Décrochage : Quel rôle jouent les pairs ? 

Les élèves les plus isolés ont-il susceptibles de décrocher davantage ? Les plus populaires sont-ils les plus investis dans leurs études ? Les pairs peuvent-ils être un appui à la scolarisation ou au contraire accélérer le décrochage des adolescents ? Comment s'articule la perception de l'Ecole et la construction personnelle au sein du groupe des élèves ? Lucie Hernandez, Nathalie Oubrayrie Roussel et Yves Prêteur, du laboratoire PDPS de l'Université Toulouse II, publient dans Recherches en éducation n°20, une intéressante étude sur la complexité des relations entre ces termes.

 

L'étude s'appuie sur un questionnaire rempli par près de 700 élèves de troisième dans un échantillon représentatif de collèges. Les auteurs ont mené un double classement des élèves en fonction de leur rapport au groupe de pairs et de leur implication scolaire. Ainsi ils évaluent que 39% des élèves considèrent être fortement soutenus par le groupe des pairs : ce sont les "populaires". Inversement 19% s'isolent du groupe (les "en retrait"). 17% des élèves sont soumis à l'influence du groupe (les "soumis"). Et 25% recherchent aussi le groupe mais se sentent peu appréciés (les "négligés"). Sur l'échelle de la scolarité, 12% des élèves sont démobilisés et en difficulté. 28% sont en difficultés.

 

Que se passe-t-il si l'on rebat ces cartes et croise les groupes ? Selon les auteurs, les "populaires" sont les élèves les plus persévérants. Fortement soutenus par le groupe ils accordent de l'importance à leurs progrès. Les jeunes en retrait sont ceux qui s'attachent le plus à la valeur intrinsèque de l'enseignement. Ils viennent au collège pour apprendre et bénéficient le mieux des enseignements. Les "soumis" privilégient leur image dans el groupe à leur scolarité. Ils abandonnent facilement les apprentissages. Enfin les élèves "négligés" par leurs pairs accordent le moins d'importance à l'école.

 

Les auteurs tirent quelques enseignements généraux de cette étude. D'abord ils positivent la solitude. "Les manifestations de « solitude » sont aussi des expressions attestant de la capacité de certains adolescents à prendre de la distance à l’égard de la conformité attendue par les groupes, à puiser suffisamment de confiance en eux-mêmes pour ne pas être dépendants des pairs". Mais le principal enseignement c'est que l'influence du groupe des pairs est déterminante sur la persévérance scolaire. Ceux "qui ont un rapport aux autres fondé sur la cohésion, le soutien, la solidarité et l’intimité, ont tendance à attribuer davantage de sens à leur scolarité et donc à mieux réussir. Ces résultats rejoignent la plupart des travaux soulignant qu’un soutien important des pairs caractérise prioritairement les adolescents les moins en difficulté scolaire.. Nous voyons également, combien le rejet par les pairs, des manifestations d’exclusion du groupe ou de discrimination « paralysent » la réceptivité et la mobilisation cognitive, fragilisent la confiance en soi et la prise d’initiative". Voilà des dimensions  auxquelles les enseignants doivent porter attention.

 

F. Jarraud

 

Recherches en éducation n°20

Décrochage : voir L'Expresso du 1er octobre

 

Par fjarraud , le jeudi 02 octobre 2014.

Commentaires

  • Franck059, le 02/10/2014 à 19:12
    Très intéressant à savoir en effet.

    Mais les enseignants ne peuvent pas tout.

    Par exemple, le travail en groupes est chronophage et malheureusement, la lourdeur des programmes actuels ne permettent pas de pratiquer régulièrement (mais sans toutefois en abuser) ce type d'activités permettant d'encadrer les élèves plus fragiles par des pairs plus solides et stimulants.

    J'attends de pied ferme les propositions des futurs programmes. Mais s'ils sont écrits par des pontes déconnectés du terrain, je crains d'être déçu sur ce point.
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