Programmes du Primaire : " Le suivi est très important" Philippe Joutard 

Ancien recteur, ancien animateur de la commission des programmes de 2002, Philippe Joutard sait très bien comment on fabrique les programmes. Pour lui il faut veiller à l'articulation entre les disciplines et en finir avec l'opposition fondamentaux et autres disciplines. Il milite aussi pour une importante formation continue pour permettre une appropriation des programmes.

 

 

Quelles critiques peut-on porter sur les programmes de 2008 ?

 

 Ayant été animateur de la commission des programmes de 2002, mon intervention est discutable. Mais le premier défaut de ces programmes, c'est de n a pas avoir fait de bilan des programmes de 2002. Pour mémoire je rappelle qu'ils avaient été ajustés en 2006 et 2007 et qu'en 2003 Luc Ferry et Xavier Darcos avaient signé une préface où ils faisaient l'éloge de ces programmes. Un second reproche c'est qu'ils opposent les fondamentaux et le reste. Autant la maitrise de la langue est fondamentale et doit être au coeur des apprentissages, auatnt c'est une erreur de croire qu'on n'apprend la langue qu'en cours de français ou les maths en classe de maths. On apprend par la totalité des champs disciplinaires et toute la scolarité du primaire. Ca permet de sortir de cette contradiction où on veut à la fois consacrer une grande place aux fondamentaux et en même temps que les élèves apprennent une langue étrangère, soient initiés au numérique ou à l'HDA.

 

On a une grande tradition de programmes en France. Qui doit les élaborer ?

 

L'idée au départ c'est qu'il y ait un groupe volontairement hétérogène, composé de gens de terrain; d'encadrement et d'universitaires même pour le primaire. Et que ce groupe soit connu. Ce groupe d'experts doit être en dialogue avec le Conseil supérieur des programmes (CSP) pour que les programmes s'articulent avec l'ensemble de la scolarité et du socle. Il faut que les enseignants soient associés en amont pour le bilan du programme précédent et en aval et que l'on tienne compte de leurs remarques. Ensuite il faut avoir un suivi. Au bout de 2 ans on doit faire des ajustements. Si les programmes de 2002 ont réussi c'est parce qu'on a fait ce travail.

 

Les résultats du primaire ne sont pas sensationnels. Que proposer dans les programmes pour y remédier ?

 

Soyons honnête. J'ai critiqué les programmes de 2008 trop mécaniques, qui en histoire revenaient au roman national, mais je ne pense pas que ces programmes soient les seuls responsables des difficultés. Il faut revoir l'ensemble des programmes en voyant comment tous les champs disciplinaires doivent s'articuler. Le vivre ensemble et la maitrise de la langue doivent être au centre. Mais la pratique doit se faire à travers la totalité de ce qui se fait en classe. Il faut laisser une certaine souplesse pour permettre la pédagogie différenciée et mettre en valeur le travail en équipe pédagogique.

 

Il faut aussi avoir conscience que les programmes imposent une importante formation continuée. La consultation doit permettre une première appropriation du programme. Ensuite, il faut un temps d'appropriation par les enseignants. Le suivi est très important à travers une formation continuée. Un programme sans formation continue risque d'avoir des difficultés.  Je suis persuadé que les moyens modernes de communication vont faciliter cela. Enfin cette formation ne doit pas être le fait que de l'institution. Tout ce qui est autour joue un role. Par exemple ce que font les collectivités territoriales ou vous le Café pédagogique. Il faut que tout le monde s'attelle à la tache pas seulement l'institution.

 

N'accorde t on pas une trop grande importance aux programmes ?

 

J'ai participé a plusieurs rédactions de programmes et vous avez raison. J'avais été frappé dans par la demande d 'enseignants travaillant avec des élèves venus de la grande pauvreté de prendre des libertés avec le programme. Il y a une sacralisation des programmes dont il faut se détacher un peu. Il ne faut pas oublier que le programme s'inscrit dans le cadre d'une culture commune beaucoup plus vaste qui a pour but que les élèves soient capables de faire une longue scolarité pour s'insérer dans le monde du 21eme siècle. Il faut beaucoup de souplesse.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 01 octobre 2013.

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