Projet de socle et conséquences en EPS 

Le conseil supérieur des programmes a publié le 12 février dernier son projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture. L’enjeu affiché dès le préambule est de proposer une meilleure articulation avec les enseignements, gage d’une plus grande cohérence au sein de notre système éducatif. Cependant, si ce cadre tente de sortir l’école d’une logique cumulative et de dépasser le cloisonnement des disciplines elle n’est pas sans conséquences sur l’enseignement de l’Education Physique et Sportive (EPS)…

 

La logique du socle déjà intégrée dans les programmes actuels

 

A la lecture des cinq grands domaines de formation qui structurent le socle commun, il est aisé de tisser des liens avec nos actuelles compétences méthodologiques et sociales. Ces derniers ont d’ailleurs été bien intégré par la profession et compris au sein des compétences attendues. Dès lors, il convient pour le législateur de maintenir cette continuité et d’accentuer d’autant la participation de l’EPS au projet collectif de formation et de socialisation affiché par le conseil supérieur des programmes.

 

L’interdisciplinarité, un défi !

 

L’esprit du texte et les mots vont évidemment vers une plus grande cohérence entre les enseignements. Le défi que cela représente est colossal et nous le voyons d’autant plus en EPS. Le SNEP FSU s’est interrogé à propos du projet du futur Collège et l’importance de garantir aux élèves un temps moteur suffisamment important. La question qui se trame derrière est évidemment celle de l’intégration de la discipline au sein des projets d’établissements. Doit-on nous en inquiéter ? Le défi est bien de démontrer la place de l’EPS dans la formation de l’élève localement, mais surtout d’avoir un positionnement lucide et en cohérence avec les autres acteurs du système éducatif. D’ailleurs, n’est ce pas le défi que soulève le socle commun, de ne pas se limiter à des liens au sein des programmes mais de penser l’Ecole collectivement…

 

Des conséquences sur les nouveaux programmes

 

L’accent mis sur la formation de l’élève n’est pas sans conséquence sur le législateur dans la construction des nouveaux programmes de la discipline, notamment à travers le domaine des « méthodes et outils pour apprendre ». Si nous éviterons le raccourci entre le CP5 et le savoir s’entrainer qui peut être abordé au sein d’autres compétences propres comme l’ont présenté Francis Bergé au sein des cahiers du CEDREPS numéro 13. N’est-il pas possible de penser que la réussite de cette compétence (notamment au sein des résultats des élèves aux baccalauréats) est permise notamment au travers des différents mobiles qui peuvent être choisis par les élèves. Dès lors, les équipes EPS pourront-elles proposer aux élèves différentes tranches de vie des APSA ?! Il suffit de sortir un instant de l’école pour se rendre compte de la diversité des modes de pratique au sein d’une même activité ! La marche a pied étant par exemple, pour certains du domaine de l’entretien, pour d’autres de la performance, ou du dépassement à travers des trails qui réunissent d’année en année de plus en plus de monde. L’EPS est bien évidemment questionné dans son rapport avec les différentes cultures et modes de pratique…

 

Une catégorisation obsolète ?

 

Il va de soi qu’il est toujours complexe pour le législateur de réduire une diversité tel que le champ culturel des APSA. Cependant, le conseil supérieur des programmes dans son projet de socle commun est clair et évoque « les langages des pratiques artistiques, physiques et sportives ». Dès lors, l’EPS dans sa trame disciplinaire actuelle est-elle garante au sein de la scolarité obligatoire d’un enseignement à la culture artistique et physique ? La réponse est « non », il suffit de regarder au sein de la CP3 pour se rendre compte que l’Acrosport représente presque 30% des activités présentes au baccalauréat des séries Générales et Technologiques (3ème activité) au détriment des activités artistiques qui en regroupant les arts du Cirque et la Danse atteignent difficilement les 10%. L’enjeu est bien de garantir l’accès à la culture physique et artistique au sein de la scolarité obligatoire et donc au sein du collège. La catégorisation actuelle ne peut être garante de l’atteinte de cet objectif.

 

Restons lucide

 

Les programmes ne représentent bien évidemment pas une fin en soi et la question de l’accès pour chaque élève à une culture artistique, physique et sportive ne peut venir d’une simple injonction. Le devenir de l’Ecole passe par la compréhension et l’acception de ses acteurs principaux, c’est à dire ses enseignants. La formation initiale et continue est sans le moindre doute le levier principal d’un changement en profondeur de notre Ecole.

 

Antoine Maurice et Benoît Montégut

 

Par fjarraud , le jeudi 12 mars 2015.

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