N Vallaud-Belkacem est à nouveau descendue sur le ring parlementaire le 21 mai pour affronter l'opposition sénatoriale à propos du collège. Malgré l'appui apporté par le président du Sénat aux adversaires de la réforme, ceux-ci n'ont pas réussi à l'emporter sur la ministre. Dans la soirée, le débat télévisé entre Bruno Le Maire et Najat Vallaud-Belkacem a installé le premier dans sa place de challenger pour la primaire UMP. Deux conceptions du collège se sont affrontées, chacune accusant l'autre de "saccager" le collège.
Au Sénat, N Vallaud-Belkacem était le 21 mai sur un terrain où, suite aux dernier renouvellement, l'opposition est redevenue majoritaire. Le président du Sénat, Gérard Larcher (UMP) prend position le 21 mai contre la réforme dans un communiqué officiel. "Faut-il, pour rompre l’ennui des élèves et résoudre l’échec scolaire qui concerne un nombre croissant d’enfants, supprimer les dispositifs qui permettent de valoriser le mérite et l’effort au sein des collèges ?", interroge-t-il. "D’un trait, on détruit ce qui faisait l’excellence de l’école française. D’un trait, on officialise le nivellement des élèves et de leur formation vers le bas... Gérard Larcher demande, comme beaucoup, l’abrogation des décret et arrêté parus au Journal Officiel de mercredi 20 mai et l’ouverture d’une vraie concertation pour que "l’excellence pour tous" ne soit pas qu’une posture idéologique et un slogan galvaudé".
Nivellement par le bas...
En séance, la ministre a du affronter plusieurs accusations de l'opposition. Ainsi Colette Mélot, UMP, lance "votre but est le nivellement par le bas. Les parents des classes populaires ne vous demandent pas de saborder l'élitisme républicain, mais de donner à leurs enfants les moyens d'y parvenir. Au contraire, vous décimez les heures de français, supprimez le latin et le grec, les classes bilangues et les classes européennes... Vous abandonnez les enfants des quartiers populaires et l'enseignement dans les zones urbaines sensibles". Pour Jean-Marie Bockel (UDI) " le sacrifice des classes bilangues et européennes..., l'atteinte portée à l'enseignement du latin et du grec, l'affaiblissement de l'enseignement de l'histoire, l'incompréhensible introduction des enseignements pratiques interdisciplinaires vont aggraver les problèmes que connaissent déjà nos collèges".
Gérard Longuet (UMP) a mis en cause la manière de faire le changement. " Ma question porte sur la manière de conduire le changement dans notre pays et sur le respect dû aux partenaires de ce changement. Il se trouve, madame le ministre, que les enfants n'appartiennent pas aux théoriciens de la pédagogie du Conseil supérieur de l'éducation... Cette réforme n'était pas inscrite dans la loi du 8 juillet 2013, madame le ministre : elle réclame la tenue d'un véritable débat, parce que c'est bien plus qu'une affaire administrative que l'on pourrait laisser à des pédagogues professionnels qui, depuis quarante ans, n'ont apporté aucune solution à la dégradation de notre enseignement ! "
Brigitte Gonthier-Morin, pour le groupe communiste, a dénoncé une réforme qui " réduit les enseignements obligatoires
Contre montée du niveau...
Très offensive, la ministre à renvoyé dans les cordes l'opposition. "Le nivellement par le bas, c'est quand les familles craignent de mettre leurs enfants dans un collège car ils ont peur qu'il ne puisse l'éduquer. Le nivellement par le bas, c'est quand on assiste depuis dix ans, les bras ballants, à la baisse du niveau de tous les élèves sans rien faire, sinon en l'aggravant avec la diminution des heures, la suppression de postes et de la formation des enseignants", explique -t-elle. "Le nivellement par le bas, c'est aussi quand les milieux modestes en viennent à intégrer spontanément et psychologiquement le caractère, selon eux, inéluctable de l'échec scolaire. C'est pourquoi nous cherchons à renforcer l'acquisition des fondamentaux... Contrairement à ce que vous pensez, le travail, l'effort, le mérite, ce n'est pas inné. Cela s'acquiert. C'est pourquoi nous développons l'interdisciplinarité, avec les enseignants, autour de projets...Nous ne réduisons pas la part des enseignements disciplinaires. Leurs horaires ne baissent pas".
Le "saccage" du collège
Dans la soirée sur iTélé, la ministre affrontait Bruno Le Maire (UMP). Elle a reproché à ladroite d'avoir "saccagé" le collège avec les suppressions de postes. "Vous aussi vous l'avez saccagé . Vous avez supprimé les bourses au mérite, les internats d'excellence", répond B Le Maire. B Le Maire a exposé sa vision du collège avec une sélection précoce des élèves. "Vous voulez empêcher les meilleurs de devenir encore meilleurs et ceux qui ont des difficultés de progresser", reproche-t-il à la ministre. "Nous voulons nous adapter à la singularité de chaque collégien" répond-elle. Elle dénonce la tentation de revenir en arrière , à avant la loi Haby sur le collège unique (1975) chez B Le Maire. Réactionnaires contre progressistes, nous voilà sur un terrain politique bien connu.
François Jarraud
Compte-rendu du Sénat
Communiqué du président du Sénat