Littérature : Bac 2014 : Musset 1 - Hugo 0 ? 

L’épreuve de littérature 2014 en terminale L a porté sur la pièce « Lorenzaccio » de Musset. Deux questions étaient proposées, toutes deux autour de la réception de l’œuvre dans sa théâtralité même : « L’œuvre de Musset, « Lorenzaccio », a d’abord été publiée en 1834 au sein du recueil « Un spectacle dans un fauteuil ». En quoi ce choix de publication peut-il guider la lecture de la pièce ? » ; « Dans quelle mesure peut-on dire, avec un critique, que « ce drame romantique (…) est une pièce prodigieusement moderne » ? Vous fonderez votre propos sur votre lecture de la pièce et votre connaissance de ses mises en scène. »

 

Les 2 questions proposées, en parfaite résonance avec le domaine d’étude au programme « Lire-écrire-publier », semblent inviter à expliquer et illustrer le Bulletin Officiel : « Lorenzaccio se caractérise dans cette perspective par un triple décalage : celui d'une œuvre théâtrale rendue publique sous forme livresque (un théâtre dans un fauteuil) en prenant acte de sa propre irreprésentabilité scénique, voire en la théorisant ; celui d'un créateur qui choisit le détour par l'Italie renaissante pour parler à et de la France d'après 1830 ; celui d'une pièce finissant par connaître tardivement (en 1896) la représentation scénique : la « création » au sens théâtral ainsi retardée déplaça nécessairement le sens de l'œuvre, lequel ne cesse depuis d'être réinterprété et recontextualisé au fil des mises en scène ». Pas de surprise donc pour quiconque aurait abordé la pièce selon ces angles, sinon pour les candidats qui commettraient de fâcheuses erreurs de compréhension sur les termes « fauteuil » (question 1) et « moderne » (question 2). Les sujets permettront sans doute de valoriser les candidats qui témoigneront tout à la fois de connaissances d’histoire littéraire, d’une culture théâtrale, d’une sensibilité à l’écriture et aux enjeux propres de la pièce.

 

Ce jeudi 19 juin 2014, pendant que les terminales L planchaient sur Musset, les médias s’attardaient sur « l’affaire Victor Hugo » de l’épreuve de français en première ES-S : des lycéens déçus d’avoir eu à commenter un texte à leurs yeux peu inspirant se sont lâchés sur Twitter pour orchestrer un « Hugo bashing » ; les médias ont repris en boucle ces tweets assassins pour se moquer de l’inculture et du vocabulaire des lycéens, pour mener à leur tour un « Ados bashing ». Et si plutôt que de mépriser la jeunesse (une fois de plus), il fallait s’interroger sur notre (in)capacité collective à faire aimer la poésie ? Autrement dit à en faire  non un simple objet scolaire (à réciter ou à décortiquer), mais bien une expérience vivante du monde ?

 

Jean-Michel Le Baut

 

Sujet de littérature

Les épreuves de français en première

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 20 juin 2014.

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