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Primaire : Des avancées pour les enseignants du primaire  

Par François Jarraud



Le ministre des élèves veut aussi rester le ministre des profs. Vincent Peillon ne reste pas sourd au mécontentement des syndicats enseignants exprimé le 8 janvier lors de la présentation du décret sur les rythmes scolaires. Certes il ne modifie rien dans le projet de décret sur les rythmes qui repasse le 11 janvier devant le Comité technique ministériel (CTM). Mais il a présenté le 10 janvier aux syndicats du primaire un projet de circulaire qui aménage les 108 heures dues annuellement par les enseignants en plus des 24 heures hebdomadaires de cours.  Les enseignants auront une demi-heure de moins devant les élèves. Et la hiérarchie est invitée à leur faire confiance.


Aujourd'hui les enseignants du primaire doivent à l'Etat 24 heures de cours hebdomadaire et 108 heures annualisées. Aujourd'hui ces heures se transforment en 1h30 hebdomadaire d'aide personnalisée et 1h30 de conseils d'école, réunions de parents, concertation et d'animations pédagogiques. Pour toutes ces heures ils doivent rendre compte et remplir des tableaux d'exercice renseignés sous la surveillance, souvent tatillonne, des inspecteurs.


A partir de la rentrée 2013, l'aide personnalisée disparaît. A sa place sont mises en place des activités pédagogiques complémentaires (APC) à raison de 36 heures annuelles (1h hebdo) au lieu de 60 heures. Concrètement les enseignants sont une demi-heure de moins par semaine devant élèves. Le ministère ajoute donc 24 heures supplémentaires de concertation et préparation qui devront être utilisées pour préparer l'accueil des enfants de moins de 2 ans en maternelle, gérer le plus de maîtres que de classe en élémentaire et travailler à la liaison école - collège. Pour la première fois ces heures sont déclarées comme forfaitaires et il n'est plus question de remplir les tableaux Excel de l'inspecteur... Les 18 heures d'animation pédagogique se réduisent à 9 heures maximum. Cette décision est importante : les enseignants craignaient que les 18 heures soient mises sur 18 mercredis après-midi. 9 heures sont affectées à de la formation continue à distance, via Internet, qui pourra donc avoir lieu quand l'enseignant le voudra. Il reste les 24 heures de concertation et les 6 heures de conseil d'école qui existaient précédemment. A la place de 1h30 devant élèves et 1h30 de concertation, il y aura à partir de la rentrée 2013 1 heure devant élèves et 2 heures de concertation.


Les syndicats ne cachent pas leur satisfaction. "On continue à demander 3 heures hebdomadaires de concertation", nous a dit Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. "Mais on prend acte et on accueille favorablement cette circulaire. Cependant la confiance qui est faite aux enseignants doit être reconnue par la hiérarchie. Il fait que les équipes aient le dernier mot. On a demandé expressément au ministre d'envoyer un courrier en ce sens aux recteurs pour qu'il y ait un vrai changement dans l'école". "Cette circulaire constitue une avancée", nous a déclaré Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen. "Avec la notion de forfait, même si on sait que c'est plus de travail en fait, on sort de la logique infantilisante du contrôle des enseignants". "C'est un vrai changement de cap", se félicite Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. "Avec l'idée du forfait on sort du caporalisme de ces dernières années même s'il faudra se battre localement pour le faire respecter".


Vincent Peillon a-t-il gagné une majorité pour son projet de décret au CTM du 11 janvier ? Certainement pas. "Les mêmes causes produisent les mêmes effets", nous dit C Chevalier. Le ministre n'a en rien modifié le texte présenté au CSE le 8 janvier, le syndicat ne change pas son vote. Le Se-Unsa présentera à nouveau son amendement qui rend le conseil d'école maître du changement de rythme. Le Se-Unsa avait refusé de voter le décret , il refusera à nouveau. Même situation au Sgen. Le décret restant inchangé, le Sgen s'abstiendra à nouveau sur ce texte. Pas de changement également au Snuipp où on attend du ministre qu'il renforce le rôle du conseil d'école. Le CTM ne comprend que les syndicats et ceux-ci devraient renouveler leur vote du 8 janvier, c'est à dire se répartir entre votes contre (Fsu, Cgt, FO, Sud) et abstentions.


