27 septembre : Un mouvement d'une ampleur inattendue 

Par François Jarraud



La rupture est-elle consommée entre syndicats et enseignants ? Le 27 septembre la moitié d'entre eux a répondu présent à l'appel des syndicats avec 40 à 50% de grévistes et de 110 000 à 170 000 manifestants. La participation du privé a été remarquée. Ils ont voulu protester en priorité contre les suppressions de postes et la situation difficile des nouveaux enseignants envoyés sans formation devant les classes. Les enseignants sont sans illusion sur les suites immédiates de la journée. Mais les syndicats se réjouissent de la mobilisation au moment où s'engage le débat budgétaire. ""Ce sera peut-être moins facile de faire passer le budget qu'avant", nous a confié un responsable syndical en faisant allusion aussi au résultat de l'élection sénatoriale.

A Lyon, c'est sous des flocons de neige (artificiels) que les 4 500 enseignants ont manifesté en s'adressant au ministre : "Rends-nous les postes" , "l'enseignement est saccagé". En fin de journée ils ont symboliquement encerclé le rectorat.


Dans le cortège parisien, "nos jeunes collègues sont débordés" nous confient deux enseignantes d'un lycée de Montgeron. Avec les suppressions de postes c'est le motif de leur présence. Elles ne croient pas que le gouvernement change de politique mais attendent que l'opinion publique comprenne. Pour une enseignante en collège à Grigny (Essonne) les suppressions de postes frappent aussi la vie scolaire : 7 postes sur 12 ont disparu. Le classement en ECLAIR ne semble rien apporter de positif et la disparition de la prime Zep est un motif d'inquiétude pour des enseignants peu payés. Un peu plus loin deux enseignantes en maternelle à Paris sont là pour pouvoir mieux faire leur travail. "les classes sont surchargées et la qualité du travail se dégrade. On est moins disponible pour chaque enfant. On ne conçoit pas notre travail comme cela. Il faut qu'on arrête d'enlever des postes".

 

Vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France chargée des lycées, Henriette Zoughebi était aussi dans le cortège. "On est là pour défendre le service public d'éducation", nous a-t-elle confié. "La région fait de gros efforts pour garder l'éducation comme une priorité. Mais au niveau de l'Etat c'est autre chose. Si on fait des efforts pour aller au-delà de nos compétences pour accompagner al réussite des jeunes et qu'il n'y a pas d'enseignants dans les classes ces efforts ne servent à rien". Elle a cité l'exemple des TICE où la région investit beaucoup mais où l'Etat n'apporte pas de réponse suffisante en matière de maintenance, de formation et d'accompagnement au changement. "Je crois à la réussite de tous les jeunes et de toutes les jeunes. Si on est ensemble dans la rue on peut faire changer les choses", nous dit H. Zoughebi. "C'est une vraie urgence politique. Pour que la gauche fasse ce changement cela se construit maintenant".


Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, veut "peser sur la préparation du budget au moment où s'ouvre le d ébat parlementaire. On veut que la question de l'Ecole soit au centre du débat public avec un débat sur un nouveau projet éducatif sur des questions comme comment répondre à la difficulté scolaire, comment travailler différemment dans les classes, comment donner une vraie formation professionnelle". Au Sgen Cfdt, Thierry Cadart estime que Luc Chatel est pour quelque chose dans le succès de la journée. "Les discours lénifiants du ministre en sont un des ingrédients... Les collègues témoignent aujourd'hui que la situation est insupportable. On va harceler le gouvernement d'autant qu'il sera peut-être plus difficile pour lui de faire passer le budget". "Les collègues ne voient plus où ils vont. ils sont venus témoigner des effets cumulatifs des suppressions de postes, des effets sur la prise en charge de la difficulté scolaire par exemple", nous a dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. "Ils attendent un projet et de la cohérence. Il s'adressent aux candidats à la présidentielle". Pour le Se-Unsa le moment est venu de choisir entre une école libérale et une école républicaine refondée. Pour Frédérique Rollet, co-secrétaire générale du Snes, la manifestation adresse aussi un message aux candidats. "Il y a des réformes à faire mais elles doivent être discutées avec les partenaires de la communauté éducative". Le Snes veut fédérer les mouvements locaux et ne pas relacher la pression avant le scrutin d'avril.


Du côté du privé, Alain Gout, secrétaire général de la Fep Cfdt parisienne, juge aussi "la situation intenable" du fait des suppressions de postes. "Il faut revoir la formation des enseignants. Les nouveau professeurs travaillent jour et nuit pour faire leurs cours" depuis qu'ils sont envoyés directement après le concours en classe en temps complet. "Il faut qu'on arrête de casser le service éducatif". Des revendications communes aux enseignants du public.


 



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Par fjarraud , le vendredi 21 octobre 2011.

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