A la une : Rencontre avec Natalia Roudneff 

Par Antoine Maurice



Ce mois-ci, le café pédagogique a rencontré Natalia Roudneff, elle est l’auteur du site « EPS sport figurines 3D » et « tice et eps » qui proposent une véritable mine d’outils pour l’enseignement de l’eps et l’animation d’image de sport.

 

Pouvez vous s’il vous plaît nous présenter rapidement vos sites ?

Ces 2 sites sont à la fois liés et complémentaires : le premier est un recueil foisonnant d’images 3D ayant un rapport avec l’EPS, où toutes sortes de personnages pratiquent tous les sports possibles, de l’acrosport au volley ball. C’est la compilation patiente d’exercices utilisés dans des préparations de cours ou réalisés à la demande de collègues de l’académie de Créteil : plus de 2000 images, destinées à tous ceux qui veulent illustrer des documents ou leur site web.

Le second est une version plus organisée et réfléchie du premier, plus sérieuse sans se vouloir ennuyeuse : les figurines sont intégrées dans des fichiers flash, ce qui les rend interactives.

Dans ces applications, les personnages peuvent être choisis, puis déplacés par glisser/déposer afin de créer soi même ses schémas d’exercice, que l’on soit enseignant ou élève, avant, ou pendant le cours, pour peu que l’on dispose d’un ordinateur dans le gymnase.

Une fois l’exercice validé, l’élève peut aller le mettre en pratique sur le terrain, ce qui optimise vraiment le temps de travail (gain de temps et d’efficacité).




Pouvez-vous expliquer ce qu’est la technologie flash ? Et quel est son intérêt ?

Flash est une des solutions les plus populaires et conviviales pour intégrer des animations, de la vidéo ou des objets interactifs à n’importe quel fichier. Ce format est intéressant car tout le monde est déjà familiarisé avec son utilisation au travers de jeux sur internet, de plus chaque ordinateur est déjà équipé du player, la prise en main des applications est donc facilitée.

Le principe est simple : l’ objet (une image 3D en png, à fond transparent ) est converti en symbole (nommé en fait) et un code, l’ActionScript, lui indique alors ce qu’il doit faire si telle action de souris ou de clavier se produit.

Le point faible de cette technologie, en tout cas pour l’ActionScript 2, est la difficulté à enregistrer sa composition. On doit réaliser une copie d’écran pour obtenir une image en jpeg ou utiliser l’imprimante PDF, ce qui permet de recadrer directement son image (conseil de Patrick Messin).



Sans rentrer directement dans les détails : Comment justement faites vous pour faire ces figurines ? Quel temps cela représente ?

Les figurines en 3D sont réalisées dans POSER 7, un logiciel qui propose des personnages articulés, facilement customisables tant au niveau des « morphs » (forme générale) que des textures (aspect physique).

La réalisation d’une image prend entre 20mn et 1 heure, en fonction de la complexité du mouvement souhaité, des éclairages, de la qualité des textures, et du temps de calcul de rendu de l’ordinateur. J’utilise ensuite photoshop pour l’ajout de texte ou d’effets spéciaux.

Les images 3D sont particulièrement utiles pour réaliser ses documents car on a des postures parfaitement réalistes sans risquer les problèmes de droit à l’image inhérents aux photos de personnages réels.

           

Comment est née cette démarche ? Y a-t-il une expérience fondatrice de votre travail ?

Les facteurs sont multiples, naturellement, mais les 5 années passées dans un collège difficile de REP, à Scionzier (74), m’ont convaincu qu’il fallait souvent se remettre en cause si l’on voulait la réussite de tous les élèves, et que le recours à l’image pouvait être un bon moyen de résoudre certains problèmes de compréhension et d’attention, notamment chez les enfants primo arrivants.

La parution des nouvelles instructions officielles de collège m’a ensuite conforté dans cette démarche, en phase avec certains objectifs du socle commun : compétence 4, (utilisation outils informatiques, d’images) et compétence 7(agir de manière autonome) 

 L’occasion m’était également donnée de pouvoir contribuer à la formation des jeunes en vue du B2i étant moi-même férue d’informatique.

