La circulaire de rentrée 

Par François Jarraud



C'est une circulaire de rentrée très traditionnaliste que le ministère a publié le 5 mai (le Café l'a mis en ligne dans la nuit) : rappel des fondamentaux, développement des dispositifs de pré-professionnalisation au collège. 


Au primaire, la circulaire rappelle les fondamentaux dans les termes les plus classiques. Elle insiste sur l'enseignement de l'orthographe, du lexique, des maths à travers "en enseignement progressif", "une progression méthodique", comme si les professeurs des écoles avaient attendu le ministre pour apprendre à lire et écrire. Sur ces points la circulaire a plus d'utilité politique qu'autre chose. Il en est de même quand le ministre demande au Comité stratégique pour les langues de travailler sur la sensibilisation à l'anglais en maternelle. Le summum est peut-être la promotion des exempla pour l'instruction civique. " Les maîtres peuvent recourir par exemple à l’exercice classique de commentaire quotidien d’une maxime ou d’un exemple remarquable, pour aider l’enfant à acquérir les repères et les principes de la citoyenneté et de la vie collective".


Concrètement on retiendra uniquement la généralisation du LPC informatisé durant l'année scolaire avec comme objectif la transmission de ses données avec le collège. Ce pont posera de nouvelles difficultés même si la circulaire dit qu'il "offre toutes les garanties de sécurité". Les communes sont sensées forunir l'équipement nécessaire.


La liaison école collège est prise en compte dans la circulaire à travers la mise en place de "commissions de liaison"qui restent encore à définir, et de PPRE passerelle. " conçus dans le cadre des commissions de liaison par le professeur des écoles et les professeurs de français et de mathématiques du collège. Ce PPRE passerelle définit les objectifs d’apprentissage prioritaires et les modalités de poursuite des aides engagées dès le début de la sixième."


Au collège, la principale nouveauté concerne la pré-professionalisation. Comme nous l'avions annoncé, le ministère multiplie les dispositifs qui font éclater le collège unique. Les DIMA sont réactivés, du moins si les conseils régionaux suivent le ministre. Sont créés des 3ème pré-professionnelles dont il est dit peu de choses. " À côté de l’option de 3 heures en collège, il est proposé d’expérimenter une 3e « prépa-pro », à partir de l’actuel module de 6 heures de découverte professionnelle".


Ce dispositif est à rapprocher de la mise en place d'une expérimentation d'une évaluation nationale en 5ème. " Au collège, une évaluation nationale sera expérimentée en classe de 5e dans les établissements volontaires au cours de l’année 2011-2012. Elle portera sur deux compétences du socle commun", très probablement français , maths. On aurait ainsi un "super socle" au dessus du socle commun...


Au lycée, l'année est marquée par la réforme en 1ère générale et technologique en terminale pro, ainsi que par la réforme des filières STI, STL. Le ministère veut développer les stages passerelle. Il demande à ce que le tutorat soit réellement mis en place dans les établissements, ce qui constitue un aveu d'impuissance. La seule nouveauté est l'effort de concertation qui est demandé avec les collectivités locales, par exemple à travers les CPRFDFP, ces contrats qui seront signés entre conseils régionaux et recteurs en juin. Les dispositifs élyséens (ERS, internats d'excellence) sont rappelés par la circulaire. Quelle sera leur espérance de vie après 2012 ?


La circulaire prétend développer le numérique mais se limite à la généralisation du LPC numérique au primaire, et à celel des ENT. "Les ENT doivent se déployer dans tous les établissements qui n’en disposent pas encore, en relation avec les collectivités territoriales, à l’occasion de l’appel à projets lancé dans le cadre du Plan numérique ou dans le prolongement des solutions techniques développées au sein de l’Éducation nationale". De même la circulaire annonce la généralisation du cahier de textes numérique dans tous les collèges et lycées. Une instruction qui ne coûte rien au ministère puisque ce sont les  collectivités locales, dans la mesure où elles le voudront bien, qui payent ces outils et leur entretien. Le numérique est donc réduit aux outils d'évaluation, ce qui constitue une régression sévère. La circulaire annonce "une révision du B2i", qui pourrait même, selon certains informations, être remis en cause au lycée (information à confirmer).


Alors que de nombreuses voix, y compris celle du président d ela République, reconnaissent les insuffisances de la formation des enseignants, la circulaire n'annonce aucune modification de celle-ci si ce n'est le développement par quelques universités d'une formation en alternance. On a là sans doute la plus grande faiblesse de la circulaire. L'année prochaine les enseignants stagiaires verront leur formation professionnelle réduite aux 3 jours de "tenue de classe". Cela parce qu'iln'y aura plus le volant d'enseignants disponibles au primaire pour permettre la mise en place d'une formation. Les nouveaux enseignants souffriront donc, les élèves aussi et leurs collègues touchés aussi en retour par les effets sur le climat scolaire.

