Retour sur le forum des enseignants innovants 

Par Lucie Gillet et Antoine Maurice



Nous vous proposons un petit retour sur le forum des enseignants innovants qui s’est déroulé à Lyon les 20 et 21 mai 2011. Au menu, deux rencontres : La première avec Véronique Le Lagadec et Nathalie Rannou pour mettre un poème en mouvement, et l’autre avec Serge Court intitulé « des lycéens en Avignon… »


Mettre un poème en mouvement… Rencontre avec Véronique Le Lagadec et Nathalie Rannou

Par Antoine Maurice


Dans le cadre du forum des enseignants innovants de Lyon nous avons rencontré Véronique Le Lagadec et Nathalie Rannou, respectivement enseignante d’EPS et professeure de Lettres au lycée Victor et Hélène BASCH à Rennes. La démarche, avec des élèves de seconde s’appuie sur la poésie et la danse contemporaine, un mélange détonnant pour mettre en mouvement un poème…


Bonjour, tout d’abord pouvez-vous nous dresser le tableau de votre contexte scolaire ?


Le lycée Victor et Hélène BASCH est un grand lycée rennais (1600 élèves) d’enseignement général et technologique. Situé au nord ouest de la ville, il accueille les élèves du collège du quartier mais recrute aussi en zones rurales sur un rayon de 15 km.

Les différentes filières d’enseignement, les représentations équilibrées des catégories socio professionnelles, la présence d’une classe FLE (cette année 18 pays représentés),  des sections internationales, des étudiants de prépa et de BTS, les attentes et les représentations fort différentes, font la caractéristique de cet établissement : une grande hétérogénéité. Un « melting pot » qui fonctionne très bien et qui fait du lycée un endroit où le climat est tolérant et serein.

Par ailleurs, la politique culturelle de la ville de Rennes est d’offrir au plus grand nombre des rencontres et spectacles dans le domaine des arts vivants, en particulier à destination des publics scolaires. Des abonnements « buissonniers » existent et permettent une réelle découverte de spectacles différents à des prix abordables.

Depuis plusieurs années dans notre lycée, un certain nombre d’enseignants insistent pour développer un volet culturel fort dans le projet d’établissement et assurer des partenariats. La région Bretagne soutient la plupart des projets de cet ordre et les familles acceptent de participer financièrement à l’achat des billets de spectacles, avec parfois l’aide du fond social.


Ainsi, pourquoi avoir mis en place cette démarche ?

La relation de confiance établie entre nous et l’envie d’enseigner autrement la littérature et l’EPS ont été les moteurs de cette mise en projet. Nous partageons une vision de notre travail qui refuse le culte de la performance et des exercices formatés. Nous espérons à travers nos cours toucher les élèves dans leur subjectivité, les accompagner dans une meilleure connaissance de soi. Nous pensons que cela passe par un apport culturel fort.

Nathalie travaille avec la maison de la poésie de Rennes et axe une part importante de son enseignement sur l’approche d’œuvres contemporaines.

J’ai, pour ma part, découvert, il y a quelques années, la danse contemporaine au travers des spectacles mais aussi via des formations animées par différents artistes et personnalités de la danse dans le cadre des « ateliers des arts  vivants » en Ille et Vilaine. Il faut dire que notre conseillère académique « danse » encourage beaucoup les projets pluridisciplinaires. Ainsi, nous avons mené un projet « danse et littérature » l’année dernière, nous avions alors retenu le thème de l’altérité, à l’honneur, jusqu’alors, au programme de français de seconde. Nous avions fait un bilan positif de cette première collaboration qui nous a donné envie d’aller plus loin avec les élèves, de les immerger davantage dans le monde de la danse et de la poésie. Au lieu de partir d’un thème et de réflexions plus ou moins abstraites, il nous a semblé encore plus pertinent de nous appuyer directement sur la matière sensible de textes poétiques. Or la danse et la poésie sont deux domaines qui suscitent chez nos élèves des a priori souvent négatifs ou, en tous cas,  peu d’enclin  spontané. Ce fut, pour nous enseignantes, l’occasion d’essayer de faire rapidement changer les représentations.  

La danseuse Pénélope Parrau, que la structure culturelle du Triangle nous a présentée, nous a complètement encouragées dans ce sens. Pour elle, danser à partir d’un poème semblait naturel et elle était même ravie que ce soit un professeur de français qui propose le corpus de textes de départ pour une aventure chorégraphique.


