Sylvain David (Apses) : " On ne veut pas oublier ce que nous sommes" 

A la veille de la manifestation du 3 décembre , Sylvain David, président de l'Apses, la principale association d'enseignants de SES, fait le point sur la réforme de la classe de seconde entreprise par Xavier Darcos et la place réservée aux SES.



La particularité des SES c'est qu'elles sont attaquées à la fois sur les contenus enseignés et qu'il y a une incertitude sur l'offre éducative faite aux lycéens de seconde. Où en sont les négociations ?


 On demande la réouverture des discussions sur la place des SES au lycée et sur les contenus enseignés. Mais pour l'instant notre premier souci c'est la place qui sera faite aux SES. Même si les deux questions sont liées : on ne souhaite peut-être pas donner plus d'importance aux sciences économiques et sociales et la réforme du lycée est une opportunité.


Visiblement le ministre s'interroge. Et on souhaite qu'il prenne en compte la demande des professeurs de SES. Car il y a une rare convergence de différents milieux en faveur de l'enseignement des SES. On l'a bien vu à Lyon, lors des Journées de l'économie,  avec des interventions d'universitaires et d'associations de l'enseignement supérieur, des économistes, des sociologues. On peut citer Rocard, Guesnerie, le Codice. On serait surpris que le ministre reste sourd à ces appels mais on comprend qu'il doit trouver une porte de sortie. Cependant on reste inquiet sur l'avenir des TD, sur le nombre de modules proposés. Au ministère on nous dit de patienter et qu'il reste 15 jours de réflexion…


Vous n'êtes pas rassuré par les derniers bruits qui font mention de trois modules semestriels proposés aux lycéens ?


On aurait en effet trois modules. Mais aucun ne serait obligatoire et on resterait dans la concurrence entre disciplines, avec en plus une concurrence entre module d'approfondissement et d'exploration.


Pourquoi demander que les SES soient obligatoires ? Elles ne l'ont jamais été…


Justement la réforme du lycée est une opportunité pour poser cette question. Il faut aussi rappeler que les SES étaient obligatoires avant la réforme Jospin. Notre revendication est donc une vieille demande.


Avez-vous le sentiment qu'on essaie de vous soumettre à un troc : acceptez une "révision"  des contenus enseignés et on garantira un volume d'enseignement ?


Mais on veut être intégrés avec le contenu d'enseignement actuel. On peut discuter d'améliorations mais pas de faire évoluer les SES vers de l'économie d'entreprise. Si on nous demande de travailler sur l'entreprise on veut pouvoir mobiliser aussi les sciences sociales sur ce sujet. On ne veut pas oublier ce que nous sommes.


Les débats qui ont eu lieu à Lyon nous poussent aussi en ce sens. On y a évoqué les SES comme indispensables à la formation citoyenne, à l'éclairage de la vie. Très clairement, on n'est pas là pour faire aimer les entreprises !


La profession vous semble mobilisée ?


On devrait être un millier le 3 décembre (sur 5 000 professeurs de Ses, public et privé confondus). On sait que dans les régions la mobilisation est forte. L'incertitude c'est en région parisienne.


En dehors du débat sur les SES quel regard jetez-vous sur la réforme du lycée entreprise par Xavier Darcos ?


On a du mal à s'y retrouver. Par exemple on ne sait rien sur les effectifs. Trois heures de cours avec 35 élèves ce n'est pas la même chose qu'en mi-groupe. On ne sait pas s'il sera possible de faire réellement de l'initiation aux méthodes, quelle place celle-ci aura dans les modules d'approfondissement et de découverte. Je ne voudrais pas qu'on sépare les connaissances de l'initiation méthodologique; qu'on ait un module d'enseignement magistral et un second  de mise en œuvre. L'enseignement des Ses doit continuer à intégrer les pratiques et les activités si l'on veut qu'il ait un sens. Cette question là nous ne serons pas les seuls à la poser. Elle va également apparaître en histoire-géographie ou en lettres par exemple.


Propos recueillis par François Jarraud

le 2 décembre 2008


Par fgiroud , le mercredi 03 décembre 2008.

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