L'école en France de 1945 à nos jours 

Par Marcel Brun


Comment se repérer dans les évolutions de l’Ecole, pour en comprendre l’évolution sans se noyer dans les détails factuels ni ramener cette évolution à une pensée toute faite assortie de quelques qualificatifs définitifs ?


Ce pourrait être le titre du dernier ouvrage d’André D. Robert, « l’Ecole en France de 1945 à nos jours ». En décortiquant les « politiques scolaires » et le jeu des acteurs sociaux depuis la fin de la seconde guerre mondiale, André D. Robert donne à voir les processus de décision, sous la pression économique ou politique, des « Trente Glorieuses » aux « Vingt Piteuses », avant le règne de la RGPP triomphante.  Se gardant de vouloir succomber « à l’illusion rétrospective du finalisme » où tout s’enchaîne et se construit logiquement, l’ouvrage permet de comprendre comme s’infléchit la relation entre la Nation et son Ecole, de l’Etat éducateur au fourre-tout de l’Egalité des Chances , avec le renforcement de la pression des institutions internationales, de la « gouvernance » et de l’initiative privée.


 Dans la « confusion des missions de l’Ecole », désormais chargée de tout et son contraire, l’empilement des réformes ne fait plus sens pour les acteurs, et l’école résiste très mal à la pression sociétale individualiste, libérale et consumériste. Le nombre des « laissés pour compte » stagne, voire s’accroit à près d’un élève sur cinq. Pourtant, « la crise de l’Ecole vient de son succès », reprend à son compte l’auteur constatant le poids grandissant des « requis scolaires » pour l’insertion sociale et professionnelle. Au point que certains dénoncent désormais « l’inflation scolaire ».


Loin d’être réservé à la lecture des spécialistes, cet ouvrage peut contribuer à redonner sens à l’engagement quotidien de tous ceux qui s’échinent à croire, au delà de la césure entre « républicains » et « pédagogues », que l’Ecole de la République peut être moins ségrégative, moins reproductrice des inégalités et privilèges sociaux.


Même quand les dernières années semblent aller à l’envers de ce chemin, André Robert précise ses « convictions pour aborder l’avenir » : l’Ecole a besoin de politique, au sens noble du terme, pour réduire l’écart entre les inconciliables, et donner sens aux mots de Camus dans sa référence à celle mise en œuvre par l’instituteur M. Germain : « Dans les autres classes, on leur apprenait sans doute beaucoup de choses, mais un peu comme on gave les oies […] Dans la classe de M. Germain, pour la première fois ils [les élèves] sentaient qu’ils existaient et qu’ils étaient l’objet de la plus haute considération : on les jugeait dignes de découvrir le monde »


Marcel Brun


André D. Robert, L’école en France de 1945 à nos jours,  Presse Universitaire de Grenoble, 19 Euros

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Par fjarraud , le mercredi 20 octobre 2010.

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