Comment les choses se sont mises en place ?

Nous avons rapidement calé les spectacles qui demandent une réservation précoce auprès du Théâtre National de Bretagne puis nous avons tracé les grandes lignes du projet afin de le présenter aux parents d’élèves et de le faire voter au CA du lycée en septembre.

Nous voulions travailler autour du processus de création, des sources de l’émotion et des ressorts de cette émotion autant en danse qu’en poésie. En début d’année notre problématique n’était pas très précise, nous songions à des questions autour du langage, du rythme, du corps… En novembre, la classe s’est engagée dans le « Prix des découvreurs », qui est un projet national de lecture de poésie contemporaine. Les élèves ont rencontré des auteurs et découvert des caractéristiques de la poésie d’aujourd’hui : des écritures libérées des conventions formelles, proches du quotidien, mais aussi des combats à mener au sein de la société. Ils ont finalement reconnu des orientations comparables à travers les œuvres chorégraphiques de Philippe Decoufflé, Alain Platel et Pina Bausch.

L’idée de travailler sur l’articulation libre entre un poème et une chorégraphie s’est finalement imposée en séance de préparation des ateliers. La collaboration avec une artiste par l’intermédiaire d’ateliers de pratique dans un lieu destiné à la danse nous permettait de sensibiliser les jeunes à cette activité, et créait une proximité avec l’artiste. Les élèves ont vu la danseuse travailler et lui ont posé toutes les questions qu’ils souhaitaient autour de son travail, ses sources d’inspiration, ses contrats avec des chorégraphes connus.


Quel a été l’impact sur la classe ?

Le choix des spectacles  auxquels les élèves ont assisté fut déterminant : 3 spectacles mettant en scène des personnes âgées: « Gardenia » d’Alain Platel, des adolescents dans « Kontakthof » de Pina Bausch et « Octopus » de Philippe Decoufflé.

Les 3 spectacles ont été complétés par 3 ateliers de pratique de danse avec une artiste, des rencontres avec des poètes, et un travail conjoint en cours de lettres et d’EPS autour des notions de création et d’émotion. Les élèves ont retravaillé les chorégraphies qu’ils ont construites en petits groupes en compagnie de la danseuse pendant les cours d’EPS. En français, outre les lectures de textes, les élèves ont construit leur argumentation sur les spectacles, développé des connaissances en histoire des arts et exprimé leurs ressentis vis-à-vis du projet.

Nous avons vu la classe se fédérer progressivement autour des sorties, l’émotion était à son comble pour le spectacle de Pina Bausch, d’autant plus que nous avions vu « Les rêves dansants » la veille. En ateliers, l’artiste intervenante a mesuré une implication grandissante. Parallèlement, les rencontres de poètes ont rendu visibles les progrès des élèves en termes de prise de parole, de responsabilisation, de prise de risque, de gestion du groupe. C’était très frappant.


Pouvez vous nous parler du résultat ? Quels bilans en faites vous ?

Nous avons ressenti une formidable écoute de soi et entre eux, une capacité à s’entendre et se respecter. La classe a apprécié ces « cours pas comme les autres », le fait d’être déroutée sans pour autant se sentir complètement perdue. Plusieurs élèves disent avoir apprécié l’état de « détente intérieure » que leur ont permis les temps dansés et en particulier celui de l’échauffement. Les élèves ont visiblement fait de véritables découvertes : ils n’hésitent pas désormais à parler d’ « états de corps », certains estiment maintenant que « danser c’est entrer dans le poème ». Même si tous ne se sentent pas « danseurs », ils considèrent que ce projet leur a apporté quelque chose, a aiguisé leur curiosité ; plusieurs ont exprimé très explicitement leur plaisir à danser leur propre création chorégraphique.

Quant à l’aspect académique de l’enseignement du français, les résultats du devoir écrit en clôture de la séquence « Sur les planches » ont été excellents : il s’agissait de réaliser une dissertation répondant à la question « l’objectif d’un spectacle vivant comme la danse ou le théâtre, est-il uniquement de divertir? ». Enfin des copies basées sur des argumentations authentiques, cohérentes, engagées ! L’idée de chorégraphier un poème a été transposée pour les volontaires, pendant la séquence suivante en français, sur un texte de Hugo.

