Le jeu de l’amour et des smartphones

Quels usages possibles du BYOD, autrement dit des équipements personnels des élèves, en français ? Dans le cadre de leur projet i-voix, des lycéen.nes de l’Iroise à Brest ont prêté leurs smartphones à des personnages littéraires. Ainsi l’étude d’une pièce de Marivaux s’est transformée en « jeu de l’amour et des smartphones » : les personnages les ont utilisés pour publier SMS, émoticônes, gifs animés, apartés audio,  tweets, messages Snapchat, petite annonce Tinder…

Par-delà le plaisir du jeu, le dispositif apparait comme une représentation originale du texte théâtral, susceptible de favoriser immersion, identification, incarnation. Il explore aussi les caractères, les relations et cette tension vers la vérité (de soi, de l’autre) dont frémit toute la pièce : le jeu d’écriture montre combien les personnages se débattent dans « l’extimité » (Serge Tisseron) : entre le public et l’intime, entre ce qui se montre et ce qui se cache, entre le paraitre (le travestissement, les dialogues) et l’être (les apartés, les maladresses de langage, les corps qui trahissent le rang social ou les sentiments éprouvés). « Fausses confidences » dans ce nouveau théâtre qu’est le web, les messages publiés sur smartphones par ces lycéen.nes de la génération mobile éclairent ainsi souvent ce que les personnages ne parviennent pas à dire.

Les productions des élèves :

http://i-voix.net/tag/le%20jeu%20de%20l%27amour%20et%20des%20smartphones/

Quand les élèves composent une anthologie d’épitaphes

A Strasbourg au lycée Marc Bloch, Nicolas Bannier, professeur de lettres, et Marie-Jo Greff, professeure-documentaliste, ont amené leurs élèves à constituer collectivement une édition numérique d'épitaphes de la Renaissance … dédiées à des chiens ! L’anthologie est préfacée, annotée et illustrée par les élèves eux-mêmes. Le site Gallica a permis ce patient travail de recherche et de publication pour développer des compétences en littératie. Sur le plan littéraire, les élèves ont pu s’interroger sur la hiérarchie des œuvres et des thèmes, voire jouer eux-mêmes avec la rhétorique du genre : « les épitaphes sont souvent vues comme ludiques, voire potaches », d’où l’insertion dans l’anthologie d’un pastiche réalisé par les élèves pour inviter le lecteur « à une enquête ludique. »

L’anthologie à télécharger :

https://drive.google.com/file/d/1WY7PfKxkIimrV6Evo_DUhmzV4_B41dS-/view

Présentation du projet :

http://gallicastudio.bnf.fr/projets-collaboratifs/anthologie-d%E2%80%99%C3%A9pitaphes-de-la-renaissance-en-l%E2%80%99honneur-de-chiens

Edition établie par … les élèves

Amener ses élèves à établir, annoter et publier un texte littéraire : ce défi didactique, que facilite le numérique, a été l’objet d’un atelier au Rendez-vous des lettres 2018. Laurence Bot, Pauline Lourdel, Françoise Cahen y ont présenté des expériences autour de textes de Marco Polo, Du Bellay, Marie-Anne Robert …Sur le site lettres de l’académie de Rouen, un compte rendu de l’atelier éclaire les intérêts d’un dispositif qui rend plus active la démarche d’interprétation, favorise le travail de la langue, vivifie la relation au passé.

En ligne :

http://lettres.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article559

Un personnage, un objet

Associer les personnages de romans à des objets : c’est la mission confiée par Marianne Hubac, professeure de lettres au lycée Corneille de Rouen dans le cadre de l’étude du roman de Maryse de Kerangal « Réparer les vivants ». L’association, à justifier, pouvait prendre des formes créatives variées : dessins, créations d’arts plastiques, diaporama, fichier audio, réalité augmentée, profils Facebook … De la création de l’auteur à la créativité des élèves et à celle des enseignant.es ? Les élèves ayant livré les productions numériques les plus originales en ont aussi réalisé le mode d’emploi, ce qui, explique l’enseignante, a contribué « à m’ouvrir des perspectives nouvelles, dans lesquelles se rencontrent ce que les élèves maîtrisent et ce que je m’efforce de leur apprendre »

Présentation en ligne :

http://lettres.spip.ac-rouen.fr/spip.php?article554

Vanités du 21ème siècle en première

Professeure de lettres dans les Côtes d’Armor, Josiane Bicrel a réalisé avec ses 1ères ES un beau musée virtuel de vanités, créées et commentées par les élèves eux-mêmes. Le travail, explique l’enseignante, prolonge une séquence sur l’homme dans la société de consommation, introduite par « une étude de la célèbre vanité de Philippe de Champaigne, qui fait référence à ce que je crois être la première crise économique, la tulipomanie, et qui place cela dans la perspective de la vanité des êtres et des choses. » L’invitation lancée  à des « lycéens bien de leur époque » est « de créer à leur tour une vanité qui leur corresponde et renvoie au monde dans lequel nous vivons. » Bilan : «  Je suis ébahie et parfois émue de découvrir la profondeur de la réflexion de mes élèves. C'est un bon entrainement à l'argumentation et à l'expression orale. C'est aussi une occasion de laisser s'exprimer le sens artistique. »

En ligne :

https://padlet.com/user_1412270629/gpz3xfpqdmbi

Le site de Josiane Bicrel :

http://rienquepourvous.net/