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A la une 


Sommaire : projet espace au collège avec le CNES et Planète-Sciences

 

1)  Des collégiens envoient un ballon-sonde dans l’espace 

 

Comment étudier concrètement l’atmosphère avec des élèves ? En envoyant un ballon-sonde dans l'espace. Depuis un an, 13 collégiens de 4ème  travaillent avec leur professeur, Julien Cabioch, au collège Adoration de Rennes (35), sur la conception d’une nacelle remplie de capteurs pour étudier l’atmosphère jusqu’à 30 000 m. En lien avec l’association Planète Sciences, leur établissement a pu bénéficier du Spatiobus du CNES : une semaine pour découvrir l’espace et ses applications quotidiennes.

 

Quel est votre projet avec le club espace ?

 

Depuis octobre, 13 élèves volontaires de 4ème participent au club espace. L’atelier a lieu entre 12h et 13h30 le mardi. Nous déjeunons ensemble, nous évoquons l’actualité spatiale de la semaine et nous continuons notre projet d’année : réaliser un ballon-sonde pour étudier l’atmosphère. Il faut pour cela concevoir une nacelle équipée de différents capteurs : température, pression et luminosité. Ces capteurs sont reliés à un émetteur qui nous enverra les mesures en direct lors du vol. Les collégiens doivent aussi réfléchir à un mécanisme permettant de déclencher toutes les vingt secondes un appareil photo se trouvant dans la nacelle et prévoir l’alimentation de l’ensemble en électricité sans oublier la conception même de la nacelle en polystyrène.

 

Comment est née cette envie d’étudier l’atmosphère ? Quelle formation est nécessaire ?

 

 En juillet dernier, j’ai suivi l’université d’été Espace-Education à la Cité de l’Espace de Toulouse proposée aux enseignants. L’association Planète Sciences et le CNES proposaient alors un atelier ballon-sonde. A partir de là, j’ai découvert la pratique et proposé le projet en septembre à ma direction. Notre groupe est suivi par un aérotechnicien de Planète Sciences qui vient régulièrement voir les élèves et l’évolution du projet. L’aérotechnicien se charge des démarches légales pour le projet et l’association fournit le matériel indispensable comme le parachute, le réflecteur-radar, l’hélium et l’émetteur.

 

D’autres enseignants se sont-ils impliqués ?

 

Mes collègues de sciences-physiques et de technologie ont aidé les élèves à aller au bout de leur démarche. Les 4èmes ont appris à souder les composants, à étalonner les capteurs et à monter un circuit électronique. Autant de savoir-faire que j’ai redécouvert avec eux. Les notions d’électricité ont évidemment été très utiles aux collégiens.

 

Le Spatiobus du CNES est venu une semaine au collège. De quoi s’agit-il ?

 

Le CNES a mis en place un Spatiobus qui sillonne la France pour faire découvrir le spatial aux jeunes. Philippe Layeb, animateur du CNES, est donc venu de Toulouse une semaine au groupe scolaire. Il a rencontré par demi-journée les CM1, CM2, 6ème et 5ème. Au programme : l’actualité spatiale, la vie dans l’espace, le système solaire, les différents lanceurs. 4 heures durant lesquelles les élèves ont pu véritablement échanger avec le spécialiste. J’ai pu voir des élèves, souvent discrets en cours, véritablement moteurs de la séance. Philippe Layeb propose en fin de rencontre de construire des fusées en papier et de les propulser dans la cour du collège.

 

Comment s’est déroulé le lâcher du ballon ?

 

 Le jour J, chaque élève du club espace avait une tâche particulière : gestion de la télémesure, mise en place de la chaîne de vol, gonflage du ballon, fermeture de la nacelle. Nous avions convié tout le groupe scolaire à assister au lâcher.  Deux élèves répondaient aux questions des plus jeunes dans le public. Une fois le ballon dans les airs, les données nous parvenaient sur les écrans du Spatiobus. A nous d’interpréter ces résultats par la suite. Bonne nouvelle : grâce au GPS, nous avons récupéré notre nacelle à 120 km de Rennes à Cordemais (44).