L’an dernier, nous avions mis au point un album imprimé à partir de photographies prises en cours d’ateliers et d’extraits de textes écrits par les élèves. Cette année, nous avons privilégié un moment de mise en commun des chorégraphies ouvert aux personnes volontaires du lycée. Il faudrait finalement trouver une forme intermédiaire d’aboutissement : la réalisation d’un livre électronique serait sans doute l’idéal… Il nous reste encore deux ou trois semaines pour tester sa faisabilité !

L’idée pourrait d’être, si l’on reconduisait le projet l’année prochaine, de faire venir un artiste en résidence pour aller encore plus loin dans la découverte et la proximité avec le monde du sensible et de la création.

On pourrait également imaginer différents cours communs de lettres et d’EPS comme un lieu de découverte et d’expérimentations immédiates. Inventer des ateliers de lecture/écriture littéraire et chorégraphique. Des allers-retours entre ce qui est lu, ce qui est ressenti, ce que le corps peut exprimer des émotions ainsi vécues.


Véronique Le Lagadec et Nathalie Rannou, merci !



Entretien avec Serge Court, Des lycéens en Avignon...

Par Lucie Gillet


Prof d'EPS, Serge Court enseigne depuis 16 ans au lycée Livet à Nantes, entre les cours et l'UNSS  depuis 3 ans il prend aussi en charge sur son temps de service une option intitulée « Arts du spectacle vivant », option dont il est le maître d’œuvre tant dans l'organisation que pour les contenus abordés. La majorité des élèves qui bénéficient de cette option s'inscrit dans le projet d'un rendez-vous annuel avec le Festival d'Avignon.

 

Cette option « Arts du spectacle vivant » est unique en son genre, comment est venue l'idée de la créer ?

C'est une longue histoire, j'ai crée il y a 16 ans « le Livet Circus », un atelier en Arts du Cirque. Dans le cadre d'un lycée technologique, c'était le moyen de faire entrer la pratique culturelle par le biais du Cirque dans un lycée de garçons (90 pour cent des élèves...). Mon choix modélisé a été le cirque du Soleil et le cirque Plume. C'était le début du cirque contemporain et j'ai utilisé ce mouvement contestataire culturel au service des jeunes, pour leur proposer une orientation artistique différente. Cet atelier est offert dans le cadre de l'UNSS.

Au fil des années, j'ai mis en place une option « arts du spectacle vivant »qui permet à des élèves de suivre un enseignement théorique sur le spectacle et d'aller à 11 spectacles durant l'année dans les grandes salles de l'agglomération nantaise (le Lieu Unique, le Grand T, etc.....).

Le contenu des cours de l'option était cette année étroitement lié aux spectacles vus avec les élèves, pour chacun des spectacles, je leur apportais un enseignement où étaient présentés les grands courants en situant tel spectacle par rapport à des filiations ou encore des apports théoriques spécifiques comme le traitement de la scénographie dans un spectacle par exemple.

Le but en terme de contenus d'apprentissage est de développer des capacités argumentaires d'analyse, de dépasser le « j'aime » du spectateur lambda pour travailler le regard critique en étant outillé pour ça. On confronte des ressentis, on fait émerger des désaccords artistiques éventuels, on débat. C'est très proche des compétences développées dans le cadre d'un enseignement en philosophie par exemple.

Les « cours » sont donc organisés autour de mes apports et recherches en fonction du spectacle vu et également de rencontres avec metteurs en scène ou comédiens de quelques spectacles (4 sur les 11 vus dans l'année), là encore il s'agit de pouvoir discuter, « décoder » le travail des professionnels du spectacle, et nécessite un travail en amont pour savoir quelles seront nos attentes lors de la rencontre. Comme les cours ont lieu en fin de journée ou sur des samedi (le volume horaire est annualisé), je veux que ce soit un temps où les élèves soient au maximum acteurs, ce n'est pas la prise de note qui est intéressante, nous analysons à partir de supports DVD, à partir des spectacles vus, des dernières rencontres effectuées. Ensuite je communique aux élèves tous les apports théoriques formulés en séance, par mail, pour qu'ils en aient la trace.

Mais je réfléchis à comment je vais organiser ces contenus l'an prochain pour assurer une plus grande cohérence, rien n'est figé et il me semble intéressant de travailler par entrée thématiques, on pourrait par exemple comparer l'entrée clownesque en cirque traditionnel et en cirque contemporain pour dégager des similitudes...

