A Antibi : Notes ou pas notes : un faux débat 

Difficile pour l’auteur de la « constante macabre » qui lutte depuis des années pour changer concrètement l’évaluation sur le terrain, de ne pas intervenir dans le débat sur l’évaluation. Il rappelle que « la constante macabre n’est pas un problème  de notation, mais un problème bien plus profond de culture de l’évaluation ». Pour lui, « il est  dangereux et contreproductif de laisser croire que la suppression des notes permettra d’améliorer la situation de l’évaluation en France ».

 

 L’évaluation des élèves est actuellement un problème pris en compte fermement, enfin, par le Ministère de l’Education Nationale. Le Mouvement Contre La Constante Macabre (MCLCM) ne peut que s’en réjouir et rendre hommage aux responsables politiques actuels, et plus particulièrement à Florence Robine, Directrice Générale de la DGESCO.

 

Rappelons ce qu’est la Constante Macabre : en France, sous la pression de la société, les enseignants se sentent obligés de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes pour que leur évaluation paraisse crédible. Ce grave dysfonctionnement est à l’origine de l’échec scolaire artificiel de très nombreux élèves, surtout ceux qui sont issus de milieu défavorisé, mais aussi certains élèves dyslexiques, dyspraxiques….

 

Il me semble très important de préciser le point suivant concernant la suppression éventuelle des notes : la constante macabre n’est pas un problème  de notation, mais un problème bien plus profond de culture de l’évaluation. Ce phénomène ne sera pas éradiqué en remplaçant les notes par des lettres, des couleurs…D’ailleurs, compte tenu de la mentalité actuelle dans notre pays, si le professeur ne devait mettre que des appréciations, il pourrait faire en sorte inconsciemment de mettre un certain pourcentage de mauvaises appréciations pour être crédible. En d’autres termes, ce qu’il convient de faire c’est d’aider les professeurs (et également les parents d’élèves) à faire évoluer les mentalités dans le domaine de l’évaluation des élèves.

 

Il est donc dangereux et contreproductif de laisser croire que la suppression des notes permettra d’améliorer la situation de l’évaluation en France ! Professeurs, et parents d’élèves aussi d’ailleurs, seraient désorientés, inutilement.

 

D’autre part, précisons les deux points suivants :

- Il est aussi traumatisant pour un élève d’avoir la lettre ou la couleur « la plus mauvaise » qu’une mauvaise note.

-Les variations d’appréciation d’un professeur à un autre, que l’on connaît avec une évaluation notée, existent également avec une évaluation non notée.

 

Le système d’évaluation par contrat de confiance (EPCC) a été mis en place pour améliorer la situation actuelle. Rappelons qu’un tel système, absolument pas laxiste, permet d’éradiquer la constante macabre. Il incite les élèves à travailler beaucoup plus, en confiance, et il améliore sensiblement leur bien-être, le climat de confiance entre  élèves et  professeur, mais aussi entre les parents d’élèves et l’Ecole. Il est actuellement mis en place par plusieurs dizaines de milliers d’enseignants au primaire, avec ou sans note, et dans le secondaire.

 

L’EPCC met l’accent sur des points très importants : ne pas « piéger » l’élève lors d’une évaluation, faire en sorte que son travail soit récompensé, lui faire comprendre que sa mauvaise note éventuelle vient souvent du fait qu’il n’a pas suffisamment travaillé, lui proposer si possible un autre contrôle, sur le même programme de révision, pour améliorer son résultat. Il convient d’avoir présent à l’esprit le point suivant : « Mettre une bonne note à un élève qui ne la mérite pas, c’est lui rendre un mauvais service ».

 

Il serait particulièrement regrettable de politiser le problème de l’évaluation des élèves. A ce sujet, je me dois d’apporter un témoignage : depuis huit ans, le MCLCM bénéficie du soutien du Ministère, quelle que soit sa couleur politique. Rappelons enfin que notre action est soutenue par l’Enseignement Public, mais aussi par l’Enseignement Privé, comme le montre clairement la liste des 53 associations, syndicats et institutions signataires de l’Appel contre la Constante Macabre (voir le site mclcm.fr).

 

André Antibi

 

Faut-il garder les notes ? Dossier évaluation du Café

 

 

Par fjarraud , le jeudi 04 décembre 2014.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 04/12/2014 à 11:17
    Antibi a raison que la question n'est pas note ou pas note. Avoir que des pastilles rouges alors qu'on a fait des efforts importants pour réussir est aussi traumatisant que de rester à 6/20 dans le même cas.
    La solution est :
    - former les enseignants à comprendre les implicits de l'école qui ne sont pas évidents pour tous les enfants. (La dernière étude de l'AFEV montrent que 37% des enfants des écoles prioritaires ne comprennent pas toujours ce qu'on attend d'eux. Il ne sont que 17% dans les écoles du centre ville.)
    - d'apprendre à donner des exercices différents aux enfants en fonction de leurs acquis, de manière à ce qu'ils aient des défis à leur niveau. 