 

Quel bilan pour ce projet ?

 

Je suis ravi de l’implication des élèves. Ils ont été à la hauteur de l’enjeu : beaucoup d’initiatives de leur part et aussi de temps personnel accordé au projet. Les moments de partage au déjeuner et d’échanges sur l’actualité spatiale ont permis de souder le groupe. S’il est vrai que ce projet n’est pas le domaine stricto-sensu des sciences de la vie et de la terre, l’association Planète Sciences accompagne et guide l’enseignant pour mener à bien la réalisation. Enfin, ces élèves ont été très sollicités par les médias et ont pu développer d’autres compétences pour verbaliser le projet. Rendez-vous l’an prochain pour un nouveau ballon-sonde.

 

Propos recueillis par Jean-Pierre Gallerand

 

Projet Ballon-Sonde

Le Spatiobus du CNES

Association Planète Sciences

Université Espace-Education

 

2) Des idées de projets éducatifs avec l’association Planète Sciences 

 

Comment concevoir  un ballon-sonde avec ses élèves ? Quels outils utiliser pour travailler des drones en classe ? Comment construire un projet robotique ?  L’association Planète-Sciences dont le slogan est « Une aventure pour les Jeunes » met à la disposition des enseignants de nombreux outils et un savoir-faire pour des projets scientifiques. En partenariat étroit avec le CNES, les bénévoles de l’association sont au cœur de l’éducation populaire aux sciences. Rencontre avec Jean-Pierre Ledey, président de Planète-Sciences.

 

Pouvez-vous nous présenter l’association Planète Sciences ? Que représente-t-elle en 2015 ?

 

Planète Sciences est un réseau associatif qui, depuis plus de 50 ans, propose aux jeunes des activités scientifiques et techniques en s’appuyant sur un projet éducatif dont l’objectif est de faire pratiquer les sciences aux jeunes de façon expérimentale, en équipe et en utilisant la méthode de projet. Ce sont plus de 80 permanents, 1000 bénévoles et vacataires, 600 clubs scientifiques, près de 200.000 jeunes touchés par an. Nous proposons des activités dans les domaines de l’espace, la robotique, l’astronomie, l’environnement. Elles peuvent se faire en scolaire, en loisir ou en club.

 

Quels liens l’association crée-t-elle avec les établissements scolaires ? Dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires, les enfants ont-ils davantage accès à cette éducation populaire aux sciences ?

 

Plusieurs centaines de projets ont lieu dans les écoles, collèges, lycées, et établissements d’enseignement supérieur, souvent à l’initiative des enseignants pour faire réaliser par les jeunes des robots, des fusées par exemple. En ce qui concerne les NAP, nous avons quelques opérations, et de la formation d’animateurs. Il faut cependant pour être efficace avoir des temps longs pour nos projets et dans ce contexte, ce n’est pas toujours aisé à organiser.

 

Qu’est ce qu’être bénévole à Planète Sciences ? Comment le devenir ?

 

Comme les millions de bénévoles qui travaillent pour le milieu associatif en France, ce sont des passionnés d’éducation et/ou de technique qui viennent aider à encadrer les activités, aider au développement de nouvelles animations ou plus simplement, donner de leur temps pour élargir les publics et faire profiter de leurs propres réseaux pour trouver et fidéliser de nouveaux partenaires. Pour le devenir, les jeunes peuvent venir sur le site, ou contacter un membre de club ou appeler le réseau. 

 

L’assemble générale de l’association a été l’occasion de présenter les projets futurs, notamment la « Sur la Route des Sciences » mais aussi le robot pédagogique Boom’Bot et les drones. Quelques mots sur ces projets.

