette tendance à la publication d'actes de colloque n'est pas nouvelle mais est devenue presque un rituel. Or l'intérêt de tels ouvrages pour des lecteurs non spécialistes y perd beaucoup alors que certaines des problématiques évoquées dans cet ouvrage mériteraient des communications au delà du seul cercle des universitaires chercheurs. Eternel problème du passage entre recherche et pratiques professionnelles surtout dans le domaine de l'enseignement, que cet ouvrage ne permettra pas de franchir.


Bruno Devauchelle


Informatique et progiciels en éducation et en formation, sous la dir de Georges Louis Baron, Eric Bruillard, Luc Olivier Pochon, ENS, INRDP, INRP, Lyon 2009.


Présentation

http://www.inrp.fr/publications/catalogue/web/Notice[...]




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Par fjarraud , le jeudi 15 octobre 2009.

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