Chatel fossoyeur du collège unique ?  

Par François Jarraud



Faut-il enterrer la scolarité à 16 ans, à 15 ans ou à 14 ? Luc Chatel propose de "personnaliser" le parcours des collégiens. Or la frontière est étroite entre la "personnalisation"  et la relégation.


La fin du collège unique. Les chambres des métiers et la CGPME doivent être satisfaites. Leurs idées, exposées le 26 avril au Sénat, semblent avoir été entendues par Luc Chatel, reçu par la même commission le même jour. Pour une meilleure "découverte de l'entreprise", Luc Chatel proposera à la rentrée des dispositifs dérogatoires à la scolarité normale dès la 4ème, c'est à dire dès 14 ans. Dès la 4ème, des collèges proposeront des classes où les élèves sont un jour par semaine en entreprise "pendant plusieurs semaines". Des classes de troisième spéciales de pré professionnalisation seront crées en lycée professionnel "afin de découvrir les différents secteurs de la voie professionnelle". Enfin le DIMA, dispositif d'initiation aux métiers, sera relancé. Luc Chatel aurait donc reconstitué dès la 4ème un autre collège,  en mettant fin au collège unique. Et comme Luc Chatel annonce aussi que des professeurs des écoles s'occuperaient en 6ème des élèves ayant des difficultés de lecture et que ce sont justement les futurs élèves de ces nouvelles filières, on peut craindre que la nouvelle voie remonte très rapidement à la 6ème.


Ce serait un formidable bond en arrière. On reviendrait à la situation d'avant 1975 où les enfants des classes populaires étaient mis à l'écart très tôt dans une filière d'enseignement particulière. Ou à la situation qu'est en train d'abandonner l'Allemagne suite à ses mauvais résultats dans PISA 2006.


Ce ne serait donc pas dans l'intérêt des jeunes. L'orientation vers ces trois voies, qui les mettra à l'écart du collège, stigmatisera les jeunes qui la vivront. Ils perdront une partie importante de la formation que suit leurs camarades. On voit mal comment ils pourraient dans ces conditions atteindre le niveau du socle commun. Or le Céreq a montré que la réussite aux examens professionnels (CAP, bac pro) est déterminée par le niveau scolaire des candidats. En les sortant de la scolarisation avec un niveau scolaire très bas, on obère lourdement l'avenir de ces jeunes. Le terme pré-professionnalisation est largement trompeur. On sait que l FRance se caractérise par un nombre croissant de jeunes en difficulté scolaire. A ces collégiens, le gouvernement propose le renoncement et la relégation.

Dépêche AFP

http://www.vousnousils.fr/2011/04/28/chatel-veut-develo[...]

Au Sénat..

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/04/2[...]



La FSU rejette le LPC


"Assez de ce grand bazar !" écrivent le Snes, le Snuipp, le Snep et le Snuep. Les syndicats FSU demandent la suspension de l'entrée en vigueur du livret personnel de compétences (LPC). A travers lui c'est l'approche par compétences qui est mise en question ainsi que le socle commun.


"A tous les niveaux, les personnels refusent de se prêter à des attestations qui se transforment en véritables « usines à cases ». Ils n’adhèrent pas à une approche qui constitue d’autant moins une réponse aux difficultés des élèves face aux apprentissages que ces difficultés seront amplifiées par la politique de réduction systématique d’emplois dans l’éducation que poursuit le gouvernement", écrivent les syndicats. Ils font allusion aux 110 items à renseigner pour les CM2, aux 98 du LPC en troisième. Pour eux il s'agit "d'une mascarade d'évaluation déjà constatée pour le niveau A2 en langues et le B2i".


Ces mots très durs avaient déjà été prononcés par le Snes en janvier quand il demandait un moratoire du LPC. Cette fois ci les autres syndicats Fsu ont rejoint le Snes. Le Snes rejetait le socle commun " vision réductrice des savoirs qui marginalise plusieurs disciplines et écrase des pans entiers de la culture scolaire". Publié en avril 2010, le rapport du député Grosperrin sur le collège soulignait des difficultés déjà visibles. "Le nouveau « DNB » organise la « cohabitation » – plus qu’improbable – de deux formes d’évaluation a priori opposées et inconciliables : d’une part, l’évaluation traditionnelle, chiffrée, par le biais du contrôle continu et des épreuves du brevet, des savoirs disciplinaires et d’autre part, l’évaluation binaire, propre au socle commun, qui indique si chacune des sept compétences est validée ou non. Ce choix est à l’évidence absurde", écrivait-il, estimant que "le compromis précité remet en cause la valeur de cette attestation, voulue par le législateur". Il relevait "l'incompréhension des enseignants" qui "ne se sont pas appropriés le socle". Pour de nombreux enseignants", continue J Grosperrin, "l’attestation de la maîtrise du socle commun conduirait à altérer le travail d’évaluation, ainsi que la relation élève-professeur. Pour reprendre une expression très imagée entendue au Collège Françoise Dolto de Paris, le cochage des cases de validation des sous-compétences transformerait les équipes enseignantes en « poinçonneurs des Lilas ». Ce document a été même qualifié dans cet établissement « d’attestation Mc Gyver », ce qui en dit long sur son image dans la communauté enseignante". Le rapport demandait déjà du temps. "On ne peut réussir une mutation aussi importante que celle que représente la mise en place d’une évaluation par les compétences sans s’en donner le temps..."


A défaut, la mise en place du LPC se transforme en une simple bureaucratisation du métier participant de déprofessionnalisation. Un comble pour une démarche dont l'objectif est au contraire de mieux suivre les élèves. Reçus aujourd'hui au ministère, les syndicats FSU pourront-ils faire céder le ministère ?

Communiqué

http://www.snes.edu/Livret-personnel-de-Competences,21345.html

En janvier 2011...

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011[...]



Construire le collège


" S’il est nécessaire de faire évoluer le collège pour améliorer les acquis des élèves et les conditions de travail des collègues, il est hors de question de revenir sur le principe démocratique de scolarisation commune de tous les enfants de la République. Le « hors-série Collège » que nous publions aujourd’hui s’inscrit dans cette philosophie", écrit d'emblée le Se-Unsa.


La brochure reprend l'essentiel des contributions au colloque de janvier organisé par le Se-Unsa sur le collège et au blog ouvert par le syndicat à cette occasion.  Elle s'organise en 4 chapitres sur les contenus enseignés, le rôle des évaluations, l'organisation du temps de travail et le métier enseignant. Un outil indispensable pour réfléchir à l'avenir du collège.

Découvrez la brochure Construire le collège

http://avenirducollege.wordpress.com/2011/05/05/[...]

Le colloque du 12 janvier

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/[...]



François Dubet : Inaccessible collège unique

" La France reste bloquée dans son modèle de bataillon qui avance à son rythme et laisse au bord de la route un nombre croissant d’élèves. Vu que l’on n’est pas capable d’accepter le collège unique, on est constamment tenté de créer, en marge de celui-ci, des dispositifs -soutien scolaire, filières parallèles- pour prendre en charge les élèves dont on ne sait pas quoi faire", écrit François Dubet dans La lettre de l'éducation. Le sociologue n'a pas de mal à montrer que ces filières de relégation, comme celles que relance le gouvernement, sont socialement injustes.

Article Lettre de l'éducation

http://www.lalettredeleducation.fr/article2966,2966.html



Sur le site du Café

Par fjarraud , le samedi 28 mai 2011.

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