 

 Nous avons deux types de projets, d’une part le développement de modules pédagogiques autour de différents thèmes, dont l’objet est de réaliser des animations de sensibilisation auprès des jeunes. C’est le cas de la Route Des Sciences qui propose d’ores et déjà 87 animations autour de 9 matériels expérimentaux développes dans le cadre du Programme  d’Investissements d’Avenir(PIA). D’autre part, Planète Sciences propose aux jeunes de réaliser eux-mêmes leurs projets : une fusée, un robot par exemple. Ce pourra bientôt être le cas de drones, sujet sur lequel nous travaillons. 

 

Le CNES reste le principal donateur pour l’association Planète-Sciences. Quelles attentes le centre national d’études spatiales place-t-il dans l’association ? Avez-vous des jeunes aujourd’hui ingénieurs qui reviennent à l’association ?

 

Plus qu’un donateur, c’est un partenaire et notre partenaire historique. Depuis sa création le CNES s’appuie sur Planète Sciences pour encadrer les activités de fusées de jeunes et de ballons expérimentaux. C’est encore aujourd’hui une grande part de l’activité que soutient le CNES. Nous avons aussi développé de nouvelles activités comme Espace dans ma Ville, Cansat, Rocketry Challenge et régulièrement nous proposons de nouvelles activités.  Les jeunes qui pratiquent les activités les plus techniques, fusées expérimentales, ou Rocketry Challenge, sont souvent dans des clubs et ont déjà la passion de l’espace et de l’aéronautique.  C’est pourquoi beaucoup se destinent à des carrières scientifiques, et en effet, nous connaissons nombre d’ingénie.

 

En 2013 à la commission de la culture, de l'éducation et de la communication au Sénat, vous évoquiez  « un risque de marchandisation de la culture scientifique et technique » en France. Vous souhaitiez « une reconnaissance officielle et des financements pérennes » pour les associations d’éducation populaire. Qu’en est-il 2 ans après ?

 

J’ai évoqué ce risque de marchandisation à partir de deux constats. D’une part, les institutions et les collectivités territoriales ont eu tendance depuis plus de 10 ans à privilégier la politique d’appels d’offre, ce qui a ouvert le champ à de la concurrence et nous a transformés, nous les associations de terrain, en de simples prestataires de service, soumis à des remises en cause  quasi annuelles. Il devenait ainsi impossible de défendre et de mettre en application notre projet éducatif.

 

L’autre constat, partiellement lié au précédent, a été le développement de structures commerciales qui répondent aux appels d’offre, ou se placent sur des créneaux comme les séjours scientifiques, le font de façon agressive et ainsi déséquilibrent l’activité tout en la dénaturant parfois, en particulier en ce qui concerne le volet éducatif. Cela place les associations d’éducation populaire dans une situation financière difficile.

 

Aujourd’hui, il est possible, grâce à une directive, de proposer des partenariats aux institutions et aux collectivités territoriales, et bien que le processus soit encore difficile à faire accepter par les élus et dirigeants, c’est un progrès. Mais il faut rester vigilants et continuer à défendre nos projets éducatifs dans leur ensemble, qui consistent à faire éduquer les jeunes « par les sciences et pour les sciences ».

 

En ces temps de réforme scolaire, quel regard portez-vous sur l’enseignement des sciences en France ?

 

La pratique des sciences telle que la préconise Planète Sciences depuis  50 ans est, me semble-t-il, aujourd’hui plus que jamais un élément important de la pédagogie, la fameuse « pédagogie informelle » chère au professeur Léna.  Elle est largement entrée dans les mœurs et elle est pratiquée très largement dans l’école. L’association « La main à la Pâte » a introduit dans l’école depuis  près de 30 ans ces pratiques.

 

Avec l’arrivée du numérique, de nouvelles technologies innovantes, des tas de possibilités nouvelles apparaissent et il nous appartient de les utiliser pour développer de nouveaux projets. C’est en tout cas notre but.

 

Propos recueillis par Julien Cabioch

 

Association Planète Sciences

100 profs se forment au spatial à Toulouse

 


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Par Julien Cabioch , le samedi 27 juin 2015.

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