Décrochage : La bataille sera gagnée dans la classe 

Mais comment font-ils les Polonais ? Leur taux de décrochage atteint 6% quand le notre frise les 12%. En quelques années il sont réussi à réduire fortement le décrochage. De nombreuses études pointent les responsabilités de l'Ecole dans la fabrication du décrochage. Nous faisons le pari que cette question peut être un levier effectif du changement des pratiques de classe.

 

D'abord parce qu'il y a une singularité française du décrochage. Longtemps le décrochage était une voie normale de sortie de l'école. A 11, 12 ou 14 ans on quittait l'Ecole sans avoir le certif et sans drame pour entrer en usine ou donner un coup demain à la ferme. Ce temps là existe encore dans certains pays. Mais en France beaucoup plus qu'ailleurs, le diplôme a pris une importance déterminante dans l'insertion professionnelle. Il est devenu le seul repère des compétences acquises. Au point que le taux de chômage des non diplômés est le double de celui des diplômés. S'il n'y a plus de salut hors du diplôme, alors les décrocheurs, qui sont définis par l'absence de diplôme, sont damnés à jamais.

 

La seconde raison pour laquelle les choses vont changer c'est que le cout du décrochage devient insupportable. Il est carrément e train de couler le bateau. On sait depuis une enquête de l'OCDE que la main d'oeuvre française est la moins compétente des grands pays développés puisque la formation professionnelle ne vient pas remédier aux sorties des jeunes du système éducatif sans diplôme. On a pu calculer à 220 000 euros le coût du décrocheur tout au long de sa vie. Or nous en produisons 140 000 par an depuis plusieurs décennies.. Un simple calcul permet d'évaluer en milliards le coût sur l'économie française et par suite sur ses acteurs du décrochage. Mais le coût n'est pas qu'économique. Le décrocheur n'arrive pas à s'insérer dans la société. Cela génère un coût politique dont on commence à mesurer le caractère révolutionnaire...

 

Mais alors comment ont-il fait en Pologne ? La scolarité obligatoire a été prolongée jusqu'à 18 ans , avec un tronc commun sans sélection jusqu'à 16 ans. La notation a été revue et on note sur six. En même temps un socle commun a été  mis en place. La solution au décrochage est bien dans la classe et dans ses pratiques quotidiennes. C'est là , dès le primaire, que les choses se jouent.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mercredi 01 octobre 2014.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 01/10/2014 à 17:29
    Comme je ne parle pas le polonais. j'aimerais bien voir que veut dire "scolarité jusqu'à 18 ans" et qu'est ce qu'on offre au décrocheur de 16 ans. 99 chances sur 100 une scolarité aménagée avec quelques heures par semaine.
    Par ailleurs, les classes hétérogène ont des limites. Elles ne fonctionnement pas pour les élèves ayant un handicap cognitif lourd ou pour les élèves qui ont des graves lacunes en lecture et expression. Ces derniers ne doivent pas avoir les mêmes cours de Français que les autres.
    J'ai l'impression d'une présentation revisitée de ce qui se passe en Pologne pour vendre la solution miracle pour l'école de ceux que j'appelle les "paléomodernistes consensuels". 
  • Franck059, le 01/10/2014 à 16:19
    Si l'on porte l'âge de la scolarité obligatoire à 18 ans sans absolument rien changer au système, one ne fait que retarder le problème (sur 3 ans maximum). Les décrocheurs gardés en couveuse au sein du sacrosaint collège unique poursuivront lamentablement leurs études en lycée, duquel ils sortiront avec un bac à bon marché dont la valeur sera proche de zéro.

    La solution ne viendra pas de la classe mais des structures. Si l'on s'imagine que les profs sous-payés vont, dans une classe de 28 à 30 élèves s'occuper de chacun individuellement, on se fourre les doigts dans l'œil jusqu'au coude. La preuve est faite depuis de nombreuses années de cette impossibilité puisque justement les cours particuliers sont en plein essor. Impossible évidemment de faire 30 cours particuliers en même temps en 1 heure, de s'occuper à la fois du bon élève discipliné, du bon élève hyperactif, du bon élève dyslexique, du bon élève dyspraxique, de l'élève mou blasé et sans désir d'apprendre, du mauvais élève discipliné, du mauvais élève agité, du mauvais élève décrocheur, du mauvais élève dont les parents ont refusé une SEGPA, etc.

    On peut trouver des rustines mais il y a des limites. Un exemple précis en maths : si les programmes officiels n'étaient pas une liste à la Prévert de connaissances et capacités dignes de transformer le collège en petit lycée et le lycée en petite fac, mais DRASTIQUEMENT allégés en ne fournissant, par exemple, que 3 thèmes à étudier par trimestre, à la limite, dans ces conditions, on pourrait raccrocher certains élèves grâce à un rythme ralenti et proposer aux meilleurs des approfondissements dans les thèmes fixés, ou pourquoi pas leur faire développer des compétences d'altruisme en aidant les plus faibles.
    Je crains fortement que les futurs programmes n'aillent pas dans ce sens et se trouvent de nouveau confrontés à un élitisme à la Française qui devient au quotidien lourd à gérer.

    Concernant les conséquences politiques, l'avenir n'est pas brillant. Au mieux, si les nombreux décrocheurs s'abstiennent, la droite reviendra au pouvoir. Au pire s'ils votent, les extrêmes risquent de s'imposer. 
  • maria1958, le 01/10/2014 à 10:09
    Si elle portait l'obligation scolaire de 16 à 18 ans, la France reconnaîtrait une réalité déjà existante (l'écrasante majorité des jeunes de 18 ans sont scolarisés), et elle manifesterait une ferme volonté de ne plus lâcher des jeunes de 16 ans dans la nature.... 
    Tant que la scolarité n'est légalement obligatoire que jusqu'à 16 ans, il est d'autant plus facile pour l'Etat de se laver les mains de ce qui arrive aux jeunes qu'il "décroche".... les lycéens actuellement sans place (5000 encore d'après la FCPE sur RTL ce matin) sont hélas bien placés pour le savoir....

    Autre question: dès lors qu'on décide d'aller récupérer les 140 000 jeunes sortant chaque année du système sans diplôme, on a du pain sur la planche - parce que rien que sur les 5 dernières années, par exemple, on a produit 5 X 140 000 = 700 000 jeunes sans qualification. 
    On leur propose quoi ?  
    Le coût du décrochage est énorme, OK, donc pour réduire ce coût, combien prévoit-on d'investir dans une offre de formation consistante pour ce public-là ? On ouvre combien de classes, on recrute combien de profs ?
    Il faut bien parler de questions (budgétaires) qui fâchent, sinon on en restera aux déclarations de bonnes intentions, style droit au logement opposable qui reste lettre morte...

    Et il faut investir aussi en amont pour arrêter de "produire" des décrochés.... sinon on n'a pas fini d'écoper l'océan Pacifique à la petite cuillère....



    • Siegfried, le 28/06/2017 à 19:29
      Vos réactions sont tout à fait justes ; et n'oublions pas que les décrocheurs sont aussi et avant tout des boulets qui gênent ceux qui travaillent et ne décrochent pas ; les bons pourraient être meilleurs encore ;
      du fait ,tout est au rabais
      je ne m'étends pas , on connaît le problème.
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