Un stage avec Philippe Ménard, de la compagnie Non Nova pour travailler sur le corps et son utilisation a été également l'un des grands temps forts de cette année, puisqu'avec cet artiste les élèves ont été confrontés à une « leçon de vie ». Et pour moi en tant qu'enseignant une prise de conscience aussi au détour d'une petite phrase sur la place des souvenirs, je me rends compte que plus ça va, moins je suis nostalgique. J'arrête de regarder derrière et chaque jour je remets en question pour faire aujourd'hui. Cette option me bouscule aussi dans ma façon d'enseigner, d'aller voir les spectacles. J'ai de moins en moins de certitudes.


Quels sont les élèves qui participent à cette option ?

Chaque année je sollicite mes collègues, d'EPS d'abord puis les autres éventuellement, pour pouvoir présenter l'option en fin d'année à toutes les classes du lycée, mais celle-ci est facultative, ne compte pas pour le Bac, seule la note obtenue figure dans le livret scolaire. Les élèves sont issus de diverses sections : scientifiques, électrotechnique, électronique, génie mécanique, arts appliqués. Ils reçoivent en fin de cursus une attestation du suivi de cette option qui peut être un plus selon le cursus qu'ils envisagent. Pour les évaluer ils ont des sujets écrits à travailler chez eux, l'idée n'est pas de valider leur aptitude à réciter un cours mais proposer un sujet dans lequel ils vont devoir mobilisés les contenus dont on a parlé ensemble.


En tant que prof d'EPS, pourquoi s'embarquer dans un tel projet ?

En tant que prof d'EPS, le corps reste ma finalité éducative . Les Arts du Cirque mêlent à la fois une pratique physique (sportive) et artistique ( théâtre, danse, etc....) . Cela me permet d'aborder d'autres pratiques culturelles que le sport. 

En plus je défends aussi que le lycée est un lieu de vie, un endroit que le lycéen doit pouvoir s'approprier pour mener ses projets et se cultiver dans tous les sens du terme. C'est mon métier d'enseignant de les y aider. Je peux critiquer telle ou telle orientation prise en politique éducative, mais ma mission d'enseignant est d'offrir du contenu de qualité aux élèves. Être un adulte référent c'est aussi ça que ça veut dire.

Et puis mettre en place une telle option ça me force aussi à bousculer mes propres pratiques, ma propre façon de voir des spectacles. J'ai du moi-même sortir de ce que j'ai l'habitude d'aller voir pour proposer aux élèves des spectacles variés, je ne leur apporte pas « la bonne parole » mais on se questionne ensemble. Je me suis appuyé sur les professionnels que sont les programmateurs de salle pour choisir avec un eux un panel significatif. L'an prochain, comme certains élèves vont poursuivre l'option, ils sont associés au choix des spectacles et quelques uns viendront eux-aussi rencontrer les programmateurs.

J'estime que l'accès à la culture artistique est une nécessité au regard de la contre culture représentée par la télévision et le presse gratuite.... Ce n'est pas simplement aller au spectacle mais c'est une démarche intellectuelle qui va traduire des questionnements sur les spectacles vus (par rapport aux rencontres avec les artistes), une démarche réflexive sur l'ensemble des processus de créations, de mises en scènes etc...


Et le projet spécifique qui vous emmène pour 15 jours en Avignon, comment se décline-t-il ?

C'est un projet parallèle à l'option dans la mesure où la majorité des élèves qui y participe est issue de cette option (mais pas tous les élèves, s'inscrire à l'option ne conditionne pas un engagement à aller au festival). J'ai la volonté d'instituer un rendez-vous chaque année du lycée Livet avec le festival. Nous nous y sommes déjà rendus deux fois, nous serons présents en 2011 et j'ai également un projet qui émerge pour 2012. Chaque année c'est une thématique différente qui nous porte dans une aventure exceptionnelle où nous allons poursuivre cet accompagnement culturel et l'analyse, faire vivre une création,vivre ensemble. Pour le lycéen participant c'est l'occasion de s'exprimer et développer des compétences dans quatre champs bien distincts, en tant qu'artiste/acteur au festival ; en tant que spectateur ; en tant qu'animateur/formateur ; en tant que citoyen. Selon les années et les problématiques en cours avec le groupe participant, évidemment tel ou tel champs est plus ou moins développé, mais tous sont travaillés à chaque édition :

En 2010 chaque matin les lycéens encadraient des ateliers pour initier des enfants de 6 à 9 ans au cirque, dans le cadre d'un partenariat avec les Francas du Vaucluse. Ils venaient également présenter une déambulation urbaine, une parade intitulée « Des bâtons dans les rues » travaillée tout au long de l'année scolaire, mais à laquelle ils associaient sur le temps du festival les enfants des ateliers du matin (avec la nécessité de travailler cette collaboration), ils allaient assister à quelques spectacles pour poursuivre ce travail d'analyse critique, et d'une manière générale le vivre ensemble est la clé de la cohésion du groupe, on travaille aussi sur le fait que l'on représente le lycée, une ville, une région et qu'on défend donc une certaine image.