Et la revalorisation ? Le ministre n'a rien proposé de concret aux syndicats. Les mots "compensation" ou "revalorisation" restent bannis de la rue de Grenelle. Mais il s'y murmure qu'une indemnité reconnaissant les frais supplémentaires engendrés par les  mercredis travaillés devrait être proposée prochainement aux syndicats... Ferme sur le décret sur les rythmes scolaires, le ministre des élèves sait aussi être celui des enseignants et construire les compromis...



Primaire : Une circulaire organise le "plus de maîtres que de classes"

Le ministère a publié le 15 janvier une circulaire sur les dispositifs "plus de maîtres que de classes". La promesse présidentielle faite à l'issue de la concertation, le 9 octobre 2012, est tenue. Il reste à la mettre en oeuvre. Et ce ne sera pas simple. "Ce dispositif nouveau repose sur l'affectation dans une école d'un maître supplémentaire" explique la circulaire. Mais le "plus que de maîtres que de classes" c'est plus que cela : "cette dotation doit permettre la mise en place de nouvelles organisations pédagogiques, en priorité au sein même de la classe". Et c'est là la difficulté.


 Le dispositif reprend une revendication syndicale et des expérimentations qui ont eu lieu du temps de Luc Ferry. Il s'agit de nommer dans une école un maître surnuméraire capable d'intervenir dans les classes. Ce dispositif vise à " mieux répondre aux difficultés rencontrées par les élèves" et "l'action sera prioritairement centrée sur l'acquisition des instruments fondamentaux de la connaissance (expression orale et écrite, mathématiques) et de la méthodologie du travail scolaire".


Le dispositif s'adresse aux écoles de l'éducation prioritaire " mais aussi des écoles repérées localement comme relevant de besoins similaires", ce qui laisse la porte ouvert à des écoles rurales par exemple. C'est le DASEN qui attribue les moyens.


Un outil pour une équipe et un projet. Le dispositif "plus de maîtres que de classes" doit s'intégrer dans un projet " rédigé par l'équipe pédagogique sous l'autorité du directeur d'école" et validé par l'IEN. "La détermination des modalités d'intervention est à définir en équipe, selon des contextes que les maîtres connaissent précisément, en fonction des besoins des élèves". Le maitre supplémentaire ne peut coordonner lui-même ses activités. "Diverses formes d'interventions pédagogiques peuvent être choisies dont la co-intervention dans la classe avec le maître titulaire ou la prise en charge de groupes d'élèves en fonction de leurs besoins", dit la circulaire. "L'organisation d' une école avec « plus de maîtres que de classes » peut également favoriser la mise en œuvre de modes d'organisation pédagogique en équipes qui diffèrent de l'organisation en classes, en cohérence avec l'esprit des cycles, et en veillant à assurer aux élèves un cadre d'apprentissage solide et sécurisant".


Un soutien. "Les équipes de circonscription et les maîtres formateurs sont mobilisés pour aider les équipes enseignantes ainsi constituées à concevoir les projets et les accompagner dans la durée grâce à un dispositif de formation continue associant la circonscription, le département et l'académie", promet la circulaire. "La direction générale de l'enseignement scolaire, en liaison avec le réseau du Scérén-CNDP, mettra à disposition des enseignants et des formateurs des ressources (modules de formation, documents pédagogiques, outils méthodologiques) prenant en compte la recherche et l'innovation."


Cela est-il suffisant ? "Ce peut être un levier efficace", nous dit Bruno Suchaut. "Mais si on ne pilote pas ça risque de ne pas marcher. Il faut que ce maître en plus soit un enseignant à part entière dans l'équipe. S'il n'y a pas de réflexion commune cela n'aura pas d'effets positifs.  Ces enseignants vont permettre de dédoubler les classes  et d'améliorer les conditions de travail des enseignants et donc des élèves. Le maître supplémentaire ne doit surtout pas être considéré comme un maitre en supplément mais bien comme un membre de l'équipe dans un projet commun. A cette condition il peut être efficace par exemple pour l'apprentissage de la lecture en petit groupe".


Bien accueillie par les syndicats, la mesure est pourtant risquée. Les tentatives précédentes en France sous Luc Ferry n'avaient pas fait la preuve de leur efficacité en ce qui concerne le niveau des élèves. Son accompagnement, la capacité du ministère à diffuser de la formation et à animer un réseau d'enseignants vont être déterminants. Accompagner un changement n'a pas jusque là été le point fort du ministère. Le dispositif matérialise la priorité donnée au primaire par François Hollande. Pour cette raison là aussi il y a une obligation de réussir.


La circulaire

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=66628

Le 9 octobre

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/10/0910201[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 23 janvier 2013.

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