Les arts plastiques 

GFEN Maternelle 2011 Patricia Lamouche : partir à la découverte sensible des œuvres, quels dispositifs, pour quels apprentissages ?
LamoucheLa "rencontre sensible", une nouveauté des programmes 2008. Comment s'y lancer dès le cycle 1 ? Patricia Lamouche propose aux participants de l'atelier d'expérimenter un dispositif qu'elle a coutume de mener en classe ou sur des stages de formation. Elle annonce la gageure pour elle que de relever le défi dans les deux heures imparties !

Elle raconte donc en accéléré la genèse de sa démarche pour amener les enfants à rencontrer des œuvres d'art.
Par son expérience, elle a constaté que lorsqu'on propose aux enfants de réagir sur des reproductions d'œuvres, assez rapidement les enfants détournent leur intérêt, ne voyant dans ces « images » que des « images pour les grands » qui n'évoquent rien pour eux. Elle demande alors aux enfants de rapporter des images qui leur plaisent, sans contrainte de format. Chaque image est soigneusement découpée, contrecollée en blanc afin que le verso ne parasite pas le choix, et plastifiées pour assurer leur conservation. « De la même façon qu'en littérature on accède à des textes complexes, on doit travailler en maternelle sur des images complexes. ». Lors de rituels, les enfants sont amenés à présenter rapidement leur image, pourquoi ils l'ont choisie, et chacune rejoint la boîte à images de la classe, de l'école.

Comme on pourrait le faire avec une classe, elle propose une première consigne pour le groupe présent dans l'atelier : chaque participant doit choisir une image dans la collection présentée et répondre à trois questions : « ce que je vois » ; « ce que je ressens », « l'histoire que me raconte cette image ». Avec des élèves également la description est une étape nécessaire, incontournable avant d'envisager la description d'émotions, du ressenti. Chacun se prête volontiers au jeu, et trouve image à sa convenance.

Revenant sur l'apport des instructions officielles de 2002 et 2008, P. Lamouche revient sur la liste du choix des œuvres proposées. Cette liste peut être retravaillée par chaque enseignant ou des conseillers pédagogiques tels ceux de l'Yonne qui l'ont adaptée aux œuvres effectivement « disponibles » dans leur département. S'appuyant sur la base de cette liste officielle, mais inaccessible pour la plupart des élèves de son département, ils ont bâti une liste reposant sur les mêmes critères.

L'introduction de l'histoire des Arts apporte l'idée de travailler sur le lien, la filiation entre les œuvres.

Est proposée une deuxième consigne : d'autres images sont disposées sur une table, mais celles-ci sont des « cartes postales » reproductions de véritables œuvres . Dans la classe, cette collection serait désignée comme « boîte musée ». Dans cette « boîte musée » P. Lamouche préconise évidemment de mettre les repros d'oeuvres qui pourront être accessibles ensuite aux élèves (environnement, musées, ), peuvent figurer également des photogrammes de films (d'autant plus si votre classe participe au dispositif École et cinéma!). Pour l'heure à chacun de choisir une œuvre qui pour lui fait écho à l'image qu'il avait choisi dans le premier temps.

murOn voit ici comment peut s'opérer le travail sur le lien, la filiation d'autant que P. Lamouche impose de mettre en mots ce qui nous a fait réunir ces deux « images » puis d'exposer ce choix légendé sur un mur. Une mini-expo s'improvise et dans les mots exposés on retrouve des choses qui ont par exemple un rapport à une composition (empilement), à une émotion (liberté)...

P. Lamouche continue de mener la séance où les participants expérimentent son dispositif tout en racontant l'histoire de celui-ci. Avec ses collègues elle a bâti 4 listes de mots (issus d'un corpus fourni par le Musée des Enfants de Beaubourg) se rapportant au vocabulaire utilisé en arts visuels. La liste bleue se rapporte au vocabulaire des sensations, la verte aux gestes de peinture ; la jaune aux aspects de la couleur et de la touche et enfin la liste rose concerne les formes et compositions. Ces listes se déclinent en étiquettes utilisables avec des enfants lecteurs. Pour des enfants du cycle 1, P. Lamouche propose un codage, une illustration du mot sous forme pictogramme ou photo. Ici le codage est le fruit du travail de son équipe, mais en classe, il peut très bien faire l'objet d'un travail avec les enfants.

mur3ème consigne : prendre une carte - symbole de chaque couleur et la placer sur le mur d'images à côté d'une image qui lui correspond.

« L'idée c'est de faire prendre conscience à l'enfant qu'il ressent des choses totalement subjectives, et c'est normal, et qu'il n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. »

Inciter l'enfant à petit à petit aller éventuellement avec ses étiquettes à la rencontre des œuvres originales et travailler du coup sur le sensible permet de construire de la familiarité, de la complicité avec les images, complicité petit à petit transférable aux « images pour les grands », puis on dépasse la reproduction pour aller rencontrer l'œuvre originale.

L'alternance pratique plastique / lecture images dont les reproduction d'œuvres permet à l'enfant de construire petit à petit le concept d'œuvre.

Il est bien difficile de conclure. P. Lamouche revient sur quelques conseils et précautions : accepter la polysémie de sens de l'image, la parole de chacun étant à respecter. Elle guide l'auditoire et le conseille dans des réalisations très pratiques : se constituer des nuanciers, conserver les chutes des différentes réalisations comme banque de formes, avoir à portée de mains cadres de tailles et de formes différentes...

Elle nous avait prévenus : il lui fallait bien plus de 2 heures !...

 



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