Collège : La droite en embuscade 

Appel à manifester, mises en garde, invectives. La journée du 20 mai est celle des déclarations à droite où chaque leader veut trouver sa place dans la contestation de la réforme. L'Ump et l'Udi trouvent tout d'un coup de grandes qualités aux syndicats. Mais le modèle de collège vanté à droite réapparait quand Hervé Mariton demande le rétablissement du décret Chatel sur l'évaluation des professeurs par les chefs d'établissement...

 

Echange violent à l'Assemblée

 

"La publication ce matin du décret entérinant (la réforme du collège) est une honte ! C’est une honte, car cette publication affiche un double mépris : mépris des enseignants, qui s’inquiètent de l’émergence d’un collège de la médiocrité; mépris de notre assemblée, où vous avez refusé que se tienne un débat démocratique", affirme le député UMP Christian Jacob à l'Assemblée nationale le 20 mai. " Monsieur le Premier ministre, la brutalité est en politique l’arme des faibles. Or publier ce décret en pleine nuit est un acte politique brutal. Vous le paierez cher !" L'UMP et l'UDI demandent l'abrogation du décret et un débat au parlement. Demande relayée au Sénat par la présidente de la commission de l'éducation.

 

"Notre responsabilité est d’écouter ceux qui font grève, comme ceux qui ne font pas grève", répond Manuel Valls. "Ce que je constate, monsieur le député, c’est que des syndicats, et non des moindres – la CFDT et l'Unsa – soutiennent la réforme ; les deux fédérations de parents d’élèves aussi ; l’enseignement catholique, de même. J’ai la conviction profonde qu’au-delà du débat actuel, l’immense majorité des Français attendent un changement et des réformes... Et il doit être réformé en donnant plus de responsabilités aux acteurs ; cela fait des années que l’on réclame, y compris dans vos rangs, de l’autonomie pour les collèges et plus de responsabilités pour les équipes pédagogiques. Ces préoccupations sont au cœur de la réforme présentée par la ministre de l’éducation nationale".

 

Promesses ministérielles

 

La ministre  justifie la publication expresse du décret par le calendrier de la réforme. "La publication du décret va nous permettre de discuter des modalités de sa mise en œuvre. Chacune des inquiétudes exprimées sera alors levée. L’accompagnement, la formation nécessaire aux enseignants pour mettre en œuvre la réforme seront assurés. Mais il nous faut le temps nécessaire, d’où le calendrier que j’assume et que je maintiens. Nous devons avancer si nous voulons que la réforme entre en vigueur à la rentrée 2016. Ce sera le cas, dans l’intérêt des enfants".

 

Retour du décret Chatel

 

Mais pour quel collège ? Il revenait à Hervé Mariton, député UMP, d'éclairer les arrières pensées de la droite  dans une intervention à l'Assemblée le 20 mai. "Il s’agit de faire face, en France, à la variété des élèves... Il existe une réponse", dit-il. "L’annualisation du temps de travail. Elle se pratique déjà dans l’enseignement agricole. Oui ou non, êtes-vous favorable à l’annualisation du temps de travail des enseignants, passage obligé vers une réelle autonomie des établissements ?.. Allez-vous rétablir le décret Chatel ? Allez-vous, oui ou non, donner aux chefs d’établissements la responsabilité du recrutement des enseignants ?" Publié en 2012, le décret Chatel donnait aux chefs d'établissement la responsabilité de l'évaluation des professeurs du second degré. Derrière la réforme du collège, une autre réforme resurgit dans le débat.

 

Rivalités et débat à venir

 

Durant la journée les leaders de l'UMP ont multiplié les communiqués. Nicolas Sarkozy a dénoncé "un coup de force" et affirme "c'est le contraire de la méthode qui devrait prévaloir dans une république moderne". Il a demandé un débat parlementaire sur la réforme. François Bayrou va plus loin : "nous n'aurons d'autre recours qu'une manifestation nationale", dit-il le 20 mai.

 

Un autre moment politique fort est prévu le 21 mai à 19 heures. N Vallaud Belkacem et Bruno Le Maire débattront sur Europe 1 et iTélé de la réforme du collège. Un moment important pour B Le Maire, candidat à la primaire UMP. Le débat du collège accentue aussi les rivalités à droite.

 

François Jarraud

 

A l'Assemblée

 

 

Par fjarraud , le jeudi 21 mai 2015.

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