Cours Najat, la France réac est derrière toi ! 

La récente note de Fondapol demandant la création d’une assurance complémentaire éducation en faveur des classes moyennes devrait choquer au pays des inégalités sociales à l’Ecole. Mais cette note est simplement l’annonce d’un retournement d’opinion  dont on mesure mal encore la dimension. Ce glissement à droite de l’opinion pourrait menacer les projets ministériels. Cours Najat, la France réac est derrière toi !

 

 « En France, la réussite est conditionnée par les origines sociales des élèves. Face à ce constat, les classes moyennes sont à la recherche de solutions scolaires alternatives et se tournent vers le soutien scolaire payant, qui est un marché particulièrement dynamique », explique l’étude Fondapol. « La présente note propose au contraire de soutenir les familles en créant une assurance complémentaire éducation. Sur le modèle des complémentaires santé ou des complémentaires retraite, elle viendra en supplément des services de l’Éducation nationale, conduisant le secteur privé à participer d’une façon nouvelle à la mission d’intérêt général de réussite de tous les élèves français ».

 

Alors que la France est championne du monde des inégalités sociales à l’Ecole, selon l’OCDE, que celles-ci pèsent sur les plus défavorisés,  demander une aide scolaire spécifique pour les classes moyenne et supérieure ressemble à une indécence. Et bien pas du tout pour Fondapol ! C’est ce que demande ce think tank libéral, dans un rapport publié le 27 novembre.

 

Comment une telle provocation est-elle possible ? Le sondage Ifop qui accompagne la note en donne l’explication. En page 66 on trouve les réponses des Français à quelques questions basiques sur l’Ecole, à partir d’un échantillon représentatif de plus de 2000 personnes. Etes vous favorable à un examen d’entrée en 6ème ? Oui répondent 78% des Français. Etes vous pour abroger les nouveaux rythmes : 63% acquiescent. 61% des Français sont contre le remplacement des notes par une appréciation. 63% contre la suppression des devoirs à la maison. Et 70% contre la suppression du redoublement.

 

Tous ces nombres illustrent quelque chose de bien connu et que le Café pédagogique avait annoncé. Il y a un lien entre l’évolution politique d’un pays et ses débats scolaires. Dans un pays de gauche on remplace les notes par une autre évaluation plus formative. Dans un pays de droite on croit dans la sélection, l’évaluation et la note. La France a entamé le retour de balancier. Il est en train de rattraper les projets ministériels. Cours Najat !

 

François Jarraud

 

Sur Fondapol

 

Par fjarraud , le vendredi 28 novembre 2014.

Commentaires

  • maria1958, le 28/11/2014 à 11:37
    Contrairement à ce que le titre du sondage commandité par Fondapol laisse entendre, il ne s'agit pas de financer par des déductions fiscales le recours au soutien scolaire privé des seules "classes moyennes": Fondapol propose de distribuer des "chèques éducation"aux familles non imposables ! donc le but du jeu, c'est d'envoyer TOUT LE MONDE vers les cours privés, de quoi gonfler encore un marché juteux qui ne sera pas perdu pour tout le monde....
    Marchandiser au maximum les "services", fut-ce l'éducation, ce n'est qu'une resucée des "solutions" préconisées par les think tanks ultralibéraux, aux Etats Unis notamment depuis fort longtemps, Fondapol est dans son rôle de lobby ultralibéral, rien de nouveau sous le soleil....

    Le problème c'est que si "Najat" veut laisser sur place la droite qui est à ses trousses, il va falloir qu'elle change sérieusement de braquet. 
    Allez donc faire un tour sur les annonces Pôle Emploi pour recruter des professeurs: vous y trouverez de plus en plus d'annonces de l'Education Nationale pour recruter des contractuels, partout et dans toutes les disciplines, pour boucher les trous dans les établissements, faute d'avoir restauré l'attractivité des concours d'enseignants. Et à côté des annonces Education Nationale, fleurissent les annonces des officines privées de cours à domicile.... parce que lorsque la prof de maths en congé maternité n'est pas remplacée, les parents se rabattent sur la seule "solution" qui s'offre à eux !

    Si l'Etat ne se donne pas les moyens d'assurer la continuité du service public du aux élèves, eh bien il fait le lit des officines privées.... et ce que préconise Fondapol, c'est-à-dire le désengagement de l'Etat et la marchandisation de l'Education, se met en place tout seul... 