La circulaire

http://www.education.gouv.fr/cid55941/mene1111098c.html

Sur les dispositifs de tri au collège

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/04/[...]



La déception des syndicats


Sgen Cfdt, Snuep, Se-Unsa : tous témoignent des insuffisances de la circulaire. Le Se-Unsa parle de "simplisme UMP".


Pour le Sgen et les Snuep Fsu, la circulaire de rentrée traduit surtout l'obsession budgétaire du gouvernement. "Un texte consternant d'aveuglement et de surdité quant à la réalité vécue au quotidien par les élèves et les personnels", annonce le Sgen Cfdt qui regrette que le texte ne comporte "aucune mesure d enature à entraîner la mobilisation des personnels".  Pour le Sgen, "la référence incantatoire à l'innovation et à l'utilisation de l'article 34 de la loi de 2005 révèlent l'impossibilité de mener une politique éducative constructive dans le cadre d'une suppression massive de moyens... Quant à l'annonce d'une nouvelle évaluation nationale en 5ième, elle n'est pas de nature à rassurer quant à l'avenir du collège et de la scolarité obligatoire commune".


Syndicat de l'enseignement professionnel, le Snuep s'attache à démonter certaines affirmations ministérielles en ce domaine. "Qui peut croire que le mixage de public", c'est à dire le mélange d'élèves sou statut scolaire et en apprentissage dans le smêmes classes vanté par la circulaire, "soit un gage de réussite scolaire pour nos élèves ? Surtout à 35 par classe. Depuis quelques années le gouvernement essaie d’habiller les économies drastiques avec du soi-disant pédagogique, avec comme arrière-pensée la destruction du statut de fonctionnaire", écrit le Snuep. Pour leui cette mesure "change la nature même des Lycées Professionnels pour en faire des « boîtes de formation »".


Le Snuep critique aussi le DIMA, dispositif de pré professionnalisation. "La circulaire fait l’apologie « des dispositifs d’initiation aux métiers en alternance (DIMA) », dispositifs fermement condamnés par le SNUEP-FSU parce que permettant de mettre des jeunes de 15 ans au travail, les enfermant beaucoup trop tôt dans une impasse professionnelle, salariale et personnelle".


"Avec l’UMP, tout est simple ! Des élèves sont en difficulté au collège ? Envoyons-les massivement, et dès 14 ans, vers les CFA pour y « apprendre un métier » !" C'est ce qu'écrit le Se-Unsa dans une tribune vigoureuse qui ne peut concerner que la circulaire de rentrée. 


"Il faut dire qu’avec le parti de la majorité présidentielle, l’apprentissage est, comme toujours, paré de toutes les vertus. Prisonnier de cette posture idéologique, il refuse de voir que les entreprises ne souhaitent plus accueillir des apprentis aussi jeunes, que l’économie française a besoin d’une élévation du niveau de qualification, et que l’orientation précoce est coûteuse sur le plan économique et social", écrit le syndicat. "Faut-il relier cette proposition aux deux nouveautés que le ministère souhaite expérimenter dès la rentrée prochaine ? D’un côté, une évaluation nationale en fin de 5ème, et de l’autre une classe de 3ème prépa-pro implantée en LP… En tout état de cause, c’en serait alors fini de l’ambition d’un socle commun maîtrisé par l’ensemble d’une classe d’âge, ambition pourtant portée par la loi Fillon de 2005".


Pour le SE-Unsa," l’école du socle commun doit s’imposer parce qu’elle répond aux besoins de la Nation. Elle passe par la construction d’un collège vraiment pensé pour tous, fondé sur des contenus et une organisation profondément rénovés. Aux antipodes de la vision passéiste et ségrégative de l’UMP", conclue le syndicat.

Communiqué

http://www.se-unsa.org/spip.php?article3251


Quand la droite juge l'action de la droite

Nicolas Sarkozy a-t-il mis en application ses engagements de campagne ? L'Institut Thomas More, un think tank libéral, examine tous les engagements du candidat de 2007. D'après lui, quatre ans plus tard, en matière d'éducation, seulement 19,81% des mesures sont réalisées, 35% sont mises en oeuvre et la majorité réduites à l'état de promesse non tenue. L'Institut détaille cruellement les exemples : politique numérique, accès aux prépas etc.

Le bilan de l'institut T More

http://www.institut-thomas-more.org/actualite/8e-baromet[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 28 mai 2011.

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