    Je suis totalement convaincue par l' EPCC. L'évaluation par contrat de confiance. 
    Par contre, la communication autour de la "constante macabre" me semble très maladroite, inutilement agressive contre les enseignants. Que cela soit vrai ou faux, cela me semble contre-productif de faire un fixette sur le sujet.
  • Franck059, le 04/12/2014 à 09:30
    Assez d'accord que ce n'est pas la notation qui pose problème mais la NATURE de l'évaluation.

    Toutefois, Antibi, avec sa constante macabre, est un imposteur.

    Il n'y a pas de constante macabre qui serait impulsée par le subconscient de l'enseignant !

    Facile à prouver en changeant le système de notation par un "True - False" ou en adoptant des QCM.

    En les rédigeant en conformité avec les attendus du programme bien sûr ou même, en les faisant rédiger par un autre que le professeur de la classe, et même en les faisant corriger par une autre personne encore !

    Rien à faire, j'ai testé, vous trouverez bien dans ces conditions un tiers de bons, un tiers de moyens, un tiers de faibles grosso modo. 

    C'est ainsi point !

    Pas sérieux le QCM ? Au contraire, il garantit justement une totale objectivité. Faut-il rappeler qu'il est utilisé dans les épreuves d'admissibilité de prestigieuses écoles et universités dans le monde ?

    Mais même en maths, notamment avec l'apparition des pseudo-compétences ces dix dernières années, la subjectivité a progressé comme jamais. 

    Il faut un retour au système "réponse vraie ou fausse" pour lever tout ambiguïté et faire disparaître la pensée Antibi basée sur un postulat erroné.

    Et enfin, Antibi, tout comme l'institution, fait l'impasse totale sur un sujet tabou : la proportion non négligeable d'élèves refusant tout effort, tout travail.

    Ces élèves-là, sur sa méthode, ils s'assoient !

    Pourquoi travailler quand on passe d'une classe à une classe"supérieure" chaque année sans faire d'efforts ?
    • cdivoux1, le 04/12/2014 à 12:58

      Pour alimenter les remarques de Franck.

      Durant tous ce premier trimestre, mes élèves de seconde (58) devaient faire chez eux des QCM sur Moodle en lien avec les chapitres vu durant le trimestre (en physique/chimie). Le travail était réel et non négligeable avec calculs, unités, puissances de 10, ....

      Le contrat de confiance était le suivant :

      * tout le trimestre pour faire le travail

      * nombre illimité de tentatives

      * note = note de la dernière tentative

      * note en fin de trimestre

      J'ai fait de très nombreux rappels durant le trimestre et tous les élèves ont pu démarrer les activités en classe en heure d'accompagnement ou heure de TP. 

      Au final la moyenne sur les 58 élèves est pile de 10/20 ! Là, où d'habitude on observe une répartition des notes en forme de gaussienne autour des 10-12, j'observe ici une gaussienne inversée. Il a ceux qui ont fait le travail à la maison et qui ont de bonnes notes et ceux qui n'ont absolument rien fait à la maison et ont la note pour la partie démarrée en classe.

      Bilan : la constante macabre est toujours présente !

      Je pense effectivement qu'il ne s'agit pas d'un problème de subconscient des enseignants, qui, une fois de plus, ont bon dos, mais il s'agit d'un problème d'éducation global : orientation (responsabilité de l'état), éducation (responsabilité des parents), apprentissages (responsabilité des l'EN toute entière), consommation (responsabilité de la société)

      En première S (après écrémage donc), pour les mêmes activités avec le même contrat (mais les élèves devaient faire tous les QCM de seconde en 1 seul trimestre), le bilan est bien plus positif avec une moyenne de 13,7/20. Seuls 2 élèves sur 33 n'ont pas fait le travail.

      Claude
    • Viviane Micaud, le 04/12/2014 à 11:22
      Vous posez une excellente question : Comment apprendre le goût de l'effort aux enfants si on n'a pas la menace du redoublement et la possibilité de mettre des notes-sanctions quand il n'y a pas eu d'efforts ?
      C'est très certainement la raison pour laquelle, très peu de pays ont supprimé totalement le redoublement avant la 3ème. (Je crois que 3 pays en tout sont concernés).  
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