Québec : II - Renouveau pédagogique et approche par compétences 

Lancée en 1996, la réforme de l'éducation au Québec a construit l'Ecole sur un socle commun et une approche par compétences. Retouché à plusieurs reprises, ce système reste la base de son succès.

 

C'est en 1996 qu'un consensus est apparu au Québec pour une large réforme de l'éducation, appelée le "renouveau pédagogique". L'essentiel de la réforme est décrit dans un article de Gisèle Painchaud et Claude Lessard publié en 1998. " S'agissant de la mission de l'école, le virage est assez remarquable puisqu'on trouve en première place, instruire. L'accent est mis sur le développement des activités intellectuelles et sur la maîtrise des savoirs et non plus sur le développement de la personne qui avait été en quelque sorte le leitmotiv de la période précédente. En seconde place, l'école doit socialiser, soit promouvoir les valeurs qui fondent la démocratie et préparer à l'exercice d'une citoyenneté responsable. Enfin, en troisième place, l'école doit qualifier, c'est-à-dire soit préparer aux études post-secondaires, soit développer les compétences professionnelles requises pour le marché du travail", expliquent les deux auteurs.

 

Hisser les savoirs par l'approche des compétences. " L'originalité, relativement à la situation antérieure, est le découpage proposé non plus en disciplines ou matières distinctes, mais en domaines d'apprentissage regroupant plusieurs matières", en fait les langues, la technologie et les sciences, "l'univers social", les arts et le "développement personnel" (EPS et enseignement moral). "Cet axe dit vertical du curriculum doit se déployer en conjonction avec un axe dit horizontal, comprenant les compétences transversales : les compétences intellectuelles, méthodologiques, celles liées aux attitudes et aux comportements et les compétences linguistiques, c'est-à-dire la langue d'enseignement (français ou anglais) dans toutes les disciplines ou matières. Par exemple, le développement des compétences liées aux attitudes et aux comportements et qui font référence à des thématiques telles que l'éducation interculturelle et le respect des différences, l'ouverture à la compréhension internationale, l'éducation aux médias, l'éducation à l'environnement, etc., doit se faire à même l'apprentissage des domaines de connaissance appropriés au lieu d'occuper une place autonome dans la liste des matières figurant au curriculum. Ces thématiques pourront donc être abordées selon des perspectives différentes". Les neuf premières années d ela scoalrité étaient regroupées en un bloc considéré comme la formation de base que tout citoyen doit posséder. Les deux dernières années du secondaire étant , elles, tournées vers le supérieur. On retrouve dans ce découpage une question débattue en France sous l'idée de "l'école du socle", défendue dans plusieurs rapports récemment. La réforme réorganisait aussi le système éducatif, réduisant le nombre des commissions scolaires, faisant passer de 27 à 32 heures le temps de travail des enseignants en leur accordant du temps de concertation et une plus large autonomie.

 

Une application difficile. L'élan donné en 1996 a bouleversé en profondeur le système éducatif. Pour autant il a rencontré aussi des résistances sérieuses. En 2001 le ministre F Legault a annoncé un recentrage "sur les matières de base notamment le français et l'histoire", ce qui était revenir à une approche disciplinaire. En 2006, le nouveau ministre conservateur, JM Fournier, allait plus loin en remettant les acquisitions disciplinaires en priorité et en affirmant la liberté pédagogique des enseignants c'est à dire en réhabilitant l'enseignement magistral et son corollaire, l'enseignement explicite. Quatorze ans après la réforme les résultats de PISA 2009 mettent en valeur le système éducatif québécois et cette approche par compétences.

Le renouveau pédagogique

Article Painchaud Lessard

 

Sur le site du Café
Par fjarraud , le mardi 01 février 2011.

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