Hollande : Une concertation sur le numérique en janvier 

De la formation pour les enseignants et une vaste concertation, ce sont les deux éléments nouveaux d'un plan numérique que le président de la République avait déjà largement dévoilé depuis l'été. Le président a confirmé le 6 novembre l'équipement de tous les élèves de 5ème à la rentrée 2016 en tablettes. Interrogé sur le budget il est resté assez flou. Il a abordé une des difficultés du plan numérique. Comment transformer un plan conçu et poli depuis des mois dans les couloirs élyséens en programme venu de la base ? L'Elysée semble avoir trouvé la solution en une vaste concertation de tous les acteurs. Avec une limite : sur quoi porte la concertation quand tout a déjà été décidé ?

 

Des tablettes en 5ème à la rentrée 2016

 

"On doit être les premiers pour le numérique à l'école", a proclamé F Hollande le 6 novembre. "Avec la ministre de l'éducation nationale et le gouvernement, on va lancer un grand plan numérique. On va commencer par des expériences. A la rentrée 2015, on va faire que dans les rythmes scolaires à l'école on apprenne le codage... A la rentrée 2016 tous les élèves de 5ème seront équipés d'une tablette et auront une formation avec le numérique". Le président de la République confirme le plan numérique qu'il a déjà présenté en septembre dernier.

 

Si l'on décrypte les propos présidentiels, F Hollande a confirmé l'existence d'expérimentations sur l'année 2015. Il répond ainsi à une demande des entreprises du secteur à qui on demande d'investir pour une généralisation en 2016 mais qui sont dans un gap budgétaire après l'arrêt des programmes précédents. Il confirme la généralisation des tablettes au collège à la rentrée 2016. Depuis la loi d'orientation, la classe de 5ème est la première d'un nouveau cycle, la 6ème étant intégrée dans un cycle commun avec le cm2. Ainsi la distribution des tablettes en 5ème sera liée à l'arrivée des nouveaux programmes du collège rentrée 2016. L'équipement des autres niveaux et des enseignants est annoncé dans un dossier gouvernemental : 70% des écoliers et collégiens et tous les enseignants équipés en 2020. A cette date 60% des ressources éducatives devraient être numériques.

 

La concertation

 

L'élément nouveau important c'est le fait que les enseignants soient "impliqués". "On fera une grande concertation sur le numérique en janvier. Ca va durer un mois, deux s'il le faut, avec les enseignants, les parents, les éditeurs, les industriels et les élus locaux", a dit le président de la République. L'organisation de cette concertation, ses objectifs restent dans le flou. La ministre s'était engagée à ce qu'il n'y ait pas de nouvelles consultations sur le temps scolaire comme celle sur le socle. Par conséquent la concertation devrait avoir lieu en plus du temps scolaire ce qui risque d'en limiter largement la portée. Comment faire "se concerter" élus, entreprises, parents et enseignants ? Ca reste à aussi mystérieux. Enfin sur quoi portera cette concertation ? Le souci présidentiel c'est d'associer le terrain à un plan numérique totalement impulsé par en haut. La formule sera-t-elle à la hauteur ?

 

Et pour quoi faire ? Dans un dossier publié par le gouvernement, le numérique est doté de toutes les qualités. On parle de "renouveau pédagogique.. pouvant améliorer l’efficacité et l’équité du système éducatif". On attend du numérique qu'il permette de "repenser les méthodes et les programmes d’enseignement... ; rénover les modes d’évaluation ; revoir l’organisation des espaces et des temps scolaires". Si le numérique peut être un puissant outil d'éducation, comme le montre notre dossier numérique, il ne va certainement pas à lui seul répondre aux difficultés de l'Ecole et notamment à son principal défi qui est les inégalités sociales à l'école. Le président a quand même précisé que " si on fait simplement qu'une distribution de matériel ça paraitra un gadget et ça ne marchera pas".  Un plan de formation devrait accompagner le plan numérique. Mais on n'en sait pas plus.

 

Un financement encore flou

 

Interrogé sur le financement du plan numérique, le président de la République n'a donné aucun nombre. Il a introduit l'éducation nationale dans le financement ce qui est un élément nouveau. "On dégagera l'argent nécessaire", affirme F Hollande. "J'ai mis les moyens.. Ce sera dans le budget de l'éducation nationale.. On y apportera par les investissements d'avenir des moyens supplémentaires". Le plan numérique annoncé cet été prévoyait surtout d'utiliser l'argent des investissements d'avenir soit 800 millions budgétisés par Bercy dans le cadre d'un grand plan, industriel. Il ne faisait pas appel au budget de l'éducation nationale. C'était même son principal atout. F Hollande inverse la perspective ce qui ne peut qu'instiller le doute sur le devenir du programme des investissements d'avenir. Le président de la République n'a pas non plus évoqué le rôle des collectivités locales dans le développement du plan alors qu'il devrait être déterminant. Il a peu évoqué les ressources, pourtant essentielles. Sur ces sujets là aussi des réponses devront être apportées par le gouvernement.

 

"Ah le plan numérique, c'est la baguette magique éducative depuis quelques mois", devait commenter sur Twitter Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, un puissant syndicat d'enseignants. Le président de la République a mis la barre haut. "Que les jeunes Français puissent être les mieux formés. Avec un système réformé, avec le numérique, avec la réforme des programmes, une organisation différente du système on pourra être au plus haut niveau", a promis François Hollande. Rien que ça ?

 

François Jarraud

 

Le dossier gouvernemental

Ce qu'on sait du plan numérique

Numérique : Le dossier pédagogique du Café

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 07 novembre 2014.

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