Harcèlement : paradoxes 

Par François Jarraud



Comme le signale Luc Cédelle dans le papier que le Monde y consacre ce mardi, le pouvoir politique peut-il demander à la communauté éducative de prendre au sérieux le harcèlement des élèves, violence inacceptable, et botter en touche quand E. Debarbieux lui demande de prendre au sérieux les moyens de la formation et du travail collectif dans les établissements ?


S’il faut en rester aux symptômes, constatons que les syndicats enfourchent l’un après l’autre (et pas seulement dans l’éducation) le cheval de bataille de la souffrance… des personnels. Paradoxe ?


Comme pour celles faites aux élèves, les violences faites aux personnes qui travaillent ne peuvent être traitées par les conséquences, mais par les causes. Parmi elles, assurément, la division du travail, l’injonction au pilotage par indicateurs, la montée des évaluations et des mises en concurrence, et les réponses indigentes aux problèmes rencontrés. La montée des conflits entre adultes, dans les établissements, s’installe lorsqu’on n’arrive pas à traiter professionnellement des difficultés rencontrées. 


Certes, tout n’est pas la faute de Chatel ou de la RGPP. Les établissements qui arrivent à construire des réponses, toujours partielles, fragiles et temporaires, sont ceux où on prend effectivement au sérieux les problèmes des couloirs et des cours de récré, où on ne délègue pas au CPE le maintien de l’ordre scolaire, où on travaille à aider les élèves à comprendre ce qu’on attend d’eux, où on favorise la coopération et le dialogue, où on tisse au quotidien un sens aux activités scolaires des élèves et des enseignants, où on passe du temps à ne pas confondre règlement et justice expéditive, où on se pose dans le détail les questions de l’articulation du travail des uns et des autres.


C’est parce que le sens de ce qu’on y fait ne va pas (plus ?) de soi que l’Ecole souffre, et nombre de ses élèves aussi : entre discours sur la « réussite de tous » et inflation des ségrégations de tous ordres, l’injonction paradoxale est maximale, et retombe toujours sur les pieds de ceux qui doivent s’y coller, au quotidien. Pas à ceux qui glosent. Où qu’ils soient.


Est-il angélique, comme le demande E. Debarbieux, de demander que les politiques (et donc la société) fassent consensus sur l’objectif de faire de ce tissage social et culturel le premier ciment de la Nation ? Qu’on le croie ou non n’a peut-être que peu d’importance, en fait. Pour les plus dubitatifs,  ne comptant que sur eux-mêmes face à leurs ennemis, le refus de la nécrose du travail doit faire craindre les replis frileux, anxiogènes et paralysants, et impose forcément des actions collectives pour ne pas céder au sentiment d’impuissance.


Et pour tous, c’est l’articulation entre l’action politique, au sens noble, syndicale, professionnelle, pédagogique qui peut en être la trame. Mais la chaine du tissage impose forcément de questionner les postures professionnelles, les certitudes, les relations, les formations, la capacité à « travailler avec » pour ne pas « travailler contre ».


Parce qu’à la fin, élèves en souffrance et personnels d’éducation en questionnement professionnel ont assurément un intérêt commun : la justice scolaire à l’Ecole ne se fera pas sans une alliance éthique entre les uns et les autres, sans confronter avec exigence ce que font les uns et les autres pour tenter d’y parvenir.


Marcel Brun



La sécurité à l'Ecole : Une affaire de voisinage

"Les relations que les enseignants et le personnel entretiennent avec les élèves et les relations avec les familles jouent un rôle important pour isoler les élèves d'un voisinage  négatif et créer un environnement scolaire sécure". C'est une des leçons de l'étude de l'Université de Chicago sur "la sécurité des élèves et enseignants dans les écoles publiques de Chicago".


Dans cette ville qui abritent de puissants gangs, tous les établissements scolaires ne sont pas sécurisés. Et le climat scolaire dépend d'abord de la situation sociale du quartier où est installé l'établissement. Mais l'étude montre aussi que l'équipe éducative a un rôle important dans la mesure où elle sait dialoguer avec els élève set les familles. L'étude estime que la formation des enseignants à gérer les conflits est indispensable. Chicago semble avoir lu Debarbieux...

L'étude

http://ccsr.uchicago.edu/content/index.php



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 28 mai 2011.

Partenaires

Nos annonces