Par la suite, la diffusion sur internet des images et de mon travail en général, m’a semblée naturelle, ayant moi-même grandement bénéficié des ressources des sites académiques, des travaux de François Gabel, et du Forum « PEPSTEAM », le site d’échange des enseignants d EPS, pour n’en citer que quelques uns.




Vous avez évoqué que le recours à l’image pouvait être un bon moyen de résoudre certains problèmes de compréhension et d’attention ! Avez vous des exemples de terrain ? Et quelle place justement accorder à l’image et pourquoi ?

En EPS, plus particulièrement dans les activités gymniques, on perd beaucoup de temps en début de séance à expliquer l’installation des zones de travail, à démontrer les exercices et leur complexification ; Les élèves les moins scolaires « décrochent » ou s’agitent. Une fois en place ils n’exécutent pas ce qui est espéré, ou n’ont pas intégré les consignes de sécurité.

Il y a quelques années, j’ai utilisé des schémas 2D avec l’équipe EPS de l’époque : nous avions réalisé des plans pour l’installation des ateliers, et des fiches illustrées à partir de   dessins d’éléments gymniques de l’UNSS. Une progression avait été établie de la 6ème à la 3ème, commune à l’équipe, qui avait pour but de donner aux enfants de vrais repères.

Ce système permettait de reconquérir du temps de pratique, mais ce n’était pas toujours satisfaisant : les élèves les plus jeunes ainsi que les dyslexiques n’arrivaient pas à installer les ateliers dans le bon sens, et je ne parle pas du rangement ! (problème pour identifier le haut et le bas sur un plan). Au cours de la leçon, J’ai même observé des élèves qui tentaient d’effectuer une roulade à 2 alors qu’il s’agissait de la décomposition du mouvement.

L’image 3D m’a permis par la suite d’améliorer la qualité des fiches de travail, avec l’énorme avantage de pouvoir représenter un même mouvement sous plusieurs angles, avec un rendu vraiment réaliste, tout en rajoutant des flèches afin de mieux expliciter l’exercice. J’ai pu constater que les élèves étaient plus motivés, et faisaient plus attention à leur document, appréciant les efforts déployés à leur intention : ils progressaient davantage.




Y a-t-il certaines APSA où l’image a plus d’utilité que d’autres ?

C’est surtout pour l’acrosport que cet outil a prouvé tout son intérêt : on a constaté un véritable gain d’efficacité pour l’apprentissage, car le recours à la construction de la figure sur l’ordinateur évite de nombreux essais infructueux, voire même dangereux. Les acquisitions sont plus solides car effectuées d’une manière active, les mêmes exercices ne sont plus imposés à tous quel que soit leur niveau. On peut également aller dans le sens d’un apprentissage de la sécurité, en planifiant à l’avance les figures, en établissant concrètement grâce à l’application la place et le rôle de chacun.

La gestion de la classe est modifiée : les jeunes gagnent en autonomie, l’enseignant est libéré d’une partie des tâches d’explications collectives et peut se consacrer davantage aux élèves en difficulté. Le temps de travail est optimisé, l’utilisation des TICE ne se fait pas au détriment du temps de travail, bien au contraire.




Enfin, vous abordez le rôle des instructions officielles de collège, du socle commun, du B2i dans votre démarche. Quelle vision avez vous aujourd’hui justement de la composante TICE en EPS ?

Les TICE apportent une véritable plus value à notre enseignement à plusieurs niveaux :

-          outre les aspects précédemment évoqués, compréhension facilitée des consignes, individualisation des tâches, apprentissage de l’autonomie et de la sécurité, les TICE permettent également la mutualisation de documents numériques. On peut créer par exemple une « banque » de figures d’acrosport propre à la classe, à un niveau, ou à un établissement,

-          les TICE facilitent également les échanges entre élève et professeur ainsi que la continuité entre les séances (trace imagée de ce qui a été fait, ou recueil de performances sur le PDA).

Loin d’être des gadgets, ou d’être une nouvelle mode, les TICE en EPS sont pour moi des outils indispensables pour qui veut la réussite de tous les élèves. A tester absolument !



 

A ne surtout pas rater !

http://eps.roudneff.com/eps/

http://tice-eps.roudneff.com/tice.html

http://acrosport.roudneff.com/



Sur le site du Café
Par fgiroud , le dimanche 15 novembre 2009.

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