    La meilleure façon de couper l'herbe sous le pied de la droite et de l'extrême droite, ce serait d'investir pour assurer un fonctionnement impeccable du service public d'Education nationale....
  • Bernard Girard, le 28/11/2014 à 11:13

    Malgré les biais idéologiques du sondage – avec des questions qui téléguident les réponses – cette enquête confirme tout à la fois la grande ignorance d’une partie des sondés sur l’école (cf la croyance bénéfique sur les vertus du redoublement) mais surtout le peu de cas que l’opinion publique fait des principes d’égalité et de justice. Car si l’échec scolaire touche massivement les milieux défavorisés, on comprend très bien que les 78 % de sondés qui s’affirment favorables  à un examen d’entrée en 6e ou les 63 % pour le redoublement (c’est un peu la même chose) ne sont pas ceux qui risquent de voir leur progéniture concernés par cette éventualité. Une école de classe (sociale) pour une opinion profondément égoïste et brutale : ce sondage n’est pas nouveau.

    L’ennui c’est que si ce sondage  conforte la droite politique dans ses préférences, la gauche, elle, reste muette. Car s’il y a bien une école de droite (qu’on a connue sous Sarkozy), il n’y a jamais eu d’école de gauche. En particulier parce que la gauche s’est toujours refusée à remettre en cause le primat de l’enseignement secondaire sur le primaire. Depuis deux ans et demi, on attend toujours – et on risque d’attendre encore longtemps – le transfert massif des moyens du secondaire vers le primaire ou encore, dans une même logique, une sorte d’agrégation du collège, du moins de ses premières classes, au primaire. Où en est le cycle CM – 6e prévu par la loi d’orientation ? Où en est la formation des enseignants ? Dans ces domaines, la droite n’aura pas grand-chose à démolir puisque la gauche n’aura rien institué. 

  • heurtebise, le 28/11/2014 à 10:09
    "Cours Najat, la France réac est derrière toi !" Et peut-être même qu'en courant assez vite, madame la ministre s'échappera de son gouvernement de l'autre droite pour rattraper la France de gauche, bien devant elle...
  • Viviane Micaud, le 28/11/2014 à 09:52
    Personnellement je ne pense pas qu'il doit y avoir une politique de Droite ou de Gauche, mais une approche pragmatique de l'intérêt de l'enfant. En 2017, la droite va reprendre le pouvoir. Cela devrait être l'alternance démocratique qui permet de trouver un équilibre de ce qu'on donne à l'un et à l'autre. Mais ce qui nous pend au nez, c'est que ce soit l'extrême droite qui prenne le pouvoir : l'UMP sarkozienne (celle qui n'a eu qu'une idée entre 2007 et 2012= diminuer les moyens quelles qu'en soient les conséquences pour l'enfant), soit le FN de Mme LePen. 
    Les raisons des inégalités scolaires proviennent d'une incapacité de l'institution à mettre les moyens sur ce qui crée la discrimination :
    - les violences scolaires par les pairs (dénigrement des enfants qui s'investissent dans la réussite scolaire),
    - moyens et attentions insuffisantes sur "maîtriser, le lire, écrire, parler". Sur ce sujet, quel que soit le niveau, l'enseignement doit porter sur tout ce qui n'a pas été acquis dans toutes les classes précédentes. L'attention sur ce sujet a toujours été notoirement insuffisante tant en primaire et au collège,
    - l'attention aux implicits de l'école, connue par les familles de niveau socio-professionnel supérieur et pas les autres. Ces implicits doivent être consciencisé, enseignés aux enseignants et faire l'objet d'une stratégie de communication vers les parents et les grands publics. 
    Ce ne sont pas les nantis qui se sont opposés à cela, mais ceux que j'appelle les "paléomodernistes consensuels". Paléomodernistes parce qu'ils croient naïvement que tout ce qui est moderne est forcément mieux. Consensuels car ils ont comme technique de chercher des éléments de langage commun entre groupes d'intérêt qui existent par positionnement avec des messages simplistes.
  • caroudel, le 28/11/2014 à 09:38
    Les cours particuliers sont partiellement défiscalisés. Pourquoi l'argent de nos impôts servirait-il à payer des cours particuliers à ceux qui ont les moyens de les payer ? Ce pactol ne serait-il pas mieux employé à la formation des maîtres ou au soutien des élèves ?
    Par ailleurs, soutenir les cours privés c'est avouer que l'Education Nationale ne répond pas à sa mission. Une fois de plus ce sont les plus nantis qui tirent leur épingle du jeu. Est-ce cela l'école de la République. Je voudrais bien croire que non....
    • Viviane Micaud, le 28/11/2014 à 09:54
      Les quelques études faites montrent que les cours particuliers ne sont pas forcément bénéfiques.Je pense qu'il faut éviter de focaliser sur ce sujet marginal.
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