| | A la Une : Enseigner le français et la citoyenneté | |
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| | Mathieu Billière : Viol et consentement, approche pédagogiqueLes violences sexuelles font l’actualité de façon récurrente : l’Ecole s’y confronte-t-elle suffisamment ? peut-on même aborder de l’intérieur des programmes la question essentielle du consentement ? C’est l’enjeu d’une passionnante séquence menée en 2nde par Mathieu Billière, professeur de lettres au lycée Duhamel du Monceau à Pithiviers. Point de départ : un poème d’André Chénier que des normaliennes préparant l’agrégation ont interrogé comme récit de viol. Au fil des séances : confrontation de textes de « spécialistes », vifs débats, construction de compétences variées, réflexions sur ce que signifient consentir, argumenter, interpréter. Pédagogie critique de la littérature, pédagogie littéraire de l’esprit critique, le travail mené éclaire les finalités du collectif Lettres vives auquel participe Mathieu Billière : il redonne aux programmes de français un bel enjeu citoyen… | | | Julien T.-Marsay : Si on réfléchissait sur l’écriture inclusive ? « Nous n’enseignerons plus que le masculin l’emporte sur le féminin ! » annonçaient 300 enseignant.es à l’automne 2017, soutenu.es par une pétition de 30 000 signataires. La proclamation a relancé un débat, toujours vif, sur la possibilité d’une pratique non sexiste du français. Peut-on en faire un objet de travail à l’intérieur même de l’Ecole ? Au lycée Galilée à Gennevilliers, les 2ndes de Julien T.-Marsay ont « cartographié la controverse » : ils ont comparé des tweets et des textes pour développer des compétences d’analyse argumentative et de distanciation critique. La démarche aide à considérer le français comme une langue en évolution et en réflexion : comme une langue vivante. Elle donne à son enseignement un bel enjeu citoyen, tant « apprendre à interroger les normes langagières », c’est « mieux appréhender des outils qui permettent de comprendre le monde, d’y agir et d’agir sur lui » (Gael Pasquier). | | | Marie-Sophie Ludwig : Quand les élèves se font avocats : du loup !Peut-on défendre l’indéfendable ? Par exemple, le loup, et non l’agneau, dans la célèbre fable de La Fontaine ? Telle est la tâche confiée par Marie-Sophie Ludwig à ses 6èmes du collège Henri Sellier à Suresnes. Par-delà la compréhension du texte, l’activité permet de développer les compétences argumentatives et orales. En prenant la défense du loup, les élèves apprennent à « mettre à distance l’affect au profit de la réflexion ». Le travail de la littérature retrouve alors des enjeux éthiques (qu’est-ce que le bien, le mal, le juste, l’injuste ?) et des enjeux citoyens (saisir comment se déroule un procès dans une société démocratique). Les tablettes numériques ont permis aux élèves de s’enregistrer pour progresser : ils ont même rejoué le procès du loup en endossant la robe de l’avocat dans la classe devenue tribunal. En 2020 encore, « la raison du plus fort » serait-elle toujours « la meilleure » ? | | | Stéphanie Dubarry : Enseigner le français en classe coopérative Peut-on amener les élèves à considérer le travail comme plus important que l’évaluation ? Au collège Pasteur à Villejuif, une équipe enseignante a fait d’une sixième une « classe coopérative à évaluation continue ». Stéphanie Dubarry y enseigne le français. Elle en éclaire ici les principes : « L’objectif est que l’élève soit toujours dans le faire de manière à ce qu’il n’y ait finalement plus besoin d’évaluer régulièrement puisque le professeur observe à chaque séance l’élève en action. Pour cela, il est indispensable que l’élève soit autonome et en activité et cela nécessite des scénarios pédagogiques particuliers. » Avec des conséquences : transformation du bulletin, de l’organisation annuelle, du conseil de classe, nouvelles modalités de travail, apprentissage de l’autoévaluation, représentations de l’Ecole à faire évoluer. Un projet inspirant présenté au 11ème Forum des enseignants innovants … | | | Sophie Dutein : Nuit d’écriture au collègeOrganiser la nuit un événement dans le collège ? Fédérer la communauté éducative autour de l’écriture ? Double défi relevé au collège du Pont de la Maye à Villenave d'Oron en Gironde. Sophie Dutein, professeure de français, œuvre à ces « Plumes noctambules » : chaque année, entre 19h et 2 heures du matin, les 4èmes-3èmes, les anciens élèves, les adultes de l'établissement, les parents sont invité.es à venir au collège pour tenter d’écrire une nouvelle (ou une BD) à partir de contraintes d’écriture qui ne sont dévoilées qu’au dernier moment. Ce moment partagé autour de la littérature génère une ambiance de fête et de convivialité, tisse des liens entre les générations, fortifie le sentiment d’appartenance : « C'est un projet qui nous permet d'être fiers de nos élèves et de notre établissement, au point d'avoir envie d'y passer toute une nuit ! Au moins ! » | |
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