En 2011, le projet s'articule autour de l'affiche de théâtre en milieu urbain. A l'issue du festival, les élèves devront avoir réuni de la matière pour produire une exposition montrable dès septembre. Les lycéens seront acteurs du festival par le biais de la tenue d'un blog au quotidien, il leur faudra être réactif pour rebondir sur chaque opportunité de rencontre un artiste ou le témoignage d'un spectateur anonyme et saisir sur le vif des bribes du festival. Certains seront chargés des prises de vues photographiques, d'autres lycéens s'inscrivent pour un travail de croquis, d'autres pour un travail d'écriture sur le blog créé par les élèves. Chaque jour un conseil se réunira pour choisir la matière retenue pour l'expo qui devra être prête en septembre. Je proposerai aux élèves de travailler la technique de crieur de rue sous forme d'un temps de stage et peut être aurons-nous également l'occasion de nous « produire » sous cette forme dans le off du festival. Comme pour chaque édition les élèves assisteront à un panel de spectacles. Je choisis ceux-ci souvent en fonction des lieux dans lesquels ils sont diffusés afin d'avoir un échantillon assez représentatif de la sélection.

Pour 2012 je pose les bases d'un travail en collaboration qui réunira les lycéens et d'autres jeunes de 16 à 19 ans handicapés, scolarisés dans un IEM. Le but sera de « faire corps commun » pour produire une création contemporaine jouée dans le cadre du off, et d'aller également voir les spectacles avec l'ensemble de ces jeunes valides ou non.


On perçoit bien l'aspect enthousiasmant de la dynamique, quels en sont les écueils, ce qui ne marche pas toujours comme prévu ?

J'ai l'habitude de comparer le métier d'enseignant avec celui d'intermittent du spectacle, pas pour l'aspect précarité, mais sur le fait que l'on doit toujours repartir dans une nouvelle dynamique, s'adapter à son public, aux jeunes qui composent le groupe. C'est certain, il y a des moments d'usure, les contre-temps, l'aspect organisationnel des choses qui mange beaucoup d'énergie. Je peux également être très remonté quand des élèves ne viennent pas assister à un spectacle (le coup de celui-ci est pris en charge par le lycée), c'est pour moi inadmissible et je le signifie, ça peut arriver. J'essaie de varier ma façon de présenter l'option, mais j'ai toujours peur de passer « à côté » d'un élève qui aurait pu être intéressé et serait intéressant. Cela m'est arrivé cette année, un lycéen qui ne s'est pas inscrit à l'option (alors qu'il pratique les ateliers cirques) alors qu'il est très pertinent dans ses analyses.

Quelquefois selon le degré de mâturité des élèves et selon la difficulté d'accès du spectacle il peut leur être difficile de se décentrer de leur émotion première pour accepter de jouer le jeu du parti pris du metteur en scène et « entrer dedans » le temps du spectacle, même si ça ne nous plaît pas. Mais ça se travaille. A côté de ça c'est très gratifiant de les voir évoluer dans leurs capacités à analyser, à produire aussi quand je leur propose des situations façon « exercice de style ».


Et du côté du lycée, comment est perçue la démarche ?

J'ai toujours été soutenu par la direction du lycée, tant financièrement que du point de vue éducatif. Avec le temps j'ai une certaine légitimité pour monter ces projets. Mais je suis assez isolé. Si j'arrête, tout s'arrête également.


Et participer au forum ?

J'ai regardé les projets présentés, il y a des choses vraiment intéressantes et j'ai hâte de rencontrer les collègues pour échanger avec eux, en particulier avec ceux de ma discipline, l'EPS.


Le billet dans le blog du café

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2011/Lists/Billets/Post.aspx?ID=115



Sur le site du Café

Par antoinemaurice , le dimanche 29 mai 2011.

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